« Aucune utilité ne peut légitimer le risque immense de partir sur les flots. Pour affronter la navigation, il faut des intérêts puissants ». En effet la mer, et de surcroît l'océan, a longtemps rendu les hommes perplexes : que penser de ces eaux qui à la fois apportent la vie à travers la pêche mais peuvent également la rependre l'espace d'une tempête? De fait, l'océan nécessaire et redoutable a autant fasciné que terrifié les êtres humains, qu'ils soient scientifiques ou artistes. Dans un premier temps l'océan reflétait la grandeur et la puissance d'un (des) dieu(x), et par conséquent n'incitait pas à l'exploration ; toutefois la tentation était trop grande et quand les obstacles techniques étaient dépassés (grâce aux nouveaux outils de navigation) et les disponibilités mentales présentes (c'est-à-dire ne plus avoir l'idée de transgresser un interdit divin en naviguant au-delà de certaines limites maritimes), l'océan ne fut plus perçu comme un espace infini et inévitablement mortel. Dès lors l'homme a cherché à dominer les étendues océanes à des fins diverses, avant tout marchandes mais aussi religieuses, impériales…. L'océan Atlantique étant l'un des premiers à avoir été contrôlés, nous allons voir de quelle façon il a été découvert et utilisé (I) malgré les réticences originelles et parfois persistantes qu'ont reflété au fil des siècles les écrivains, poètes et peintres dans leurs œuvres (II). Nous étudierons ensuite à quel point l'homme est parvenu à exploiter cet océan comme il a dompté la surface terrestre (III), parfois de façon positive en diminuant le risque de naufrage, mais principalement en le vidant de ses trésors.
[...] Le commerce triangulaire a fait la fortune de ces ports. La Mer des ténèbres : surnom moyenâgeux donné à l'océan Atlantique, ou plus précisément à l'océan au-delà du cap Bojador (Sahara occidental), dont on pensait que les eaux bouillaient. Elles étaient le nom donné pendant l'Antiquité romaine aux falaises du détroit de Gibraltar, marquant les bornes du monde. Elles ont reçu leur nom d'un des douze travaux d'Hercule, celui consistant à rapporter les pommes d'or du jardin des Hespérides gardées par Ladon. [...]
[...] Puis la seconde vague d'exploration s'effectua par les portugais et espagnols au XVème siècle. Bien que les deux pays recherchaient une nouvelle voie d'accès à l'Orient pour éviter l'intermédiaire arabe, les portugais préfèrèrent contourner l'Afrique tout en profitant des richesses matérielles et humaines de ses côtes tandis que les espagnols tentèrent un accès par l'Ouest avec la découverte malencontreuse de l'Amérique par Christophe Colomb en 1492, puis son exploration. Au-delà de leurs aspects scientifique et territorial, de telles découvertes ont permis à l'Espagne et au Portugal de devenir le nouveau centre économique et politique de l'Europe moyenâgeuse, remplaçant dès lors l'activité commerciale basée sur des villes et comptoirs des pays de la mer du Nord, de la Flandre et de la Hanse[3] (du nord de l'Allemagne actuelle jusqu'à la Pologne). [...]
[...] Victor Hugo, L'Océan Dans une mer sans fond, par une nuit sans lune, Sous l'aveugle océan à jamais enfouis ! On demande : où sont-ils ? Sont-ils rois dans quelque île? Nous ont-ils délaissés pour un bord plus fertile ? Puis votre avenir même est enseveli. Le corps se perd dans l'eau, le nom dans la mémoire. [...]
[...] Par la meir [dois-tu entendre] le monde : cette phrase tirée du Roman de l'estoire du Grall de Robert de Boron résume bien le thème étudié ci- dessus. Si l'homme a cherché à franchir l'océan c'est bien en premier lieu par esprit de curiosité, pour rencontrer de nouvelles terres, de nouvelles ressources, voire d'autres civilisations, même si cela devait se révéler périlleux. De nos jours il semblerait normal que l'océan attire moins l'attention qu'auparavant, puisque toute la surface de la terre a été explorée et les traversées sont devenues routinières ; l'étude de l'océan demeure pourtant primordiale pour beaucoup d'activités socio-économiques comme la pêche mais aussi le transport maritime, et celles de recherche notamment sur le changement climatique puisque l'océan en est le reflet. [...]
[...] Un drame qui fut ensuite suivi en novembre 2002 par le naufrage du Prestige au large des côtes espagnoles, transportant tonnes de pétrole. Néanmoins les procès restent symboliques lorsque l'on considère qu'au moins 1,5 million de tonnes[23] d'hydrocarbures ont été relâchées chaque année lors de dégazages ou déballastages sauvages[24]. Enfin, le réchauffement climatique - grand sujet d'actualité affecte en tout premier lieu les océans en augmentant sa température et son niveau, fragilisant les espèces qu'il abrite. Cependant la nature pragmatique de l'être humain lui permet en quelque sorte de bénéficier de ce phénomène. [...]
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