Soutenu par Sartre et Cocteau, Jean Genet a cependant longtemps été considéré comme l'enfant terrible de la littérature française. Voleur, multirécidiviste, homosexuel, ces caractéristiques ont créé le mythe Genet, l'apôtre du Mal, en laissant sans doute dans l'oubli toute la complexité du personnage.
Les bonnes, qu'il écrit en 1947, constitue sans doute une de ses pièces les plus connues, mise en scène par Louis Jouvet dès sa publication, avec de vives et nombreuses critiques. Elle a été régulièrement reprise depuis (...)
[...] Les funérailles sont l'occasion de découvrir les proches de la victime et leurs amours tumultueuses, avec une description inédite d'Hitler en vieil homosexuel décati. Au-delà des provocations, Jean Genet se livre à une critique politique sévère et renvoie dos à dos les protagonistes. Le journal du voleur paru en 1949, constitue peut-être une autobiographie de Jean Genet en narrant un cheminement de prisons en lieux sordides, vers la déchéance. Le sens des valeurs est toutefois inversé et ce trajet est peut-être ce qui mène un état d'exception, une sorte de sainteté. [...]
[...] Elle devine la haine qu'il lui est portée, elle pressent peut-être aussi ce qui pourrait l'attendre : Puisque c'est mon tombeau que vous préparez, puisque depuis quelques jours vous accumulez dans ma chambre des fleurs funèbres ! Elle possède un éclat qui lui est reconnue par les bonnes : Vois, mais vois comme elle souffre bien, elle, comme elle souffre en beauté. La douleur la transfigure Mais ces dernières en donnent, dans leurs jeux de rôle, une vision plus complexe, plus exigeante, autoritaire. Elles miment des accusations, des insultes : la grossesse, l'odeur de cuisine et de la mansarde qui est peut-être celle de la pauvreté. [...]
[...] Il y a un monde entre Madame et les bonnes. La première se distingue par sa beauté, sa bonté, ses robes de couleur, ses bijoux, ses amants. Les secondes n'ont rien de tout cela. Elles ne portent que des robes sobres et sont leurs propres amantes, avec cette image qui vient perturber un équilibre précaire, et dont on ne sait s'il est réel ou fantasmé. Par ailleurs, comme elles le soulignent, il est impossible d'être bonne quand on est bonne. [...]
[...] L'homme engagé Pour Jean Genet, tout geste qui n'est pas conforme à la bienséance ambiante prend une signification particulière. L'acte devient sacré ou du moins acquiert une force nouvelle. Cette sanctification est présente dans on œuvre. Elle l'est également dans ses combats. Il ne s'agit toutefois pas d'épouser une idéologie politique (Jean Genet est souvent considéré comme un auteur d'extrême- gauche) ou religieuse, le personnage est trop complexe, mais plutôt de s'opposer à ce qui pourrait être qualifié de pensée unique, encore que ce terme soit également très connoté. [...]
[...] Écartez vous frôleuse ! ce dernier terme faisait par ailleurs l'objet d'une confusion, sa destinataire la comprenant comme voleuse avec tout ce que cette incompréhension peut suggérer. La sensualité est plus clairement exposée avec les gants de cuisine qui prennent une place incongrue dans la chambre, avec surtout les allusions à Monsieur, aux amants de Madame et au garçon laitier, à demi-nu. Les sœurs sont présentées comme lesbiennes mais il est possible que ce dernier garçon trouble leurs relations, suscitant désir et jalousie. [...]
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