Chef de file du naturalisme, Zola choisit de concentrer les intrigues autour du thème de l'adultère bourgeois dans un immeuble dont l'agencement de l'occupation est emblématique de la société du XIXe siècle.
En effet, sa répartition respecte la hiérarchie sociale de l'époque. Ainsi, comme le lecteur monte dans l'immeuble, il descend l'échelle sociale, passant régulièrement du riche propriétaire capitaliste (la famille Vabre) au bourgeois (Duveyrier), aux libéraux (Mme Juzeur, l'architecte Campardon et l'auteur inconnu), aux employés (la famille Josserand et Octave Mouret) et petits fonctionnaires (la famille Pichon), et enfin aux chambres de bonnes. La condition des lieux se détériore avec l'ascension, et donc la descente de l'échelle sociale. La métaphore est soulignée par la dégradation de la qualité des ornements avec des intérieurs misérables et la disparition des tapis dans les derniers étages ("À partir du troisième, le tapis rouge cessait et était remplacé par une simple toile grise").
Le récit est assimilé à une sorte de "huis clos littéraire", volontairement répétitif et concentré sur la vie dans l'immeuble, malgré quelques échappées dans Paris (Saint-Roch, un restaurant, les appartements de l'oncle Bachelard, de sa maîtresse et de Duveyrier, un restaurant, les commerces d'Auguste Vabre et du Bonheur des Dames). Cette clôture presque monacale de l'espace, purifiant l'air et étouffant les bruits (Octave Mouret est impressionné par "le silence grave de l'escalier. Il se pencha sur la rampe dans l'air tiède qui venait du vestibule ; il leva la tête, écoutant si aucun bruit ne tombait d'en haut. C'était une paix morte de salon bourgeois, soigneusement clos, où n'entrait pas un souffle du dehors. Derrière les belles portes d'acajou luisant, il y avait comme des abîmes d'honnêteté.") témoigne du désir de Zola d'imprégner le roman d'échos et de fonctionnement circulaire, afin de mieux montrer la déchéance en cycle clos et sans progression des personnages (...)
[...] Chapitre XVII Plusieurs mois se sont écoulés. Octave a pris une importance capitale au sein du Bonheur des Dames : au chiffre d'affaires sans cesse croissant de son excellente gestion s'ajoute la solitude de Mme Hédouin, qui n'a plus de parent pour l'aider à diriger le commerce. Profitant d'une extension conséquente du magasin, financée par son oncle invalide, celle-ci lui laisse entendre son intention prochaine de l'épouser, accueillie par la joie du jeune homme. Avec la stupéfaction du mari et la colère terrible de ses parents, Marie Pichon attend un troisième enfant. [...]
[...] Octave Mouret a épousé Caroline Hédouin. Rien n'a vraiment changé dans l'immeuble, aujourd'hui répète hier : les Duveyrier organisent leurs réceptions et les bonnes sont toujours au courant de tout ce qui se trame II- Analyse de l'œuvre Un lieu symbolique Chef de file du naturalisme, Zola choisit de concentrer les intrigues autour du thème de l'adultère bourgeois dans un immeuble dont l'agencement de l'occupation est emblématique de la société du XIXe siècle. En effet, sa répartition respecte la hiérarchie sociale de l'époque. [...]
[...] Ainsi, pas un seul couple légitime n'est exempt de relations adultères, parfois multiples, de l'un ou l'autre des membres. À cet égard, le rôle des domestiques et des bonnes est fondamental, s'apparentant presque au Chœur antique des tragédies grecques en venant commenter et, en quelque sorte, chanter la réalité. Omniscients, ils sont un facteur d'exposition et de révélation des intrigues de l'immeuble. C'est ainsi qu'ils surprennent aisément la relation illégitime d'Octave et Berthe, ou qu'ils parviennent à ridiculiser l'avarice des Josserand. [...]
[...] En démocratisant le luxe, en faisant de la femme une reine adulée, flattée dans ses faiblesses, entourée de prévenances, il éveillera dans sa chair de nouveaux désirs, une tentation immense, et deviendra un terrible agent de dépense, ravageant toujours, mais de manière moins compromettante et plus morale, les ménages. [...]
[...] Se réconciliant avec sa cousine, Gasparine vient s'installer chez Mme Campardon. Au grand dam du mari, Marie Pichon est enceinte, vraisemblablement d'Octave. Ce dernier, profitant d'un examen des commandes de la semaine avec Mme Hédouin, essaie de la séduire. Repoussé, l'échec est cuisant et, honteux, surtout d'avoir été aperçu par Gasparine à qui il voue une profonde inimitié, il décide de quitter son emploi le jour même pour aller s'installer chez Berthe et Auguste Vabre, qui tiennent un magasin de soies. [...]
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