La Fin de Satan est une œuvre moins connue que les autres recueils poétiques de l'auteur. Hugo, à quatorze ans, avait déjà écrit un poème de 410 vers intitulé «Le Déluge». La Fin de Satan, grand poème épique et philosophique publié de façon posthume en 1886, est autrement plus intéressante et maîtrisée dans la forme ! Le texte appartient à la seconde partie intitulée «La première page».
Cataclysme naturel qui marque les esprits, le déluge a pris dans les mythologies une signification extrême : il apporte la destruction d'un monde usé, mais permet une renaissance, comme le montre le récit de la Genèse dans la Bible. Le bouleversement apocalyptique des éléments est propre à stimuler les imaginations et les écrivains ne se sont pas privés d'évoquer déluges et tempêtes. Ainsi Victor Hugo, dans ses romans comme dans ses poèmes, accorde une large place à ces déchaînements aquatiques qui l'obsèdent. Dans La Fin de Satan, publié de façon posthume en 1886, c'est le Déluge originel qui le retient.
La description du cataclysme apparaît d'abord comme gouvernée par un grand mouvement d'engloutissement. Mais la vision se double, en outre, d'un sentiment d'horreur généralisée. La clef du passage se trouve sans doute dans cette image du chaos originel auquel reviendrait Dieu.
[...] Dieu a pris la décision d'envoyer le Déluge aux hommes, déçu par leur attitude. Dès ce moment, l'inéluctable est en marche. Le «livre» (vers dans lequel Dieu est plongé est le «registre» (vers où sont consignés les faits de l'humanité. Or, Dieu tourne les pages, autrement dit tourne la page sur les hommes et sa Création. Le premier vers, sectionné en deux hémistiches fortement coupés à la césure par la ponctuation, exploite au mieux le rythme pour rendre compte de l'irrévocabilité de la punition. [...]
[...] Le texte acquiert ainsi une grande cohérence sonore qui confirme l'horreur de l'épisode décrit. Ainsi, la vision qu'offre Victor Hugo du Déluge est-elle saisissante de vitalité et d'inquiétude. La force des images, le souffle continu du rythme qu'adoptent les vers sont propres à inquiéter le lecteur qui devient ici apte à se représenter le Néant. Si le monde n'est plus qu'un paragraphe que Dieu peut rayer d'un coup de plume, le poète est celui-là même dont la plume est capable de traduire les projets de Dieu. [...]
[...] Victor Hugo, La Fin de Satan Document Victor Hugo (1802-1885) - La Fin de Satan. Dans ce texte, Victor Hugo s'inspire du récit de la Bible qui raconte comment Dieu a puni les hommes en les noyant sous les eaux du ciel - le déluge. Tout avait disparu. L'onde montait sur l'onde. Dieu lisait dans son livre et tout était détruit. Dans le ciel par moments on entendait le bruit Que font en se tournant les pages d'un registre. L'abîme seul savait, dans sa brume sinistre, Ce qu'étaient devenus l'homme, les voix, les monts. [...]
[...] Les qualifications du déluge suggèrent l'abomination : «brume sinistre» (vers «l'horreur de l'eau sombre» (vers 16). Cette situation d'angoisse est suggérée par d'autres termes forts comme «les tourbillons hurlants» (vers 21) ou «des lueurs frissonnaient» (vers 22). Les vers 16 et 21 sont, de plus, marqués par une allitération en qui accentue le mouvement tournant des eaux et le sentiment de vertige qu'il provoque chez le lecteur. L'enjambement des vers 23-24 sanglots, /Et l'ombre») déhanchent le vers pour mimer le sanglot, ce que renforce le caractère nominal de cette phrase brève, formée de deux substantifs à la fois liés par la conjonction de coordination et séparés par la virgule et la fin du vers. [...]
[...] Ainsi, Victor Hugo, dans ses romans comme dans ses poèmes, accorde une large place à ces déchaînements aquatiques qui l'obsèdent. Dans La Fin de Satan, publié de façon posthume en 1886, c'est le Déluge originel qui le retient. La description du cataclysme apparaît d'abord comme gouvernée par un grand mouvement d'engloutissement. Mais la vision se double, en outre, d'un sentiment d'horreur généralisée. La clef du passage se trouve sans doute dans cette image du chaos originel auquel reviendrait Dieu. Les vingt-cinq alexandrins du texte décrivent le déluge en privilégiant les mouvements de l'eau. [...]
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