Ce court ouvrage de Voltaire, conte philosophique paru en 1752, nous invite à suivre un héros extraterrestre à travers l'immensité de l'espace et la visite de différentes planètes, dont la Terre.
Au cours de ce voyage à la fois philosophique et merveilleux, l'auteur nous amène à réfléchir à des préoccupations essentielles. Quelle place tient l'être humain dans le cosmos ? Quel(s) enseignement(s) peut-on en tirer ? Rétrospectivement, Micromégas a été considéré comme l'un des premiers ouvrages de science-fiction (...)
[...] On assiste déjà à une première critique des contemporains de Voltaire. Ses facultés scientifiques et son intelligence aigue sont innées et la science représente donc une distraction pour le géant. Lors de son voyage forcé de planète en planète il se révèle donc logiquement comme un excellent observateur. On le voit notamment lors de son passage sur la Terre et face aux humains, cette petite race en qui il aperçoit de si étonnants contrastes Voltaire n'utilise pas seulement le personnage de Micromégas pour transmettre ses idées. [...]
[...] D'un côté la science et la métaphysique semblent être des sujets qui les rendent loquaces; mais d'un autre côté ils tiennent des discours inquiétants sur les massacres passés et un pouvoir qui leur aurait été donné par un dieu. Dieu qui, précisent-ils, auraient également créé l'ensemble de l'univers . Les deux géants sont déçus par ces hommes qui s'aiment tant et tiennent des discours incohérents. Ils reprennent donc la route à travers les galaxies, laissant cependant derrière eux un livre sur la Terre, qui se révèle finalement illisible aux yeux des humains. Le conte philosophique s'achève donc sur une leçon d'humilité, puisque les humains restent aveugles; pour eux l'ouvrage de Micromégas restera un livre blanc. [...]
[...] Ils pensent en effet tout connaître, jusqu'à la métaphysique et les phénomènes inexplicables. Ainsi s'engage un débat sur l'âme qui passe en inventaire tous les grands philosophes, de Descartes à Locke en passant par Aristote et Leibnitz. A partir de cet instant, Micromégas découvre le véritable visage de ceux qu'il dénomme des atomes intelligents pour constater finalement que "les infiniment petits [ont] un orgueil infiniment grand". AXES D'ANALYSE Voyage et relativisme Le voyage est un thème récurrent dans les récits du XVIIIème siècle. [...]
[...] La raison selon Voltaire Voltaire se situe dans la lignée philosophique qui conçoit d'abord la raison comme une faculté propre à l'homme, qui lui permet d'établir des rapports entres les choses. Cette faculté innée permet une connaissance réfléchie et autorise l'être humain à comprendre l'univers. Cependant, Voltaire ne suit pas certains philosophes qui, à l'instar de Montaigne, dénoncent les dangers de cette faculté qui nous permet de raisonner hors de l'expérience, qui peut s'enfermer dans sa propre logique et n'avoir plus de contact avec la réalité. [...]
[...] Satire de l'Eglise d'abord, puisqu'elle cautionne la guerre. Satire de l'attitude des Terriens ensuite, qui font preuve d'orgueil et d'anthropocentrisme ; satire de la métaphysique également, à travers le flot de paroles lors des débats entre philosophes Voltaire a recours à de nombreuses techniques littéraires pour mettre en scène ces satires : utilisation du registre comique, figures de style variées, diversité des tons, ironie et humour sont de la partie, entre autres. En voici un exemple : " je vais raconter comme la chose se passa, sans rien y mettre du mien : ce qui n'est pas un petit effort pour un historien." C'est donc une œuvre à multiples facettes que nous offre Voltaire, bien que Micromégas ne soit pas son ouvrage le plus connu. [...]
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