Commence alors pour lui une période d'errance. Sur le chemin de l'Egypte, il porte secours à une femme battue par un égyptien. Il tue celui-ci, est arrêté comme meurtrier et vendu comme esclave. Grâce à son habileté, sa science et sa sagesse, il devient l'ami de son maître Sétoc. Zadig parvient ensuite à faire abolir une coutume barbare appelée « le bûcher des veuves ». Mais cette réforme lui vaut la haine des prêtres. Lors d?un souper à Bassora, réunissant des convives de divers pays, les invités se querellent pour d'obscures questions de rites. Zadig parvient à les réconcilier en leur prouvant qu'ils sont tous du même avis et qu'ils adorent le même Dieu ...
[...] On était étonné de voir qu'avec beaucoup d'esprit il n'insultât jamais par des railleries à ces propos si vagues, si rompus, si tumultueux, à ces médisances téméraires, à ces décisions ignorantes, à ces turlupinades grossières, à ce vain bruit de paroles, qu'on appelait _conversation_ dans Babylone. Il avait appris, dans le premier livre de Zoroastre, que l'amour- propre est un ballon gonflé de vent, dont il sort des tempêtes quand on lui a fait une piqûre. Zadig surtout ne se vantait pas de mépriser les femmes et de les subjuguer. [...]
[...] Il fit en bégayant une déclaration tendre. Almona le voyant enflammé lui demanda la grâce de Zadig. Hélas! dit-il, ma belle dame, quand je vous accorderais sa grâce, mon indulgence ne servirait de rien; il faut qu'elle soit signée de trois autres de mes confrères. Signez toujours, dit Almona. Volontiers, dit le prêtre, à condition que vos faveurs seront le prix de ma facilité. Vous me faites trop d'honneur, dit Almona; ayez seulement pour agréable de venir dans ma chambre après que le soleil sera couché, et dès que la brillante étoile Sheat sera sur l'horizon, vous me trouverez sur un sofa couleur de rose, et vous en userez comme vous pourrez avec votre servante. [...]
[...] Les grands et les mages étaient les juges. Le premier satrape, chargé du soin de la ville, exposait les plus belles actions qui s'étaient passées sous son gouvernement. On allait aux voix: le roi prononçait le jugement. On venait à cette solennité des extrémités de la terre. Le vainqueur recevait des mains du monarque une coupe d'or garnie de pierreries, et le roi lui disait ces paroles: «Recevez ce prix de la générosité, et puissent les dieux me donner beaucoup de sujets qui vous ressemblent!» Ce jour mémorable venu, le roi parut sur son trône, environné des grands, des mages, et des députés de toutes les nations, qui venaient à ces jeux où la gloire s'acquérait, non par la légèreté des chevaux, non par la force du corps, mais par la vertu. [...]
[...] Un troisième ne daigna pas se servir de sa lance; mais en lui faisant une passe, il le prit par la jambe droite, et lui faisant faire un demi-tour, il le fit tomber sur le sable: les écuyers des jeux accoururent à lui en riant, et le remirent en selle. Le quatrième combattant le prend par la jambe gauche, et le fait tomber de l'autre côté. On le conduisit avec des huées à sa loge, où il devait passer la nuit selon la loi; et il disait en marchant à peine: Quelle aventure pour un homme comme moi! Les autres chevaliers s'acquittèrent mieux de leur devoir. Il y en eut qui vainquirent deux combattants de suite; quelques uns allèrent jusqu'à trois. [...]
[...] Avez-vous des témoins? dit le juge. Non, ils sont morts; mais il reste une large pierre sur laquelle l'argent fut compté; et s'il plaît à votre grandeur d'ordonner qu'on aille chercher la pierre, j'espère qu'elle portera témoignage; nous resterons ici l'Hébreu et moi, en attendant que la pierre vienne; je l'enverrai chercher aux dépens de Sétoc, mon maître. Très volontiers, répondit le juge; et il se mit à expédier d'autres affaires. A la fin de l'audience: Eh bien! dit-il à Zadig, votre pierre n'est pas encore venue? [...]
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