La mentalité est un ensemble des croyances et habitudes d'esprit qui informent et commandent la pensée d'une collectivité, et qui sont communes à chacun des membres de cette communauté. Selon Robert Mandrou (1921-1984), initiateur de l'histoire des mentalités avec Georges Duby (1919-1996), c'est l'histoire des "visions du monde". La notion de mentalités est associée à l'école des Annales, courant historique créé par Marc Bloch et Lucien Febvre à la fin des années 1920. L'École des Annales essaie d'écrire une histoire complète, une histoire "totale", en ne se limitant plus aux seuls aspects politiques, militaires ou diplomatiques. Y a-t-il une mentalité révolutionnaire ? si oui, est-elle un héritage ou le fruit de nouveautés survenues sous la Révolution française ? La Révolution marque-t-elle un tournant majeur et irréversible dans les mentalités et les sensibilités collectives ? Peut-on changer les hommes et leur mentalité en dix ans ? (...)
[...] Finalement, pour ceux qui n'agissent pas sous la Révolution, qu'est-ce qui change ? Les attitudes certainement. Mais la Révolution n'est pas que subie, elle est aussi parfois refusée. Les contrastes sociaux et géographiques de réception de la Révolution sont frappants. Il ne faut pas oublier certains contre-révolutionnaires qui vivent la Révolution de façon très active mais dans l'autre camp. La Révolution est essentiellement un phénomène urbain. C'est dans le monde rural que se rencontrent les îlots, même les régions qui semblent n'avoir été qu'effleurées par la Révolution. [...]
[...] Dans cette période, la spontanéité a encore une place essentielle, il n'y a pas de préparation, de préméditation et l'improvisation et l'instant comptent beaucoup. A partir des journées des 5 et 6 octobre 1789, commence à se dessiner le passage d'une foule spontanée, inorganisée à des foules organisées. La maturation progressive connaît un seuil progressif de la fin 1791 à 1792, la foule parisienne est désormais organisée. La violence révolutionnaire en appelle à la fois à des comportements très anciens et tout nouveaux. [...]
[...] Auparavant l'histoire révolutionnaire était méfiante à l'égard des nouvelles lectures. Les années 1960 marquent un tournant dans l'historiographie révolutionnaire. L'histoire des mentalités révolutionnaires s'est développée vers 1968. L'École des Annales a tenté d'évacuer la Révolution qui est l'exemple type de l'épiphénomène, voire de l'accident surévalué par la société. Elle n'est pas favorable à la prise en compte de la sensibilité ou de la mentalité révolutionnaire, née de l'instant et apparemment éphémère. Gorges Lefebvre est le fondateur d'une approche moderne d'une histoire des mentalités révolutionnaires. [...]
[...] Thermidor en ce domaine marque une césure profonde : elle tarit les sources de cette créativité héroïque et aussi parce que l'esprit de Thermidor associe le grand homme à la dictature et stipule sa méfiance à l'égard de toute tentation de ce genre. Pourtant la Révolution a besoin de se donner des symboles vivants ou morts. Puis on assiste à l'irrésistible ascension du héros militaire, porté par les victoires. Dans l'iconographie les héros de l'antiquité gréco-romaine dominent. Le thème dominant plus que le héros en gloire est celui de sa mort qui est sa véritable apothéose. [...]
[...] Une minorité sans doute a vécu la Révolution de façon active. Est-il légitime de présenter un bilan global de la participation populaire et plus encore de l'engagement militant ? A Paris, Albert Soboul estime à 8 ou en moyenne le taux des Parisiens adultes qui fréquentent les sections entre 1792 et 1793. Un taux qui, dans l'ensemble de l'hexagone, s'abaisse rarement en dessous de mais ne dépasse jamais 20%. Dans sa phase active la Révolution n'est l'affaire que d'un sur dix des adultes urbains. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture