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Voltaire écrit Candide alors qu'il a déjà plus de soixante ans. Ce conte est donc celui de la maturité, qui jaillit d'une expérience humaine riche et variée, d'une réflexion philosophique approfondie et d'un art littéraire qui va jusqu'à l'innovation.
Longtemps optimiste jusqu'à la provocation, Voltaire est successivement éprouvé par une série de deuils, de désillusions et de révoltes contre les injustices : mort d'Émilie (1749), conflit à Berlin avec Frédéric II qui l'atteint à la fois dans ses affections et ses espoirs politiques (1753), tremblement de terre de Lisbonne (1755), déclenchement de la guerre de Sept ans (1756). Candide reprend les grands événements et problématiques de l'actualité européenne et mondiale de cette moitié du dix-huitième siècle.
Candide se situe au carrefour des influences intellectuelles et biographiques de son créateur. Voltaire pense conquérir une postérité par ses tragédies ou ses écrits historiques, genres alors plus nobles, mais c'est avec ce conte philosophique, genre alors en constitution, qu'il se dote d'une arme polémique bien plus puissante. Elle l'est par le rire, la brièveté, l'accessibilité à tous : le conte circule sous le manteau, délesté de l'esprit de rigueur et de nuance exigé par les ouvrages dits sérieux. Lorsqu'il écrit Candide, Voltaire a déjà écrit dans ce style Le Crocheteur borgne, Le Monde comme il va, Zadig, Memnon, Micromégas qui témoignent d'une évolution progressive de l'optimisme vers le pessimisme. Après Candide viennent L'Ingénu puis La princesse de Babylone et Le taureau blanc.
Pour Candide, Voltaire procède avec la plus grande prudence vis-à-vis de la censure : selon la préface de ce pamphlet anonyme, le conte fut traduit par le Docteur Ralph, qui bien sûr n'existe pas. C'est un succès phénoménal. Comme chacun reconnaît son style, il nie dans ses lettres, en mars 1759, la paternité d'une telle "plaisanterie d'écolier", tout en avouant sa pertinence.
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Candide se distingue par l'omniprésence d'un débat métaphysique sur le Bien et le Mal. Son titre, Candide ou l'Optimisme, évoque d'ailleurs clairement les thèses de penseurs du dix-septième et dix-huitième siècles, Leibniz, son disciple Wolf, ou le poète anglais Pope. Pangloss et Martin personnifient l'un l'optimisme, l'autre le pessimisme (...)
[...] Candide (1759) Voltaire écrit Candide alors qu'il a déjà plus de soixante ans. Ce conte est donc celui de la maturité, qui jaillit d'une expérience humaine riche et variée, d'une réflexion philosophique approfondie et d'un art littéraire qui va jusqu'à l'innovation. Longtemps optimiste jusqu'à la provocation, Voltaire est successivement éprouvé par une série de deuils, de désillusions et de révoltes contre les injustices : mort d'Émilie (1749), conflit à Berlin avec Frédéric II qui l'atteint à la fois dans ses affections et ses espoirs politiques (1753), tremblement de terre de Lisbonne (1755), déclenchement de la guerre de Sept ans (1756). [...]
[...] Au début du conte, Micromégas, élève chez eux, déplaît au Muphti qui fait condamner son ouvrage sur les insectes par des jurisconsultes qui ne l'ont pas lu. Voltaire conteste ainsi le pouvoir censorial de l'Eglise, l'arbitraire qui règne sur la censure elle-même. La guerre constitue enfin l'ultime objet de la satire des comportements humains. Micromégas, rempli d'admiration devant les possibilités des hommes, pense qu'ils doivent connaître le bonheur. L'un de ses interlocuteurs le détrompe : fanatisés, cruels et intolérants, les humains ne cessent de se faire la guerre chapitre VII. [...]
[...] Voltaire met en exergue les vertus de l'étonnement : l'étonnement est la réaction qui caractérise le moment de la rencontre et de la découverte. C'est aussi une forme de vertu au sens où celui qui sait s'étonner se montre disponible à la nouveauté, à ce qui peut bousculer ses idées reçues. A travers les expériences de son héros, Micromégas met en vedette la méthode empiriste, basée sur l'expérience, sur le rejet de la métaphysique et des religions, qui risquent de parasiter l'appréhension du réel. [...]
[...] C'est une manière cocasse de relativiser l'importance de cette planète dans l'univers. Alors que l'homme possède une nature exceptionnelle selon la religion chrétienne, Voltaire le débarrasse de cette singularité pour le replacer dans une chaîne infinie et encore inconnue d'êtres à travers l'univers. La leçon qu'il nous livre est donc univoque : il faut reconnaître et accepter avec modestie les limites et les proportions de notre esprit, de notre connaissance et de notre planète. Après l'examen où les hommes perdent en un instant tout le crédit qu'ils ont précédemment acquis, Micromégas et le Saturnien quittent la Terre. [...]
[...] Voltaire dénonce également la cruauté de l'esclavage. La dernière halte sur le continent américain permet à Candide de faire une rencontre qui l'éclaire sur cette nouvelle forme de la méchanceté des hommes Le nègre de Surinam illustre ce fléau de la colonisation soucieuse de réduire les coûts de production au mépris du respect de la vie humaine et en conformité avec le très officiel Code noir. Le labeur harassant des esclaves n'est rétribué que par peu de nourriture pour survivre et un caleçon de toile pour tout vêtement deux fois dans l'année On les ampute s'ils ont un accident du travail ou s'ils tentent de s'enfuir ou de se révolter. [...]
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