Il est des oeuvres qui marquent durablement leurs lecteurs. Celles de Yasmina Khadra entrent parfaitement dans ce cadre, qu'elles décrivent l'horreur du conflit algérien de 1990, y compris sous forme de romans policiers (Le quatuor algérien), ou qu'elles s'ouvrent sur d'autres horizons, d'autres questionnements ou incompréhensions à l'issue souvent tragique.
Yasmina Khadra est un ancien militaire, mais aussi et surtout un écrivain (donc, en tant que représentant de l'ordre et intellectuel, doublement une cible pour les terroristes...), qui ne prétend pas être un expert des relations internationales, mais qui est à l'écoute du monde dans lequel il vit.
Avec une lucidité qui nous fait souvent défaut, il raconte des Hommes, des trajectoires qui oscillent souvent entre le sublime et le tragique, des vies offertes aux autres et d'autres qui sont saccagées, parfois les mêmes...
L'Attentat est une plongée dans l'univers brutal du terrorisme, dans un monde où l'insécurité est constante, où la mort frappe violemment et au hasard. C'est aussi l'expression vertigineuse de ce qui constitue les Hommes et divise les civilisations, l'histoire d'un terrible gâchis né de trop d'incompréhensions et de respect bafoué.
L'Attentat : résumé
Amine est un jeune médecin. Naturalisé Israélien, il mène avec son épouse Sihem une vie paisible et confortable à Tel Aviv, malgré les nombreux attentats qui ensanglantent la ville et dont il s'efforce de sauver les victimes.
Tout s'effondre le jour où le corps déchiqueté de Sihem est retrouvé dans les décombres d'un attentat. Au chagrin s'ajoutent la peine d'une garde à vue musclée, la haine de ceux qui sont prêts à lyncher l'Arabe qu'il représente, et le doute qui s'immisce peu à peu. Cette femme qu'il aimait tant est-elle le kamikaze qui a fait exploser la bombe ?
Quatre lignes de Sihem lui font admettre cette effroyable hypothèse. Mais il ne lui est toujours pas possible de comprendre les raisons d'un tel acte, ce qu'il n'a pas vu et qui mûrissait sous ses yeux (...)
[...] Amine est chirurgien. Il se bat pour la vie et ne comprend pas qu'on puisse la sacrifier, quel que soit l'enjeu. Mais peu à peu, il voit les siens, la brutalité, les humiliations, les maisons détruites et les regards qui changent pour ressembler à celui de Sihem quand elle est partie. Mais lorsqu'il tente de retrouver un membre de sa famille pour la dissuader de commettre l'irréparable, il est la victime collatérale d'une voiture piégée. Alors qu'il agonise, il entend son père lui dire cette dernière phrase : On peut tout te prendre, tes biens, tes plus belles années, l'ensemble de tes joies, et l'ensemble de tes mérites, jusqu'à ta dernière chemise il te restera toujours tes rêves pour réinventer le monde que l'on t'a confisqué Yasmina Khadra ou l'histoire des Justes Désormais traduit dans plus de quarante langues, Yasmina Khadra a longtemps été perçu en Occident, notamment en France, comme la voix de la conscience dans une Algérie en proie à ses démons dans les années 1990. [...]
[...] Quelle alternative ? Partout, même s'ils sont minoritaires, quelques individus refusent de se plier à la violence, d'y contribuer. Ce sont des refusants des personnes qui ont vécu à côté de personnes d'autres communautés, qui ont su les apprécier, les respecter, qui n'envisagent même pas de changer d'attitude, de se replier. Tel est le cas du voisin du patriarche, dont la vision tolérante est proche de celle d'Amine, qui croit encore qu'un avenir commun est possible, sans en négliger les difficultés. [...]
[...] Ce sont des histoires d'hommes et de femmes, souvent des êtres capables d'établir des ponts entre les civilisations, dont le destin bascule face à l'incompréhension et à l'humiliation. Chaque trajectoire est différente, plus ou moins tragique. L'espoir n'est jamais totalement absent, qu'il réside dans l'amour ou seulement dans une prise de conscience. L'humanité est présente, dans ce qu'elle a de meilleur et de pire. Cette humanité appartient à tous, y compris aux déshérités de l'Olympe des infortunes ou aux Arabes de ce que le jour doit à la nuit. [...]
[...] L'Attentat Yasmina Khadra Il est des œuvres qui marquent durablement leurs lecteurs. Celles de Yasmina Khadra entrent parfaitement dans ce cadre, qu'elles décrivent l'horreur du conflit algérien de 1990, y compris sous forme de romans policiers (Le quatuor algérien), ou qu'elles s'ouvrent sur d'autres horizons, d'autres questionnements ou incompréhensions à l'issue souvent tragique. Yasmina Khadra est un ancien militaire, mais aussi et surtout un écrivain (donc, en tant que représentant de l'ordre et intellectuel, doublement une cible pour les terroristes qui ne prétend pas être un expert des relations internationales, mais qui est à l'écoute du monde dans lequel il vit. [...]
[...] Amine n'a pas su comprendre ce regard chez Sihem. Mais il sait le reconnaître et le redouter quand il apparaît chez l'un des siens. Ce regard est celui de celui qui a tout perdu, qui n'hésite plus à se transformer en bombe humaine, même si cela aggrave encore le sort des siens du fait de la répression et risque de faire sombrer des proches dans cette même folie meurtrière. Il est l'expression que plus rien n'est acceptable et peut-être que, plus que la vie, la dignité d'un être humain ne saurait être bafouée. [...]
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