Diderot, "Supplément au voyage de Bougainville"

Résumé du document

Auteur et philosophe du 18e siècle, Diderot incarne tout à fait le siècle des Lumières. C'est dans ce contexte d'idées nouvelles qu'il écrit le

Extraits

[...] De même, c'est la nature qui incite les tahitiens à une telle vénération de la maternité ainsi qu'à accorder une telle importance à l'individu. Pour eux, être mère est le plus grand bonheur d'une femme et celle-ci est d'autant plus estimée qu'elle a beaucoup d'enfants ce qui explique le désarroi de Thia et de sa famille qui supplient l'aumônier de s'unir à elle. Ceci s'explique avant tout par l'argument économique et démographique que les tahitiens attribuent à ces pratiques (libertines selon les européens). [...]

[...] Auteur et philosophe du 18e siècle, Diderot incarne tout à fait le siècle des Lumières. C'est dans ce contexte d'idées nouvelles qu'il écrit Le Supplément au Voyage de Bougainville dans lequel il se sert de la forme dialoguée dans le but de dénoncer certains aspects de la société européenne de l'époque. De ce fait, nombreux sont les propos tenus dans cette œuvre originale. Il semble toutefois possible de dégager trois thèmes essentiels : le mythe de bon sauvage, la liberté sexuelle et le rapport existant entre le collectif et l'individu qui contribuent à une critique de la société européenne. [...]

[...] Ainsi, la découverte de nouveaux pays permet-elle de dénoncer certaines facettes de l'absolutisme royal et du poids de la religion. L'objectif des philosophes des Lumières et de Diderot n'est donc pas de donner un modèle idéal d'homme incarné dans le bon sauvage mais de remettre en question la société européenne. Pour Diderot, comme pour Voltaire, traiter du sujet du sauvage c'est permettre l'ironie et la critique de la société européenne grâce, d'une part, à la double énonciation et, d'autre part, à la distanciation induite par le regard étranger sur la société. [...]

[...] Il doit s'établir un dialogue entre les lecteurs comme entre A et B. En lisant le Supplément au voyage de Bougainville, persiste toutefois une question. Diderot a-t-il voulu faire de Tahiti une utopie ? Il semble en effet que Diderot ait voulu décrire une nature luxuriante qui pourvoit aux besoins des Tahitiens, caractérisée par l'absence de la propriété privée, des conflits, des inégalités, et que les deux personnages proposés, Orou et le vieillard nous donnent une vision quasi parfaite d'une vie heureuse. [...]

[...] Mais il semble important de rappeler que le Supplément au Voyage de Bougainville écrit par Diderot n'a rien à voir avec le Supplément du Voyage de Bougainville qui est, en fait, le livre autours duquel s'entretiennent les deux personnages de Diderot. Il s'agit là d'une des caractéristiques qui m'ont fait apprécier cette œuvre. En effet, les thèmes repris par l'auteur, ceux de la colonisation, du bon sauvage, apparaissent dans de nombreuses œuvres telles Des Coches de Montaigne ou La Controverse de Valladolid qui traitent ces sujets d'une façon assez austère et grave. [...]