II- Analyse de l'oeuvre
a- Le monde politique du Second Empire
En mai 1856, les crédits pour le baptême du prince impérial, dont le berceau « est désormais la sécurité pour l'avenir », viennent d'être votés. Cet avenir verra se succéder (de 1856 à 1861) des mesures de rigueur, à la suite de l'attentat d'Orsini, et des mesures d'apparence libérale, soulignées par l'absence de ligne politique. Dans ces notes concernant Eugène Rouher (qui comme ministre d'État et porte-parole du gouvernement depuis 1863, symbolise l'autoritarisme et le conservatisme de l'Empire), Zola écrit : « L'empire n'a pas eu un homme d'État. Il n'a eu que des hommes d'affaires ».
En 1871, comme chroniqueur parlementaire, Zola s'est familiarisé avec la vie parlementaire qui lui a alors fourni les grands thèmes de son roman. Ainsi, la grandiloquence du titre se réfère au ministre évoqué ci-dessus et Eugène Rougon est le représentant de ces atermoiements, de cette politique en dents de scie. Son Excellence Eugène Rougon se déroule entre deux séances du Corps législatif : la chute et le triomphe d'Eugène Rougon cadrent tout le roman, mais pour triompher, « le grand homme » a dû, « sous la fiction du parlementarisme », démentir « en une heure toute sa vie politique ».
À l'évidence, le roman est pour Zola l'occasion de décrire, avec une précision toute naturaliste, les interpénétrations du monde politique et de celui des affaires dans la société du Second Empire : trafic d'influence, liens étroits de la presse avec le pouvoir, clientélisme, cupidité et avidité puis ingratitude des bénéficiaires de faveurs... Mais l'auteur y aborde également sans complaisance la servilité du corps législatif devant l'empereur tout-puissant.
Enfin, les fastes de la cour impériale à Compiègne sont largement décrits. Par son accumulation, le luxe s'oppose avec d'autant plus de violence à la misère décrite dans de nombreux autres volumes des Rougon-Macquart. Cette précision sert parfaitement la dénonciation du cynisme et de la cruauté de la société du Second Empire. (...)
[...] Dans ces notes concernant Eugène Rouher (qui comme ministre d'État et porte-parole du gouvernement depuis 1863, symbolise l'autoritarisme et le conservatisme de l'Empire), Zola écrit : L'empire n'a pas eu un homme d'État. Il n'a eu que des hommes d'affaires En 1871, comme chroniqueur parlementaire, Zola s'est familiarisé avec la vie parlementaire qui lui a alors fourni les grands thèmes de son roman. Ainsi, la grandiloquence du titre se réfère au ministre évoqué ci-dessus et Eugène Rougon est le représentant de ces atermoiements, de cette politique en dents de scie. [...]
[...] Chapitre VIII La caution de l'empereur tardant à venir, les amis de Rougon en profitent pour se livrer à un travail d'influence afin de le ramener au pouvoir. Grande manipulatrice, même Clorinde Balbi, un temps compromise avec de Marsy (rival politique de Rougon), prend la direction de la bande pour hâter la réussite du projet. Mais Rougon est informé en secret de l'attentat d'Orsini (un révolutionnaire italien) contre Napoléon III, prévu devant l'Opéra. Cependant, il n'en révèle rien et laisse le drame se produire : malgré plusieurs victimes, l'empereur en réchappe sain et sauf. [...]
[...] ( ) J'entoure mon Eugène Rougon d'un groupe de gens avides, qui compose son parti ( ) sa coterie. Il travaille pour ces gens-là, il se bat pour eux. Pour qu'ils soient quelque chose, il faut que lui soit tout. Quand ils sont mécontents, il doit être furibond. C'est là la fêlure dans ce crâne solide. Ce long extrait de L'Ébauche décrit très précisément Eugène Rougon, ses ambiguïtés, ce que Zola, conformément à sa métaphysique (appelée hérédité nomme fêlure Cet appétit du pouvoir est un trait héréditaire des Rougon. [...]
[...] Mais à vouloir être le maître il sera joué par celle qu'il aura manœuvrée : Vous vous croyez plus fort que moi dit Clorinde vous avez tort un jour, vous pourrez avoir des regrets Son Excellence a fait un mauvais calcul : à ne pas vouloir être tout, Eugène Rougon se perdra. Conclusion Dénonçant bien avant notre époque les abus de la politique et des politiciens, Son Excellence Eugène Rougon ne s'achèvera pas par un dénouement dramatique, mais laissera la conclusion ouverte à l'imagination de chacun. C'est ainsi une certaine conception du roman qui transparaît et qui sera reprise par Maupassant : une fois expliquée l'origine des actions on peut prévoir ce qui s'ensuivra. Ainsi pour Bel-Ami comme pour Eugène Rougon, il n'est plus nécessaire de démontrer, il suffit d'indiquer. [...]
[...] En fait, si l'on en croit Zola, Pierre Rougon, Aristide Saccard et l'abbé Faugas un envoi d'Eugène Rougon est-il dit dans L'Ébauche) étaient, dans ces romans, l'ombre d'Eugène. Avec Son Excellence Eugène Rougon, on laisse l'ombre pour la proie, les protégés pour le protecteur. On n'est plus à Plassans, mais à Paris en mai 1856. Résumé Chapitre I Eugène Rougon, fils de Pierre et Félicité Rougon, en même temps que le coup d'État du 2 décembre 1851, est devenu président du Conseil d'État, principal exécutant de la politique impériale. Il dirige d'une main de maître les séances à la chambre des députés, sa parole faisant autorité. [...]
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