Rue des voleurs, Mathias Enard, Tanger, Barcelone, Printemps arabe, mouvement des indignés, péripéties, islamisme, voyages d'initiation, roman littéraire, actualité politique, rapport aux langages, lexique
Matthias Enard est né en 1972. Cet auteur a étudié le persan et l'arabe et réalisé de grands séjours au Moyen-Orient. Il a été pensionnaire de la Villa Médicis en 2005-2006. Aujourd'hui, l'auteur enseigne l'arabe à la faculté de Barcelone. Ce dernier fait partie des membres du comité d'écriture de la revue Inculte à Paris. Matthias Enard a écrit sept romans, dont cinq de ses romans parus chez Actes Sud. Son roman "Parle-leur de batailles, de rois et d'éléphants" a été récompensé à plusieurs reprises, notamment en 2010 par le Prix Goncourt des lycéens. Son roman "Rue des voleurs" a été publié en août 2012. Cette oeuvre se situe entre Tanger et Barcelone et infiltre profondément les événements liés au Printemps arabe et au mouvement des indignés.
[...] Tout ce que je veux, c'est être libre de voyager, de gagner de l'argent, de me promener tranquillement avec ma copine, de baiser si j'en ai envie, de prier si j'en ai envie, de pécher si j'en ai envie et de lire des romans policiers si ça me chante sans que personne n'y trouve rien à redire à part Dieu lui-même . P.120 Toutefois, Mathias Énard fait preuve d'une poésie irréfutable, telle que : j'ai eu très envie de lui dire qu'il pouvait se les foutre dans le cul, ses héroïnes (p. alors même que le personnage principal évoque plus loin son connard de petit frère (p. 59) auquel d'ailleurs, il préconise vivement de ne pas lui casser les burnes (p. [...]
[...] Mais c'est surtout une manière de solliciter le lecteur occidental sur les réalités de la vie dans le monde arabe de cette jeunesse assoiffée de liberté. Toutefois, on ne sent pas bien le narrateur, dans plusieurs passages, le personnage et l'auteur se confondent. En effet, ce jeune Marocain de 21 ans (à la fin du livre) parfois précoce, instruit et désabusé tout comme l'auteur. Cela peut introduire une confusion dans la lecture de ce roman, mais qui reste par ailleurs très captivant. [...]
[...] Au fil de ce roman, et à travers les nombreuses professions du narrateur, nous avons également l'occasion de suivre les différentes situations politiques des villes et pays dans lesquels ils circulent. Toutes ces épreuves permettent au personnage principal à retrouver son identité, dans ce monde sujet à la violence où le narrateur se surprend comme étant écorché. Contexte politique Rue des voleurs publiée en 2012 est une œuvre ancrée dans l'actualité politique de Ce roman littéraire se situe en plein cœur de l'actualité. [...]
[...] La dernière partie de l'ouvrage se passe à Barcelone. Toujours en lien avec l'actualité, cette dernière est bousculée par les évènements en lien avec le mouvement des indignés (ou encore Okupas, en espagnol). Lorsque l'auteur édite l'ouvrage, la plupart de ces manifestations n'ont pas encore trouvé de dénouement, mais sensiblement, elles commencent à s'essouffler. On retrouve également d'autres phénomènes politiques qui viennent surenchérir la situation historique de ce roman, tels que l'attentat d'Al-Qaïda de la place Djema'a el-Fna à Marrakech le 28 avril 2011 qui a fait seize morts, les tueries perpétrées par Mohammed Merah à Toulouse et à Montauban en France en mars 2012 qui a fait sept morts dont trois enfants à la sortie d'une école juive religieuse. [...]
[...] Pour Mathias Énard, le cliché est le voile indécent. Qu'on retrouve bien visible dans le racisme dissimulé dans les situations et les personnages décrits dans son roman. Ainsi, les deux amis qu'il décrit, Lakhdar et Bassam, ne sont rien de plus que deux bougnoules de dix-neuf ans (p. 48) qui, lorsqu'ils attendent deux Espagnoles, ne peuvent n'afficher rien d'autre qu'un air de ploucs banlieusards bien gominés (p. 42). De plus, l'auteur nous dévoile le portrait plus vrai que nature de deux banlieusards, comme s'il ne faisait que de décrire un lieu commun, lorsqu'il écrit : Dès qu'ils possédaient quelques dirhams, c'était pour s'acheter un nouveau jogging, des baskets, du shit ; ils s'imaginaient une jolie vie dont le moment culminant serait l'achat d'un lit double chez le marchand de meubles du coin et d'une bagnole chez le concessionnaire Nissan ou Toyota ; ils surfaient tous les jours sur voitureaumaroc.com et rêvaient de caisses de luxe qu'ils ne pourraient jamais s'offrir, regarde, il y a une Jaguar de 1992 pour cent mille dirhams ; ils avaient d'énormes lunettes de soleil qui leur bouffaient la figure et l'oreillette du mains libres de leur téléphone toujours en place. [...]
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