Au Ier siècle le monde hellénistique est dans sa totalité soumis au pouvoir de Rome. Cependant cette annexion politique respectant le cadre de la cité n'a pas entraîné d'acculturation grecque. Bien au contraire nous observons que les Romains se sont hellénisés. En effet la culture grecque devient l'apanage de l'Empire qui, par ailleurs, est bilingue jusqu'au IIIème siècle : le grec est la langue de la culture tandis que le latin est celle du droit et du pouvoir. De plus les citoyens romains d'origine grecque, comme Plutarque, continuent d'écrire en grec ce qui assure la pérennité de la culture ainsi que de la langue grecque. Alors, nous comprenons aisément que les ouvrages grecs ont eu une importance considérable durant cette période. Les Antonins, nom attribué aux empereurs régnant sur l'Empire romain de 96 à 192, créent même à Athènes des chaires de rhétorique et de philosophie encouragent ainsi le développement intellectuel des hellènes. Cette fusion entre Rome et la Grèce se retrouve chez beaucoup d'auteurs et touche aussi bien la littérature que l'histoire.
[...] Cependant il ne faut pas croire que Plutarque soit le précurseur de ce genre: la littérature gréco-romaine avait déjà connu des éloges de grands personnages, lors des éloges funèbres, et des biographies notamment avec les rois de Macédoine qui ont beaucoup suscité l'attention des auteurs antiques. Quant à la comparaison par paire elle aussi n'est pas représentative de l'originalité de Plutarque puisqu'elle était depuis longtemps un exercice de rhétorique; à laquelle Plutarque s'est beaucoup intéressé. Mais alors, où est l'originalité de Plutarque? Nous avons vu que Plutarque ne prétend pas faire œuvre d'historien mais plutôt de biographe. [...]
[...] Les deux extraits que nous allons étudier font partie des Vies Parallèles, le premier est un extrait de la préface du tome IV des Vies, qui relate les vies respectives du Corinthien Timoléon et du Romain Paul Émile, et le second est un fragment de la Vie d'Alexandre. Nous pourrons nous intéresser à la façon dont Plutarque se place dans le débat épistémologique de l'histoire. Pour cela nous nous intéresserons à la démarche de Plutarque et à ses ambitions quand à l'histoire; nous verrons également en quoi attribuer le qualificatif d'historien à Plutarque est ambigu. [...]
[...] Pendant ce dernier voyage, il se lia d'amitié avec de hauts dignitaires romains comme: Mesius Florus, consul et familier de Vespasien et Sosius Sénécion, plusieurs fois consul et ami de Trajan. En outre il est essentiel de signaler que Plutarque jouit de la double citoyenneté romaine et athénienne. Ses deux plus grandes œuvres sont les Œuvres Morales et les Vies Parallèles d'Hommes Illustres. Dans les Vies Parallèles (dont on date l'écriture entre 96 et 115). Il rend une sorte d'hommage à ses deux patries d'adoption en dressant le portrait d'hommes illustres. [...]
[...] Cependant s'il affiche son respect face à la tradition, il ne se prive pas de la remodeler et choisit des passages précis de la vie de ses héros. Il demande au passé des modèles que le présent ne pourrait pas lui fournir. Mais pour que ces modèles puissent être immédiatement utiles à ses contemporains, il leur fait incarner au mépris de la vérité historique, des valeurs qui sont celles de son temps. On a lui a souvent reproché d'être plus moraliste qu'historien à cause de sa volonté de mettre en évidence les qualités des grands hommes et à cause de sa capacité à susciter l'admiration et l'émulation chez le lecteur. [...]
[...] Pour cet auteur, le plus grand avantage de Timoléon est d'avoir triomphé sur des barbares et non sur d'autres hellènes comme les Romains. Quant à Paul-Émile il est l'incarnation de tout ce que Plutarque admirait chez les hommes : le type du vieux Romain pénétré de l'esprit nouveau, simple dans ses habitudes, sévère sur la discipline, d'une probité rigide , scrupuleux observateur des rites de la religion officielle . (Vies tome IV, collection Belles Lettres, p.59, notice). Il apparaît dès lors que lorsqu'il choisit ses personnages, il le fait dans un but précis, qui n'est pas seulement celui de mettre les cultures grecque et romaine sur un même piédestal. [...]
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