Vygotski montre dans les deux premiers chapitres en quoi les progrès de la pensée et ceux du langage ne se font pas de façon parallèle, ces deux capacités n'ayant pas la même origine et évoluant de façon indépendante. Cela est vrai du point de vue phylogénétique (l'évolution des espèces) et du point de vue ontogénétique (évolution de l'individu dans une espèce) comme le montrent notamment les travaux de Köhler et de Bülher. Vygotski conclut son deuxième chapitre sur une réflexion de Stern à propos du croisement de la pensée et du langage vers l'âge de deux ans : le langage est découvert par la pensée comme ayant une finalité : « chaque chose a un nom » (...)
[...] Il ajoute qu'avant l'apparition du langage, l'action devient subjectivement significative ou consciemment dirigée De la phase pré-intellectuelle du langage : on connait le babillage, les pleurs, les premiers mots, qui sont distincts du développement de la pensée. Ce sont des formes émotionnelles de comportement, et elles possèdent aussi une fonction sociale dès la première année (comme le montrent les réactions à la voix humaine dès les trois premières semaines). Le rire, les mouvements sont des moyens de contact social possibles, dès le premier mois. [...]
[...] Vygotski s'élève contre ces deux hypothèses : langage extérieur et langage intérieur étant fonctionnellement (adaptation sociale pour l'un et adaptation personnelle pour l'autre) et structurellement différents (l'économie excessive du langage intérieur le rendant méconnaissable) ne donnent aucune raison approuvant une concomitance et un parallélisme dans leur évolution génétique. Enfin, la diminution de l'audibilité de la parole, via le murmure, semble particulièrement hors de propos quand on envisage de tels changements. En effet, le murmure ne se distingue pas structurellement du langage extérieur, et il se distingue fonctionnellement du langage intérieur. Le murmure nait d'une pression sociale (amenée le plus généralement par la scolarisation. [...]
[...] Vygotski propose alors une idée de Piaget, le langage égocentrique, comme point de transition. Ce langage a une fonction de décharge émotionnelle et peut aussi assurer une planification, ce qui est très proche de la pensée. C'est un langage intériorisé psychologiquement avant de l'être physiquement. Langage intérieur et égocentrique ont les mêmes fonctions ; ce sont deux sortes de langage intime, incompréhensibles pour autrui, sans avoir rien à voir avec le volume de la voix. Le langage s'intériorise donc car sa fonction change, selon l'ordre : langage extérieur-égocentrique-intérieur. [...]
[...] Il réfute l'hypothèse de Watson selon laquelle il y aurait un passage : langage extérieur-langage murmuré-langage intérieur au profit de la notion piagétienne de langage égocentrique Là semble être le chainon manquant. Le langage ne diminue pas en volume sonore, mais change de fonction : il est intériorisé psychologiquement dans la chaine langage extérieur-langage égocentrique-langage intérieur Enfin, Vygotski définit quatre étapes dans le développement de l'enfant : Développement et argumentation Selon Köhler, l'intelligence du chimpanzé diffère de celle de l'homme car elle ne permet pas de développement culturel. [...]
[...] Chez l'adulte, la pensée et le langage sont deux cercles qui se rencontrent. Leur partie commune est la pensée verbale, mais une partie de la pensée reste non-verbale : c'est le lieu de l'utilisation d'outils par exemple. De même une partie du langage est plus ou moins indépendante de la pensée, comme le langage lyrique qui est beaucoup plus sous l'égide de l'émotion. Vygotski conclut enfin sur l'importance du processus historico- culturel déterminant une pensée verbale non innée : il rattache dès lors le langage à la psychologie sociale. [...]
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