Rolande Trempé, ancienne enseignante à la faculté des lettres et sciences humaines de Toulouse, rend compte, dans son livre intitulé les mineurs de Carmaux de 1848 à 1914, de l'évolution de la condition des mineurs carmausins dans le sens d'une prise de conscience et dans la constitution d'un groupe homogène et unique. En effet, les mineurs qui constituent un groupe cohérent mais scindé, évoluent nettement au fil des années.
Le comportement des mineurs carmausins durant la seconde moitié du siècle exprime un refus de s'adapter à la condition engendrée par le travail industriel. En effet, disposant d'un statut particulier, ils souhaitent conserver une certaine liberté afin d'exercer une activité agricole en parallèle. De fait, bien qu'ayant une mentalité conservatrice, l'attitude oppositionnelle des mineurs va dans le sens d'un progrès et permet l'émergence d'une psychologie nouvelle. C'est en résistant contre les initiatives et tentatives de réforme de la Compagnie que les mineurs en viennent à se concerter et à lutter collectivement. Le combat contre un même adversaire engendre une solidarité qui s'oppose à un individualisme initial. Il contribue ainsi à mettre en valeur des intérêts communs qui les unissent. Les mineurs carmausins prennent ainsi conscience de la nature de leur nouvel état et effectuent leurs premiers pas dans l'éveil de la conscience de leur condition. (...)
[...] En 1901, Vaillant et Breton demandent que les maladies professionnelles soient comprises dans les accidents de travail Ce projet, qui est d'abord un échec, est voté en 1919 ; jusqu'à cette date aucune maladie n'est reconnue par la loi Française. C'est face à ces risques que l'action ouvrière se développe. On souhaite prévenir les accidents, aider accidentés et leurs familles et l'on recherche de plus en plus une assistance aux malades (gratuité des soins, médicaments Il s'agirait donc d'assurer les soins médicaux et de donner une indemnité journalière afin de compenser la perte du salaire. A cela s'ajoutent les revendications axées sur l'assurance contre la vieillesse. [...]
[...] La loi de 1898 prévoit la garantie des risques (maladie, accidents, vieillesse). Elle met à la charge du chef d'entreprise les frais médicaux et pharmaceutiques entraînés par l'accident, les indemnités ou les rentes en cas d'incapacité permanente ou partielle. La retraite est fixée à 55 ans avec 30 ans d'ancienneté, et est assurée par un versement obligatoire de des salaires (moitié ouvriers-moitié Société). La loi du 25 février 1914(fruit des grèves de 1902-12-14) assure une majoration de la retraite grâce à une contribution de l'Etat. [...]
[...] Enfin, des patrouilles ouvrières sont mises en place, organisées avec l'aide du syndicat. Elles sont un élément d'ordre et de discipline. Réunions et manifestations La discipline collective doit être maintenue et il faut éviter toute rupture du mouvement. Le comité organise alors des réunions et manifestations publiques. En 1883 par exemple, des réunions sont organisées tous les deux jours voire quotidiennement. Elles permettent le regroupement des grévistes isolés et les replongent au cœur de la lutte. Baudin, Viviani et Jaurès prennent la parole à certaines assemblées (1892-1900- 1902). [...]
[...] Carmaux fait ainsi l'objet d'une surveillance étroite et continue. La ville est dotée d'une brigade de gendarmerie et d'un commissaire de police. La Compagnie apporte son aide matérielle à l'implantation et l'entretien des forces de l'ordre. Et si le rôle de l'Etat est répressif, il est aussi préventif : on punit les grévistes mais on essaye de les mettre dans l'impossibilité de faire grève. La présence des gendarmes a pour but l'intimidation des mineurs et l'incitation à la reprise du travail. [...]
[...] Les départs des mineurs affaiblissent le mouvement. Ainsi les grévistes ont tendance à se comporter en individualistes et restent étrangers à la mentalité collective. De fait, la Société utilise tous les facteurs de divisions potentiels au sein des grévistes (salaires inégaux, dissensions politiques). Le temps travaille lui aussi contre la grève ; le temps travaille pour la compagnie Plus la grève se prolonge, plus les possibilités de division croissent. La lenteur des pourparlers renforce le désir de précipiter par la force l'aboutissement des revendications (22 juillet 1869 et 8 mars 1883). [...]
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