Ubu Roi, Acte IV, scène 5, Alfred Jarry, Parodie burlesque d'une oraison funèbre
Alfred Jarry écrit puis crée au théâtre, le drame comique d'Ubu Roi en 1896, en réaction aux conventions et situations du théâtre traditionnel, il revendique dans ce drame sa liberté d'artiste créateur et provocateur y compris dans l'invention et la représentation des scènes les plus délirantes. Son personnage principal, le caricatural anti-héros Père Ubu, devenu roi par un régicide, est vaincu dans la guerre que les Russes lui ont déclarée, voulant chasser l'usurpateur pour remettre sur le trône l'héritier légitime. Dans la débâcle, Père Ubu se lance à contretemps dans l'oraison funèbre d'un de ses partisans, Nicolas Rensky.
[...] Tout cela oblige les comédiens à parler avec une forme de mécanisme, une diction outrée que Jarry a lui-même demandé. - De plus, on remarque, l'utilisation d'un patois archaïsant, il y a des déformations Monsieuye (l.224), Par conséiquent de quoye (l.210), donnant un aspect d'ancien français. Et l'expression gèle à pierre fendre (l.202) est une modification. - Le Hon ! (l.224) a quelque chose de rustique, mais on ne sait pas s'il marque une protestation à la tirade de Père Ubu. [...]
[...] Il y a également la répétition de pitoyable (l.220) et d' impitoyable (l.219, l.219, l.220), ce jeu de dérivation donne une certaine forme de poésie à l'oraison. - On note aussi du comique dans cette oraison funèbre : la pitoyable binette (l.220) contribue à rendre Rensky moins noble et moins héroïque. En plus, il est rabaissé, il a fait l'imbécile, la raison aurait dû le pousser à fuir puisqu' il y avait trop de Russes (l.222). Là où Homère exalte le héros, Jarry démystifie l'héroïsme guerrier. [...]
[...] - Jarry aborde ici le thème de la fragilité de la condition humaine confrontée à la guerre et à la mort. II. CREATION D'UNE LANGUE ETRANGE PRESQUE POETIQUE A. De nombreuses déformations - Il y a déformation de certains mots : Monsieuye (l.224), Par conséiquent de quoye (l.210), le ye traduit l'idée d'insistance. Comme les bucherons qui ahanent le hon (l.223) est la déformation du traditionnel han De plus, contrairement aux règles physiques, l'écho Hhrron ! (l.224) est plus fort que le bruit de départ. [...]
[...] - Il exprime sa couardise avec sans m'exposer (l.213), d'ailleurs dans sa phrase, on reconnait une gradation croissante. - La noblesse du langage contraste avec la petitesse du personnage. - Il a un caractère enfantin à la fin de la scène, il a un mouvement de colère traduit par les nombreux points d'exclamation, il s'apprête à fuir sans gloire, il n'essaie plus d'impressionner, il parle d'une façon affective et prosaïque. La vilenie est telle que les deux palotins ne se font plus la moindre illusion, le mépris est visible puisqu'ils l'ignorent presque. [...]
[...] En quoi cette fantaisie burlesque sert-elle une création et une réflexion théâtrale ? Nous répondrons en étudiant la parodie du langage puis la création d'un nouveau langage et enfin les réflexions exprimées à travers cette fantaisie burlesque. I. PARODIE DU LANGAGE A. Un enchainement irréaliste - Dans la scène précédente, le lecteur assistait à la mort de Rensky dans la plaine où a eu lieu la bataille, mais dans cette scène, nous nous retrouvons dans une cabane en Lituanie. Pourtant l'Ukraine est très loin de la Lituanie, le passage d'un pays à l'autre est invraisemblable. [...]
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