Après la sombre fin de règne du Roi-Soleil, marquée par les crises économiques, les guerres incessantes, et un raidissement religieux et moral, la régence de Philippe d'Orléans (1715-1723) s'apparente à un réveil des plaisirs. C'est l'époque des « fêtes galantes » immortalisées par le peintre Antoine Watteau, qui en évoque le raffinement et les plaisirs dans ses tableaux. On rappelle dans la capitale les Comédiens-Italiens que Louis XIV avait fait chasser en 1697. Les Parisiens retrouvent alors la verve et la fantaisie d'Arlequin, de Pierrot, de Pantalon et des autres personnages comiques de la commedia dell'arte. C'est à ces acteurs italiens que Marivaux, de son vrai nom Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux, fait jouer une courte pièce pleine d'audace intitulée L'Île des esclaves en 1725.
Trois ans avant la création de cette comédie, Montesquieu livre un roman épistolaire dont les protagonistes sont des Persans qui découvrent la France de la Régence avec des yeux étonnés. À travers les propos naïfs de ces étrangers venus d'Orient s'exprime un esprit critique qui n'épargne aucun sujet (religion, politique, mœurs...). Le jeu dérobé de l'écriture et la portée contestataire du texte sont caractéristiques des premières Lumières, initiées en France dès 1685 par des écrivains comme Fontenelle et Bayle. En effet, à la fin du XVIIe siècle, des intellectuels ébauchent une vaste entreprise de réexamen des savoirs, passés au crible de la raison : il s'agit de débusquer les erreurs de l'esprit humain qui ont pour source la crédulité, le préjugé et la superstition. Ils inaugurent ainsi la grande aventure des Lumières, qui ébranlera les traditions idéologiques, religieuses, politiques, esthétiques et scientifiques de l'Ancien Régime.
[...] La pièce de Marivaux et d'autant plus audacieuse qu'elle montre des relations de servitude renversées : sur l'ile qu'il imagine, l'auteur offre à ses contemporains le contraire de ce qu'ils observent dans leur univers social Arrière-plans Utiliser le décor d'une île pour y donner à voir un fonctionnement de la société différent de celui de la réalité correspond toutefois à une tradition ancienne : en 1516, une île servait déjà de cadre au traité philosophique Utopia, de Thomas More, qui décrivait la société idéale. Pendant tout le Siècle des Lumières, le genre de l'utopie envahit la fiction narrative et théâtrale, et constitue un instrument de critique indirect e la société contemporaine, de ses dysfonctionnements et de ses travers. L'Île des esclaves présente plusieurs caractéristiques propres au genre. Située dans l'Antiquité, l'île de Marivaux abrite une république, vieille d'un siècle, fondée par des esclaves de la Grèce qui se sont révoltés contre leurs maîtres. [...]
[...] L'expérience menée sur l'île montre que les esclaves ne peuvent longtemps se résoudre à occuper la place de leurs maîtres. Ainsi Arlequin dit-il à Iphicrate : je ne te ressemble pas, moi ; je n'aurais point le courage d'être heureux à tes dépens (scène 9). Dès la fin de la scène huit s'amorce cette prise de conscience : Arlequin est touché par les plaintes d'Euphrosine ; il l'est plus encore dans la scène suivante par celles de son maître, au point d'éclater en sanglots. [...]
[...] Leur pratique de a langue s'écarte également des canons classiques : ils adoptent un style plus libre, qui vise le naturel et l'agrément. L'œuvre de Marivaux répond à cette conception moderne de l'écriture. À l'image de l'esprit qui règne dans les salons du XVIIIe siècle où la conversation est un art, Marivaux se plaît aux distinctions les plus fines, qui lui vaudront de sévères critiques de la part des contemporains partisans de la clarté classique. Il compose des romans (La Vie de Marianne, 1731-1741 ; Le Paysan parvenu, 1734-1735) ; il se tourne aussi vers le journalisme, avec la publication de feuilles périodiques lui permettant de développer dans des espaces réduits un genre d'écriture neuf (Le Spectateur français, 1721-1724). [...]
[...] Installé à paris en 1710 après avoir passé sa jeunesse en province, il manifeste dans ses premières œuvres son engagement en faveur des Modernes En effet, la première décennie du XVIIIe siècle est marquée par la reprise d'une querelle apparue dans le dernier tiers du Grand-Siècle et qui oppose Anciens et Modernes. Ces derniers, tel Fontenelle, critiquent l'admiration aveugle des Anciens pour les écrivains de l'Antiquité. Ils contestent leur conception de la création littéraire, fondée sur une imitation de modèles antiques, et délaissent les grands genres classiques que sont la tragédie et l'épopée. Ils leur préfèrent une littérature en prise avec l'époque, et des formes nouvelles, non codifiées par l'Antiquité roman, le conte, le dialogue, la comédie. [...]
[...] J'entends par là, non pas de la renverser, ce qui serait une erreur monumentale, mais de toujours rechercher à l'améliorer dans le sens d'effacer les différences qui n'ont pas lieu d'être, comme encore aujourd'hui la différence de traitement entre l'homme et la femme (même si nous avons fait des progrès considérables), ou bien entre riches et pauvres. À la mort de Louis XIV, les caisses de l'État sont vides. Un Écossais nommé John Law à l'idée de créer une banque proposant d'échanger de l'or contre du papier-monnaie, afin de renflouer les caisses de l4etat. Mais après avoir remporté un succès considérable, le système s'effondre brusquement en 1720 : c'est la banqueroute, qui entraîne la ruine de nombreux particuliers ayant acheté les billets et les actions de la banque. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture