Marcel Mauss explore la manière dont, à travers ses techniques, une société se raconte. En étudiant le rapport de l'Homme à son corps, il annonce les préoccupations actuelles des culturalistes américains, à savoir la projection du social sur l'individuel, au plus profond des usages et des coutumes, par l'intermédiaire de l'apprentissage. Il aborde, dans son au-delà, une méthodologie nouvelle pour les chercheurs en ethnologie (...)
[...] Il y percevra l'importance des notions de motilité et d'instinct. Romanes divise l'individu entre un instinct dit primaire issu des variations spontanées et innées, et un instinct secondaire qui tend vers l'automatisme et qui n'exige plus de la part de l'individu le même degré d'effort conscient qu'auparavant. À travers son ouvrage Les Origines de la technologie, A. Espinas influença sûrement son élève. L'art et la technique sont pour l'homme des conditions d'existence comme les instincts le sont pour les animaux. [...]
[...] Ainsi, magie et religion sont aussi des pratiques physiques, mais on ne peut les y réduire. L'adhésion des adeptes exige, au-delà de la croyance l'implication et l'assentiment du corps. Ceci révèle sa connaissance de Head et Holmes, or, il semble ignorer les travaux de Schilder sur le schéma corporel c'est à dire, les découvertes des neurosciences et des sciences cognitives. L'apport de ce dernier permet de reformuler les notions de corps et de biologique maussiens en termes de sensori-motricité Le corps humain est lié au mouvement et la motricité engage un régime d'intersensorialité. [...]
[...] Or, il fut l'un des plus grands intellectuels du siècle dont l'œuvre a exercé une influence considérable. Père de l'ethnographie française, il a légué un héritage intellectuel d'une richesse inépuisable. Sans doute le plus fameux de ses articles est l'Essai sur le don (1925). Il fut l'un des plus actifs collaborateurs de la revue l'Année sociologique et eut une admirable carrière universitaire (au Collège de France) marquée par un profond attachement à l'Institut d'Ethnologie de Paris. Au-delà de la recherche, Mauss est épris de militantisme : du côté des dreyfusards et des socialistes (en particulier, Jaurès). [...]
[...] Cette conférence ne s'adresse pas seulement à des chercheurs, c'est un discours démontrant l'importance de la sexualité et du fait d'en parler : processus de normalisation du plaisir sexuel. La posture de Mauss humanise la sexualité, en réintroduisant les affects par delà même la forme traditionnelle de copulation. De la sorte, Les techniques du corps offrent à l'analyse des instruments de la lecture du langage gestuel d'un groupe. Bien davantage encore, elles permettent d'accéder aux conceptions de la personne et de sa position dans les mondes social et naturel. [...]
[...] Malgré tout, il a pu souligner l'extrême intérêt et la très grande modernité de cet article, son sens très sûr de l'observation, y compris de la réalité la plus banale conduisant à l'essentiel. La postérité de l'homme total maussien est à chercher partiellement chez Bourdieu (théorie de la pratique, du sens pratique et des pratiques pratiques), mais, surtout chez Leroi-Gourhan (pensant complémentairement et différentiellement la technique et le langage). Bibliographie : Ouvrages : HONORE DE BALZAC. Théorie de la démarche. Paris : L'échoppe KARSENTI, B. L'Homme total. Sociologie, anthropologie et philosophie chez Marcel Mauss. Paris : PUF LEVI-STRAUSS, C. Introduction à l'œuvre de Marcel Mauss. Paris : PUF Préface. MAUSS, M. [...]
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