On trouve, dans la correspondance de Voltaire, au moins à deux reprises l'emploi de l'expression « essai sur la tolérance » pour qualifier le Traité sur la tolérance. De plus, Voltaire a lui-même écrit des essais (Essai sur la poésie anglaise, Essai sur les moeurs et l'esprit des nations..., etc) et l'époque voit fleurir ce genre (Essai sur l'entendement humain, 1690, de Locke ; Hume, après l'échec de son Traité sur la nature humaine, qu'il attribue à son caractère trop dogmatique, plaide en faveur de l'essai dans son Essai sur l'essai). Alors pourquoi Voltaire écrit-il un Traité sur la tolérance ? Ce choix ne se justifie-t-il pas aussi par le fait que le terme de traité est riche d'une polysémie qui intéresse particulièrement Voltaire ? (...)
[...] On constate donc la présence d'une exigence absolue de vérité, quitte à passer par une pensée systématique et dogmatique III. LE TRAITÉ SUR LA TOLÉRANCE ENTRE L'ESSAI ET LE TRAITÉ A. Fondement empirique : un essai de fait Ce traité a toutefois un rapport étroit à l'expérience, témoigne d'un refus de l'abstraction et relève d'une démarche inductive (du particulier au général). Lucie. Goldmann fait de l'essai un genre à mi-chemin, assis à la fois sur le concret et l'abstrait, le particulier et le général (dans la philosophie des Lumières Structure mentale . [...]
[...] Ce n'est pas tant un traité sur la tolérance qu'un traitement contre le mal. Ce traité a un caractère très pragmatique : Voltaire essaie les effets de ce traitement (par l'indignation et la dérision) sur le public. CONCLUSION : parler de traité est un tour de force de la part de Voltaire (Voltaire veut faire passer son essai pour un traité) : cela renvoie moins à une vérité absolue qu'à une conviction inébranlable que Voltaire cherche à imposer universellement. Un traité emporte davantage l'adhésion qu'un essai : un traité est aussi un pacte sur une question précise. [...]
[...] Ce je cherche à englober son lecteur dans un nous B. L'écrivain confère avec son diligent lecteur (Montaigne) L'auteur cherche à tirer le lecteur de son apathie et stimuler son attention par le biais d'un constant dialogue avec un contradicteur éventuel (réfutation préliminaire) ou un complice (cf. frères de la correspondance) : Je supplie tout lecteur impartial de peser ces vérités, de les rectifier, et de les étendre. (fin du chapitre. 4). Le lecteur est ainsi engagé dans 2 la mise à l'épreuve ; Voltaire cherche à établir un lien de confraternité avec le lecteur : ni le heurter ni l'ennuyer. [...]
[...] Comment le Traité sur la tolérance se situe dans un entre-deux problématique. I. UN ESSAI SUR LA TOLÉRANCE : APPROCHE STRUCTURELLE Le modèle prégnant est celui de Montaigne et impose un dispositif énonciatif particulier : l'énoncé de type argumentatif est nettement tributaire des relations entre l'énonciateur omniprésent et l'énonciataire. Derrière une apparente neutralité se cache un énonciateur qui fait sentir sa présence. A. Un énonciateur omniprésent Cette présence constitue une limite dans le genre du traité : l'essayiste présente une pensée en liaison indissoluble avec une subjectivité, par opposition à l'objectivité du discours philosophique. [...]
[...] Or aucun de ces traits ne vaut pour le Traité sur la tolérance. A. L'art de la composition Le Traité sur la tolérance est un édifice qui se veut inébranlable et se signale par une architecture assez rigoureuse : c'est tout un parcours logique avec des transitions, des enchaînements, des liens (ex. : fin du chap : Peut-être un tableau raccourci et fidèle de tant de calamités ouvrira les yeux de quelques personnes peu instruites, et touchera des coeurs bien faits. [...]
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