Comme l'auteur le rappelle dans sa préface, l'Italie au cours des siècles a fait l'objet de perceptions extrêmement contrastées et contradictoires de la part de ses voisins européens. L'Italie est tantôt admirée et méprisée, elle suscite tantôt l'enthousiasme et tantôt le dégoût.
Elle a été considérée pendant des siècles comme le foyer de la vie culturelle et artistique européenne ; elle a tenu un rôle essentiel sur le continent et dans le monde car elle était le centre de la chrétienté ; Rôme était un puissant pôle d'attraction, c'était la ville universelle, et elle a vu converger vers elle des générations de pèlerins, de savants, d'aventuriers, d'artistes, de diplomates, puis d'esthètes et de touristes.
Mais cette centralité et cette attractivité de Rôme et de l'Italie en Europe, si elles étaient capables d'engendrer tous les désirs et tous les fantasmes, ont rapidement aussi connu leur envers, surtout à partir du XVIIIe siècle : l'image d'une souveraineté déchue, d'une Rôme agonisante, l'image d'une péninsule affaiblie, d'une terre en ruine s'impose peu à peu aux perceptions des Européens.
L'Italie fait donc l'objet d'un amour et d'un désir dont le revers indissociable semble être le mépris de sa décadence.
Ce qui est révélateur de cela, c'est que bientôt l'Italie n'est plus appréciée pour elle-même. Ce n'est plus l'Italie que cherchent les voyageurs au cours de leurs pérégrinations, c'est la vieille image qu'ils s'en font, image d'un passé prestigieux et d'un présent décadent que condense parfaitement, comme le montrait Blandine, le thème de la ruine, si cher aux voyageurs français. À travers la contemplation des ruines, le voyageur se cherche lui-même. Il remonte aux sources de la civilisation européenne, aux temps où l'Italie avait réellement un prestige immense ; il refonde donc son propre passé, il s'approprie la ruine qu'il contemple pour en faire un monument de son propre passé. D'autre part, comme nous l'avons dit la dernière fois, il esthétise la ruine, en fait un modèle pour les arts, qui vient contredire les anciens schèmes classiques et amorcer l'esthétique de l'époque moderne, à commencer par le romantisme. Dans les deux cas, celui de la contemplation d'un passé commun ou celui de la recherche d'une nouvelle esthétique, ce n'est jamais l'Italie qui est véritablement regardée pour elle-même par le voyageur. L'Italie n'est plus qu'une occasion de promener des miroirs et de se contempler soi-même, au travers du prisme des terres traversées.
[...] Yves Hersant, Anthologie des voyageurs français en Italie Chapitre femmes Introduction Comme l'auteur le rappelle dans sa préface, l'Italie au cours des siècles a fait l'objet de perceptions extrêmement contrastées et contradictoires de la part de ses voisins européens. L'Italie est tantôt admirée et méprisée, elle suscite tantôt l'enthousiasme et tantôt le dégoût. Elle a été considérée pendant des siècles comme le foyer de la vie culturelle et artistique européenne ; elle a tenu un rôle essentiel sur le continent et dans le monde car elle était le centre de la chrétienté ; Rome était un puissant pôle d'attraction, c'était la ville universelle, et elle a vu converger vers elle des générations de pèlerins, de savants, d'aventuriers, d'artistes, de diplomates, puis d'esthètes et de touristes. [...]
[...] À travers la contemplation des ruines, le voyageur se cherche lui-même. Il remonte aux sources de la civilisation européenne, aux temps où l'Italie avait réellement un prestige immense ; il refonde donc son propre passé, il s'approprie la ruine qu'il contemple pour en faire un monument de son propre passé. D'autre part, comme nous l'avons dit la dernière fois, il esthétise la ruine, en fait un modèle pour les arts, qui vient contredire les anciens schèmes classiques et amorcer l'esthétique de l'époque moderne, à commencer par le romantisme. [...]
[...] Mais pour comparer, il faut établir une simplification, une typologie des termes à comparer. Par conséquent, le voyageur finalement aura moins tendance à se laisser aller à la nouveauté, à l'altérité radicale des phénomènes qu'il rencontre, qu'à leur imposer les schémas et les structures de pensés ainsi que les fantasmes qu'il apporte avec lui depuis son pays d'origine. On peut dire alors que comparer, en somme, c'est rester dans le connu, c'est voir les choses à la lumière de ce que l'on a déjà à l'intérieur de soi. [...]
[...] Dans ce pays, la sélection artificielle a fait des moutons qui ne sont que viande, et la sélection naturelle des femmes qui ne sont qu'action. Mais la même force a opéré plus fréquemment dans un autre sens : l'énergie despotique de l'homme et le besoin d'un foyer paisible pour le travailleur tendu par la lutte du jour ont développé chez la femme les qualités du vieux fond germanique, la capacité de subordination et de respect, la réserve craintive, l'aptitude à la vie domestique, le sentiment du devoir. [...]
[...] On observe ici encore les phénomènes d'énumération dont je parlais, le vocabulaire de la peinture et de l'esthétique. Les attributs fini et achevé indiquent clairement le statut d'objet d'art qui est ici donné à la femme. Je lis encore un passage, qui est tout à fait surprenant, d'une part à cause des généralités incongrues qu'il énonce, mais aussi à cause de ce qu'on peut en tirer quant à la nature du regard de l'écrivain et de l'objet même de son regard : Une belle tête romaine étonne toujours, et tout entière vient frapper le cœur ; le premier regard la saisit, le moindre souvenir la rappelle. [...]
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