[...] II- Analyse de l'oeuvre
Pour la première fois dans le cycle des Rougon-Macquart, l'action de ce roman n'est ni située sous le Second Empire ni politique. Reprenant le thème d'Adam et Ève dans un roman très autobiographique, Zola parle de la lutte entre la religion et la vie, entre la spiritualité et la sensualité.
a- Le sacerdoce ou le désert religieux
Le roman s'ouvre sur un coup de balai... devant l'autel de Dieu ; une vieille femme, la Teuse, époussette, pendant qu'un prêtre, Serge Mouret, se prépare à célébrer une messe. L'église ressemble plus à une grange qu'à un lieu saint et seul le rituel religieux, décrit avec minutie, fait de cet édifice délabré un sanctuaire. Pour un temps seulement.
« Le plein air du dehors entrait là brutalement, mettant à nu toute la misère du Dieu de ce village perdu » et pendant que le prêtre officie, présente l'hostie, un autre dieu, impie, s'élève aussi, pour triompher du Verbe : Le soleil « ... mettait dans sa gloire la croix, les chandeliers, la chasuble, le voile du calice, tout cet or pâlissant sous ses rayons ». Et lorsque l'abbé quitte l'autel, « l'astre demeura seul maître de l'église (...) comme si la mort était vaincue par l'éternelle jeunesse de la terre ».
Mais pour Serge Mouret, sourd au « travail de croissance » des sols, cette terre est désolée, damnée, stérile. Terre rêvée où il espérait pouvoir s'anéantir en Dieu, garder « toute l'ombre morte du séminaire », être la « créature châtrée », « la chose de Dieu ».
Cette terre mythique abrite des habitants mythiques : ils « étaient parents, tous portaient le même nom (...). Ils se mariaient entre eux, dans une promiscuité éhontée (...). C'était, au fond de cette ceinture désolée de collines, un peuple à part, une race née du sol, une humanité de trois cents têtes qui recommençaient les temps ». L'abbé Mouret officie à Gomorrhe, au (...)
[...] La faute est antérieure, mais pas extérieure. Car le jardin n'est sauvegardé que parce qu'il est entouré, protégé, cerné par la muraille. Or, si la nature a envahi le palais, elle s'est aussi attaquée à la muraille, son rempart ; elle l'a trouée, permettant ainsi à la faute de s'infiltrer, à l'abbé Mouret de se souvenir de sa prêtrise. La brèche dans la muraille qu'Albine disait avoir bouchée avec des ronces a été à nouveau découverte par quelque main furieuse celle du frère Archangias, nous dit Zola. [...]
[...] Fiche de lecture de La Faute de l'abbé Mouret, Émile Zola Introduction La Faute de l'abbé Mouret est le cinquième volume de la série romanesque des Rougon-Macquart d'Émile Zola (1840-1902), publié en 1875. Traitant de la vie d'un prêtre déchiré entre sa vocation religieuse et l'amour d'une femme, le thème de La Faute n'avait, pour l'époque, rien de bien original. Des médecins discutaient du célibat des prêtres, des écrivains (comme Lamartine dans Jocelyn et des poètes analysaient le conflit entre les devoirs du prêtre et les exigences de la nature, la lutte entre le christianisme et le paganisme. [...]
[...] Livre troisième Chapitre I L'abbé Mouret a regagné sa paroisse. Même s'il célèbre les offices, et notamment le mariage de Fortuné et Rosalie, il reste tourmenté par son péché. Chapitre II Accablé de tristesse, il ne cesse de prier pour se nourrir que sollicité par La Teuse et surtout Désirée. Chapitre III Le père Mouret est constamment surveillé par La Teuse, inquiète de ses fréquentes crises de lutte intérieure, afin d'éteindre tout désir en lui, et consciente de son péché au Paradou. [...]
[...] Mouret vit de l'amour de la Vierge Marie. Le chapitre XIV du livre I analyse ce ravissement dans la pureté immaculée de Marie cette dévotion très aimante. Quelle union misérable, se demande Mouret, quelle jouissance ordurière pouvaient être mise en balance avec cette éternelle fleur du désir montant toujours sans s'épanouir jamais. L'Immaculée Conception est cette fleur qui, sans jamais éclore, ne saurait faner. Serge Mouret rêve d'une vie sans vie ; il aime Marie et c'est par elle qu'il est allé à Jésus, dit Zola. [...]
[...] Car la nature aime la mort, en vit. Albine obéit à la loi de la vie comme les bêtes de la basse-cour qui aiment l'herbe du cimetière : Elles se tueraient pour en manger , dit Désirée. L'herbe doit avoir un goût. Le roman s'achève et, comme souvent chez Zola, c'est la vie qui triomphe : on tue un cochon, pendant que la vache fait un veau. Le cycle est clos, le mythe aussi. La nature a ses rites religieux. Qu'on les qualifie de païens importe peu. [...]
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