a- La relativité
Grâce au thème récurrent du voyage dans les récits du XVIIIe siècle des voyages, Voltaire va introduire ses réflexions sur la relativité. De fait, celui de Micromégas s'apparente avant tout à une quête initiatique. D'ailleurs, le but de ses déplacements est clairement affiché : « voyager de planète en planète pour achever de se former l'esprit et le coeur ».
Il rappelle ainsi que le XVIIIe siècle constitue un moment fondamental dans l'histoire des idées, et en particulier dans les pratiques scientifiques. Ainsi, dans le conte, la relativité des tailles, des capacités et des mesures suggère l'idée que tout est relatif et qu'il faut donc s'abstenir de juger. C'est pourquoi tout le récit est parsemé de contrastes et de comparaisons (Sirius est plus grande que Saturne, elle-même plus importante que Mars...).
En imaginant un géant voyageant parmi les planètes et les hommes devenus insectes pour lui, en faisant d'une statue composite l'image d'une ville, Voltaire met en pratique le principe de la relativité. Ce qui est grand pour l'un sera petit pour un autre. Le principe vaut aussi en morale : ce qui fait le bonheur de l'un ne fait pas le bonheur de l'autre. Ainsi, le principe de relativité est lié au projet même du conte philosophique, qui interroge les apparentes contradictions de l'homme et montre la complexité des choses.
La relativité engage l'homme à la modestie : la Terre vue par un Sirien, est un « tas de boue », et les hommes, des « atomes » qui sont très probablement privés d'intelligence et de parole... Mais Voltaire n'en tire pas une leçon désespérante : entre des êtres si différents, la « conversation » peut être « intéressante » puisqu'ils sont philosophes.
b- La raison
Voltaire se situe dans la lignée philosophique qui conçoit d'abord la raison comme une faculté propre à l'être humain et qui lui permet d'établir des rapports entre les choses. Cette faculté innée permet une connaissance réfléchie et autorise l'être humain à comprendre l'univers. Cependant, Voltaire ne suit pas certains philosophes qui, à l'instar de Montaigne, dénoncent les dangers de cette faculté qui permet de raisonner hors de l'expérience et peut donc s'enfermer dans sa propre logique et n'avoir plus de contact avec la réalité (...)
[...] II- Un incipit satirique Les éléments satiriques contribuent à faire de ce texte une parodie de conte. Si le lecteur perçoit initialement l'univers d'un conte fantastique, il se rend rapidement compte de nombreuses marques d'ironie qui indiquent que, derrière une apparence merveilleuse, le monde du géant est différent. Les interventions du narrateur La présence du narrateur est révélée par les marques de la première personne disséminées dans tout le chapitre (j'ai, ligne 1 ; j'entends, ligne 3 ; nous autres, citoyens de la terre, ligne 9 C'est donc un témoin direct, vraisemblablement un scientifique dont le lecteur peut supposer qu'il connaît le livre fort curieux (ligne 27) de Micromégas qui lui a valu l'exil. [...]
[...] À Versailles comme historiographe du roi, en Prusse comme chambellan de Frédéric II, Voltaire a essayé d'inspirer à la vie politique une plus grande ouverture aux innovations issues de la bourgeoisie et du monde des techniques, ainsi qu'une plus grande liberté de pensée. Mais l'obstacle fondamental à l'évolution de la société est le déséquilibre des forces dans l'État, qui fait trop de place aux partis, en premier lieu l'Église. Ainsi Voltaire met beaucoup de lui-même dans l'histoire de Micromégas, victime de la censure religieuse qui le bannit. - en mettant en scène le muphti de son pays Voltaire ruse avec la censure mais l'ironie ne trompe personne à l'époque. [...]
[...] Voltaire, Micromégas, chapitre VII (La satire de la guerre). ÉTUDE ANALYTIQUE Introduction Géant originaire de l'étoile Sirius, Micromégas accomplit un voyage à travers l'univers en compagnie de son ami dont il a fait connaissance lors de sa première escale sur Saturne (chapitre I). Tous deux arrivent sur la Terre le 5 juillet 1737 (chapitre III) et rencontrent peu après un vaisseau qui transporte les membres d'une expédition scientifique. Malgré la différence de taille, ils parviennent à entrer en contact avec les Terriens. [...]
[...] Micromégas la réfute par l'absurde de façon tout aussi infantile (de la barbe au menton, lignes 18-19). En réponse, la pensée de Micromégas est socratique, chaque affirmation du philosophe est suivie d'une question du géant, qui contraint finalement l'adepte à avouer son ignorance. Ainsi, il sélectionne un mot dans chacune des affirmations du philosophe cartésien et lui demande d'en préciser la signification : Mais qu'entends-tu par esprit ? (ligne Mais sais-tu au moins ce que c'est que de la matière ? (ligne mais le fond de la chose, le connais-tu ? (lignes 24-25). [...]
[...] Le lecteur ne peut qu'être révolté par l'opposition entre le terme barbares et le confort du luxe suggéré : ces hommes, censés être civilisés, semblent encore plus coupables de se comporter en barbares primitifs. - religieuse Enfin, l'opposition entre ce même massacre (ligne 19) et les remerciements solennels à Dieu (et qui ensuite en font remercier Dieu solennellement, ligne 30) achève d'émouvoir le lecteur et de dénoncer les atrocités de la guerre. Le philosophe se révolte contre l'usage qui est fait de la religion pour justifier la violence. [...]
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