Combats pour la Révolution Française est publié en 1993 à l'occasion du dixième anniversaire de la direction par Michel Vovelle de l'Institut d'Histoire de la Révolution. L'auteur propose de présenter sa démarche d'historien, sa position dans les débats historiographiques, d'apporter donc un témoignage engagé de l'état actuel des recherches sur la Révolution Française. Il mesure ainsi l'évolution historiographique, l'élargissement des territoires de la recherche, accordant une place privilégiée aux domaines auxquels il a consacré sa propre recherche (images et mentalités). En s'inscrivant nettement dans la lignée d'un robespierrisme conquérant, il donne des points de vue personnels sur l'actualité du bicentenaire, conscient d'ainsi s'exposer au scandale, mais fier de livrer son propre « combat pour la Révolution » [...]
[...] Dans les années 60, la réflexion de Claude Mazauric sur la question du jacobinisme comme modèle penche en faveur du caractère historique et non transhistorique de celui-ci. Cette réflexion est poursuivie par l'analyse de Mona Ozouf qui, à partir de la définition des sept piliers du jacobinisme montre comment l'identification à la révolution russe a biaisé le sens de ce terme en l'identifiant progressivement à toute la Révolution Française. Des historiens comme Talmon (qui dans les Origines de la Démocratie Totalitaire fait du jacobinisme un marxisme avant la lettre) et Furet soulèvent également la question de la référence au totalitarisme soviétique. [...]
[...] Progressivement, on insiste sur le thème du roi citoyen, auquel on veut donner des leçons de morale. A partir de 1791, le thème de la duplicité royale s'impose, et on dénonce avec de moins en moins de respect (processus de bestialisation avec l'image du cochon) les vices du roi (colère, gourmandise, lâcheté, manque de virilité Le premier accès de violence symbolique a ainsi lieu d'août à décembre 1792 (on brûle les attributs de la féodalité et de la royauté), mais ce n'est qu'à partir de janvier 1793 qu'on s'attaque directement à la personne du roi, avec des autodafés de mannequins déguisés mascarades ou de tableaux (roi, reine, pape, despotes européens). [...]
[...] Enfin, Albert Soboul reprend la chaire en 1968, dans une perspective d'histoire politique et sociale. Sa thèse sur le mouvement populaire parisien de l'an II notamment fait figure d'événement. L'historiographie de la Révolution Française cependant ne se restreint pas à l'enceinte de la Sorbonne. Dans un cadre plus large, Michel Vovelle analyse son évolution comme un long recul en terme de place occupée au sein de la recherche et de l'enseignement, depuis son âge d'or (qui correspond selon lui à l'époque jaurésienne) jusqu'à la fin des années 80. [...]
[...] Il commence par définir les Bleus de Bretagne, non par leur attachement à la République, ni par leur anticléricalisme, mais par le mouvement en référence à la résistance et au passé. Il souligne le paradoxe de la fabrication en Vendée d'une non-mémoire des héros (travaux de Jean-Martin Clément), d'un non-fonctionnement de l'héroïsation révolutionnaire dans ces provinces de l'Ouest. L'histoire des Bleus de Bretagne se caractérise selon lui par la continuité du volontarisme des Bleus de Bretagne qui s'efforcent au XIX° s de faire pénétrer les valeurs révolutionnaires en Bretagne, puis par une sorte de réappropriation de la mémoire bleue par une Bretagne rouge L'enfance et la famille dans la Révolution Française : La Révolution peut à la fois être vue comme une nouvelle lecture de la famille, si l'on considère l'importance centrale de la famille, et de la symbolique des âges, dans les rêves de la Révolution (famille idéale de un ou deux enfants), ou comme une mort de la famille dès lors qu'on prend en compte les formes monstrueuses qu'elle prend dans les discours conte- révolutionnaire, qui insistent sur les mariages de prêtres, les femmes amazones l'augmentation des divorces La question de la famille se pose avant la Révolution (promotion de l'enfant étudiée par Philippe Ariès), mais la Révolution l'aborde par une politique volontaire de laïcisation (s'attaque au célibat des prêtres, émancipe la famille du monopole traditionnel de la religion) et de déféodalisation (s'attaque au droit successoral, instaure de nouveaux rapports entre parents et enfants, entre hommes et femmes). [...]
[...] La violence des déchristianisateurs est non seulement assumée mais revendiquée. Cependant, la déchristianisation n'est pas seulement le délire d'un instant, elle affecte profondément le paysage mental des Français, comme le montre la tentative de Vovelle d'analyser de façon systématique l'évolution du discours déchristianisateur durant les 7 mois (an II) où enfle la campagne déchristianisatrice : l'espoir de la régénération s'épuise au profit de la prise de conscience des résistances à la déchristianisation. Finalement, le décret du 18 Floréal par lequel Robespierre propose une religion civique fondée sur l'existence d'un Être suprême et le principe de l'immortalité de l'âme, est un succès Les Bleus de Bretagne : En s'interrogeant sur ce que sont devenus aujourd'hui les Bleus de Bretagne, Michel Vovelle est confronté à la question de la mémoire populaire, difficile à saisir. [...]
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