En mai 1731, Marivaux publie la première partie d'un roman intitulé La Vie de Marianne, publication qui s'échelonne en onze étapes, sans être achevée. Ce roman est le récit, à la première personne, d'une partie de la vie d'une jeune orpheline, Marianne, et de ses débuts difficiles dans une société qui ne favorise pas ceux qui n'ont pas de naissance. L'inspiration du roman est redevable à certaines caractéristiques de la littérature romanesque de l'époque. Il comporte aussi de nombreux éléments qui en font une oeuvre originale, très moderne par ses analyses psychologiques et par ses procédés d'écriture.
[...] Mais les choses ne sont en réalité pas si simples. En effet, le récit, fait après coup, comporte des éléments d'analyse et d'explication acquis par la suite et issus, pour certains, d'une réflexion au moment où la scène est revécue et racontée. Le récit Il rapporte une succession d'actions et de faits inscrits dans une durée à un moment précis de la vie de Marianne. On peut distinguer dans ce récit, d'une part, ce qui était perçu et vécu consciemment par la narratrice au moment où les choses se déroulaient et, d'autre part, ce qu'elle n'a pu connaître qu'après coup et dont la narration n'est rendue possible que par le récit à distance. [...]
[...] Elle y échappe par un sens inné de l'honneur, car pour Marivaux les belles âmes finissent toujours par triompher de la méchanceté. Roman d'un moraliste, La Vie de Marianne est aussi un roman réaliste qui fait parcourir à son héroïne sur le chemin de la consécration les trois ordres de la société (le peuple, la noblesse et l'Église), en restituant à chacun les lieux et le langage qui le définissent. Un parti pris, qui donne sa vivacité à un récit qui résonne des voix de la rue et des salons. Je ne saurais vous définir ce que je sentais. [...]
[...] Il y a ainsi tout un ensemble d'éléments dont elle n'a pu prendre connaissance que par la suite et dont seul le récit à distance permet de faire état. Parmi ces éléments, on peut citer l'état de rêverie, l'incapacité à entendre le carrosse, la conscience d'un étourdissement et l'impression analysée par Il me sembla bien que cette prise de position reste difficile à identifier. Dans ces différents cas, la narratrice s'efforce d'expliquer certains des faits ou des comportements perçus, eux, au moment où ils étaient vécus. [...]
[...] Conclusion Une des caractéristiques du roman La Vie de Marianne est la constante alternance entre le récit rétrospectif et l'analyse à distance. L'exemple que l'on a ici est très représentatif de la manière de procéder de Marivaux par la voix de Marianne : le récit rapporte une situation vécue et tente, par les faits et les actes, d'en donner la totalité, avec ce qu'elle comporte de complexe et d'inexplicable. L'analyse, qui vient souvent après, mais qui joue déjà sur le récit lui-même, explicite la complexité des faits et des actes et dénoue l'écheveau de leurs motivations et de leur enchaînement. [...]
[...] La Vie de Marianne ou les aventures de Madame la comtesse de ***Marivaux Présentation En mai 1731, Marivaux publie la première partie d'un roman intitulé La Vie de Marianne, publication qui s'échelonne en onze étapes, sans être achevée'. Ce roman est le récit, à la première personne, d'une partie de la vie d'une jeune orpheline, Marianne, et de ses débuts difficiles dans une société qui ne favorise pas ceux qui n'ont pas de naissance. L'inspiration du roman est redevable à certaines caractéristiques de la littérature romanesque de l'époque. [...]
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