La fin du XVIIIe siècle voit Venise perdre sa notoriété d'antan après plusieurs siècles d'apothéose littéraire, musicale et artistique. En 1797, le dernière Doge abdique devant Bonaparte. Débute alors une période difficile pour l'ancien empire, et la cité de la lagune est menacée de toutes parts. Pourtant, malgré l'effondrement politique et économique, la ville attire toujours les artistes et les écrivains. Ceux-ci vont, tout au long du XIXe siècle, véhiculer une image mythique et mélancolique de Venise, avec passion et parfois compassion, d'abord parce que beaucoup d'entre eux sont inspirés par ce lieu et y produisent des oeuvres importantes, ensuite parce que la situation pathétique de la ville les interrogent ou les émeut, les révoltent parfois. Par ailleurs, certains y viennent aussi pour son caractère légendaire et intrigant, comme Alfred de Musset et George Sand. L'activité artistique à Venise peut donc être considérée comme une concentration des mouvements artistiques et littéraires de cette époque, et particulièrement l'expression de la sensibilité romantique (...)
[...] Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1876) compose en 1877 sa quatrième symphonie dans la cité des doges. Yvan Tourgueniev (1818-1883) en 1857, il y a dans son roman Nakanune une descriptiode Venise depuis sa fenêtre de l'hôtel Danieli donnant sur la grand canal, hôtel où se retrouvèrent de nombreux artistes de cette époque. John Ruskin (1819-1900) fait plusieurs séjours de 1835 à 1872 et écrit Les Pierres de Venise. La cité verra passer également Flaubert, Shelley, Delacroix, Renoir, Whistler, Odilon Redon, Nietzsche, Monet, Wordsworth et chacun a laissé un témoignage de son voyage. [...]
[...] Deux autres personnages ne vivent que pour la musique, le duc de Catanéo et Capraja. A la fois mélomanes et musicologues, ils sont reconnus par tous comme des esprits brillants, supérieurs. Pourtant Capraja vit dans un bouge malgré son immense fortune, qu'il lèguera à sa mort à sa jeune servante. Capraja est aussi l'ami du compositeur Gambara, et on lui a donné le nom de il fanatico De même, dans la pièce de Musset, on apprend que le seul amusement du prince, c'est la musique. [...]
[...] Tout le cadre du roman se situe à Venise, au moment de l'administration autrichienne. Le romancier, qui a séjourné dans la cité en 1837, nous donne le point de vue du prince Emilio, jeune aristocrate ruiné et aimé de la belle duchesse Massimilia : L'infortuné pleurait sa vieille Venise, comme la pleurait plus amèrement encore Vendramini, car une mutuelle et profonde douleur et un même sort avaient engendré une mutuelle et vive amitié entre ces deux jeunes gens, débris de deux illustres familles. [...]
[...] L'architecture et les arts plastiques : Ce qui semble avoir davantage séduit Chateaubriand, c'est l'architecture de la cité des doges. IL y consacre plusieurs chapitres dans le tome trois de ses Mémoires, en septembre 1833. Ainsi note-t-il avec enthousiasme : Lorsqu'on remonte le grand canal entre les deux files de ses palais, si marqués de leurs siècles, si variés d'architecture, lorsque l'on se transporte sur la grande et la petite place, que l'on contemple la basilique et ses dômes, le palais des doges, les procurazies nuove, la Zecca, le tour de l'Horloge, le beffroi de Saint-Marc, la colonne du lion, tout cela mêlé aux voiles et aux mâts des bateaux, au mouvement de la foule et des gondoles, à l'azur du ciel et de la mer, les caprices d'un rêve ou les jeux d'une imagination orientale n'ont rien de plus fantastique. [...]
[...] Une autre particularité de la cité des doges est l'importance des gondoles dans la vie de libertinage. Emilio, le héros du roman de Balzac, qui est l'amant passionné de Massimilia, succombe cependant aux avances de la Tinti, une ancienne servante devenue prima donna. Or c'est souvent dans les gondoles que se nouent les intrigues. Ainsi c'est en gondole que des courtisanes viennent tirer de ses pensées macabres l'amant éconduit par Laurette dans la pièce de Musset, et il part avec elles. Les masques jouent également un rôle important dans les intrigues galantes. [...]
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