Natacha Tcherniak, une femme active comme une autre : Née en Russie en 1900 dans une famille d'intellectuels juifs, à la suite de la séparation de ses parents, elle est élevée en France, d'abord par sa mère, puis par son père remarié. Elle obtient une licence en anglais et en droit, se marie à un avocat, amateur comme elle d'art et de littérature, et elle exerce au barreau de Paris jusqu'en 1940, date de sa radiation en tant que juive. Elle se consacre à partir du début des années 30 et jusqu'à la fin de sa vie de plus en plus à l'écriture.
Nathalie Sarraute, une écrivaine originale et reconnue : Tropismes (1939) fut son premier recueil de textes, refusé par Gallimard et Grasset, et il contient déjà l'essentiel de sa vision du monde et de l'entreprise littéraire qu'elle envisage : les tropismes sont ces « mouvements indéfinissables qui glissent très rapidement aux limites de la conscience ; ils sont à l'origine de nos gestes, de nos paroles, des sentiments que nous manifestons, que nous croyons éprouver et qu'il est possible de définir ». Elle poursuit sa recherche des mots, car il faut appeler cela de la recherche, dans son premier roman Portrait d'un inconnu (1948), écrit pendant la Seconde Guerre mondiale. Mettre au jour les mouvements fugaces de la conscience, les « drames microscopiques » aux enjeux pourtant essentiels qui sous-tendent les relations humaines semble être son objectif premier. Sous les lieux communs et les artifices de convention, la romancière traque le non-dit et le monde « furtif, apeuré, tremblant » de la « sous-conversation ». Elle publie en 1980 L'usage de la parole qui tente de témoigner tant bien que mal à l'aide du langage de ces instants imperceptibles. Héritière de Dostoïevski et de Proust, elle remet en cause dans un recueil d'articles publié en 1956 (l'Ère du soupçon) les conventions d'une littérature romanesque fondée sur une histoire et sur des personnages de type balzacien, et on l'associe aux écrivains du dit Nouveau Roman. Elle cherche en effet comme eux de dépasser les conventions littéraires, et son écriture se personnalise, suivant les mouvements d'une pensée, les interactions entre subjectivités désignées par les pronoms de la troisième personne du singulier (« il », « elle ») que par une identité stable, une fluidité entre monologue intérieur et dialogue. Les figures de styles et approches poétiques se complètent pour exprimer le quasi-indicible tandis que le présent s'étend démesurément.
Son œuvre est d'abord confrontée à l'incompréhension mais connaît un immense succès à partir du Planétarium (1959), puis avec Vous les entendez ? (1972) et Disent les imbéciles (1976). Son oeuvre est traduite en plus de vingt langues et comporte même des pièces radiophoniques (certaines ont été mises en scène : le Silence, 1967 ; le Mensonge, 1967 ; Pour un oui ou pour un non, 1982). Son « autobiographie », parfois qualifiée de « Nouvelle Autobiographie », Enfance (1983), où les mots gardent toujours un lien aussi intense avec la subjectivité et les temps passé et présent, ajoute encore à son renom. Son dernier ouvrage, Ouvrez, un roman, a paru en 1997, deux ans avant sa mort.
[...] Ils constituent la source secrète de notre existence. (L'ère du Soupçon) Le roman devient un champ d'investigation du psychologique ; c'est l'apparition d'un nouveau réalisme qui n'est plus miroir parfait des apparences mais miroir grossissant qui, lorsque l'on observe minutieusement des détails jugés insignifiants, fait apparaître les tropismes L'exigence est à la vérité, la sincérité, et non à la dérive solennelle et parfois pathétique du romanesque. Ce ne sont là, vous le voyez, que quelques légers remous, quelques brèves ondulations captées parmi toutes celles, sans nombres, que ces mots produisent. [...]
[...] Une lectrice dont l'expérience est unique, différente probablement de toutes les autres lectures faites de cette œuvre. Chaque lecture doit être différente car, malgré le travail de l'écrivain pour que trouver les similitudes entre tous les individus, chaque individu n'en reste pas moins différent. La langue sert ici la compréhension du monde qui nous entoure, c'est-à-dire de l'autre, et peut-être même ce faisant une meilleure compréhension de soi : mais oui, c'est exactement ça que je ressens, moi aussi ont dû se dire la plupart des lecteurs de Nathalie Sarraute. Sources N. [...]
[...] Eh bien quoi, c'est un dingue Ne me parlez pas de ça. Je ne comprends pas. De courtes locutions, morceaux de phrases, mots. Tous ces morceaux de paroles évoquent quelque chose de profond à notre écrivaine, notre narrateur, notre miroir qui nous entraîne dans ses tropismes, dans des évocations qui s'avèrent être des réminiscences, comme si nous aussi, lecteurs, percevions la même chose les mêmes ondes intérieures à ces mêmes mots Vous ne serez pas surpris d'apprendre, puisque ce sont les mots, certains mots qui, à eux seuls, nous occupent en ce moment, que ce drame, c'est un mot, un petit mot tout simple qui le produit. [...]
[...] Ce ne sont que des exemples, des illustrations choisies par notre narrateur pour nous montrer, nous éclairer, nous prouver ce qu'il veut dire. Car si les tropismes existent en eux-mêmes, dans une sorte d'absolu, ils sont pour chacun attachés à des situations particulières : Comment voulez vous qu'on trouve comme ça Il faudrait voir dans quelles circonstances Il faudrait le revivre Oui, pouvoir reconstituer Il faut de la patience pour pouvoir approcher, se calmer, ne pas se laisser éblouir par tout ce qui est apparent, tout ce qui semble essentiel comme le sens premier des mots. [...]
[...] Son autobiographie parfois qualifiée de Nouvelle Autobiographie Enfance (1983), où les mots gardent toujours un lien aussi intense avec la subjectivité et les temps passé et présent, ajoute encore à son renom. Son dernier ouvrage, Ouvrez, un roman, a paru en 1997, deux ans avant sa mort. Résume de l'ouvrage : L'usage de la parole On trouve dans cet ouvrage dix textes poétiques et brefs, repris et développés depuis Tropismes, des morceaux distincts qui traitent d'un même sujet : l'usage de la parole, Voici des mots titre primitif du manuscrit. Chaque texte a un titre fait de paroles convenues ou banales. [...]
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