En 1894, à la mort de Leconte de Lisle, Paul Verlaine s'est vu hériter du surnom de « prince des poètes », appellation qui ne l'a pas quitté jusqu'à sa mort. C'est que Verlaine a marqué le XIXème siècle avec sa poésie dont Jean-Pierre Richard célébra, plus d'un siècle plus tard, la « fadeur » si originale. Verlaine a créé, comme le montrent par exemple ses deux recueils, Fêtes Galantes et Romances sans paroles, et a également beaucoup pensé la poésie de son temps, avec notamment sa Conférence sur les poètes contemporains.
Dans cette dernière, il y offre sa définition du poète, « littérale », faisant appel aux différents sens du lecteur, et jouissant d'un statut non exempt d'interrogations.
La poésie de Verlaine est indiscutablement porteuse de musicalité (peut-être plus que de musique, à la fois certaine et incertaine.
L'écriture poétique de Verlaine est marquée par une réelle représentativité, dotée d'influences véritables, mais ne se limitant pas à celles-ci et faisant plutôt appel à la sensation comme médiation.
[...] Il y a une double tension entre religieux et profane, entre chanson et silence : en ce sens, Romances sans paroles ne suggère la musique que par un double refus, celui de la romance déjà dépréciée et celui du langage. C'est en quelque sorte une définition par le négatif : si la musique s'annonce là, ce n'est qu' en creux par ses contraires. C'est une musique qui se joue sur le mode mineur Clair de lune Fêtes Galantes : Tout en chantant sur le mode mineur C'est la musicalité de la parole, plus que la musique du son, qui est en jeu chez Verlaine. [...]
[...] Ainsi, pour Verlaine, avant tout, le poète est simple : il recherche la simplicité. C'est ce que Verlaine exprime avec l'expression suivante, dont il faut bien évidemment comprendre le contraire : comme quelques amateurs de la discorde l'ont prétendu : c'est-à-dire que lui ne considère pas la poésie et la discorde (au sens de complication, de complexification abusive, de recherche volontaire de conflit) comme compatibles. En outre, pour Paul Verlaine, le poète est marqué par son caractère direct : c'est ainsi qu'il oppose littéralement au latéralement prôné par la discorde par les amateurs de la discorde. [...]
[...] C'est un aigre- doux (tous les sens sont exacerbés, même le goût) qui porte le nom de fadeur : une absence de goût devenue provocation C'est en cela que tient le génie de Verlaine et ce que Jean-Pierre Richard résume très bien : esthétique de l'impression fausse ou ce que l'on pourrait appeler presque tromperie de l'ombre chinoise, si l'on s'essayait à une comparaison. Ce que Verlaine a voulu faire dans sa Conférence sur les poètes contemporains, c'est montrer ce qu'est un poète. Il n'est pas simplement un homme qui écrit, mais un artiste qui voit entend et écoute, qui ressent. Il peint, compose et cisèle les mots pour les faire siens et nôtres. Sa poésie est empreinte de musique, d'une musique vague, dissonante et évanescente, d'une musique qui s'éteint et s'étend. [...]
[...] Le poète, lui, touche le lecteur avec ses mots, et pas de manière indirecte. Et ce qu'il ne recherche surtout pas, c'est la discorde (qui induit une séparation : du latin discordia séparation), la dissension ou le sujet de dispute. L'action du poète, cette force qui va est directe et simple pour Verlaine. Le poète s'attaque également aux différents sens du lecteur : il touche son ouïe, en cela il apparaît comme musicien Il attire la vue en tant que peintre et sculpteur et aiguise le toucher Dès ses Poème saturniens (recueil antérieur à Fêtes galantes et Romances sans paroles), Verlaine se pose en tant que musicien, ou tout au moins en tant que chanteur (ou même chantre). [...]
[...] Verlaine, Conférence sur les poètes contemporains, Pléiade. Dans quelle mesure cette formuler vous paraît-elle convenir aux deux recueils ? En 1894, à la mort de Leconte de Lisle, Paul Verlaine s'est vu hériter du surnom de prince des poètes appellation qui ne l'a pas quitté jusqu'à sa mort. C'est que Verlaine a marqué le XIXème siècle avec sa poésie dont Jean-Pierre Richard célébra, plus d'un siècle plus tard, la fadeur si originale. Verlaine a créé, comme le montrent par exemple ses deux recueils, Fêtes Galantes et Romances sans paroles, et a également beaucoup pensé la poésie de son temps, avec notamment sa Conférence sur les poètes contemporains. [...]
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