Les auteurs font le constat de l'évolution exponentielle du nombre d'élèves scolarisés depuis les années 50. La création du collège unique avec la réforme Haby de 1975 a entraîné une double (r)évolution, quantitative et structurelle. Mais le principe d'école égalitaire a été contourné par différents stratagèmes permettant de maintenir des filières d'excellence, tels que l'utilisation de la première langue vivante. La répartition hiérarchique des élèves dans les classes se poursuit avec la formule de « l'hétérogénéité homogène », les mauvais élèves n'étant jamais mêlés aux bons mais répartis dans les classes avec les moyens. Le jeu des options poursuit en 4° le principe de triage des élèves à l'œuvre dans l'enseignement secondaire. De plus, les réalités géo-économiques instaurent d'autres différences entre les établissements. C'est pourquoi la question du niveau des élèves appelle des réponses unanimement résignées. Et les profs du secondaire pointent du doigt les instituteurs ; or, s'il est vrai que la destinée scolaire d'un enfant se joue souvent à 7 ans, d'autres facteurs – notamment socioculturel et psychologique – interviennent dans l'apprentissage fondamental de la lecture. Pourtant les critiques formulées sur la baisse du niveau moyen des élèves sont récurrentes depuis que l'école existe. Si la démocratisation de l'enseignement a permis à tous les élèves de poursuivre leur scolarité dans le secondaire, elle a contraint les enseignants à écouter les différences et à pratiquer le grand écart entre les bons élèves, qui existent dans la même proportion qu'avant 1975, et les faibles. Mais au lieu de prendre en charge les faibles, l'école les relègue après la 5° dans des classes-parkings, CPPN ou CPA (Classes Préprofessionnelles de Niveau ou Classes Préparatoires à l'Apprentissage). Ainsi en 1980, on dénombre 150 000 adolescents de 14 à 16 ans dans ces classes, auxquels il faut ajouter 600 000 élèves censés apprendre un métier dans les LEP, mais dont l'orientation s'est faite par l'échec et à partir d'un non-choix. Au finale, ce sont seulement soixante pour cent des élèves entrés en sixième qui accèdent à la seconde de lycée. La crise de l'école réside donc dans son incapacité à prendre en charge les 40 % de laissés pour compte. Toutefois des filières d'excellence demeurent, avec comme critère de sélection principal les mathématiques, auquel on peut ajouter l'allemand, le latin et le grec en tant que matières facilitant l'accès aux voies royales.
[...] Mais dans une société en perpétuelle mutation technologique, il ne peut exister de formation initiale garantissant une qualification éternelle. L'école ne doit donc pas chercher à répondre aux besoins immédiats de la vie professionnelle, mais proposer à tous une formation favorisant l'adaptation au travail. La technique doit être intégrée à la culture générale scolaire et permettre aux jeunes entrant en LEP ou en lycée technique d'être orientés positivement. Chapitre 8 : Tabous Le système éducatif français n'a pas réussi à évoluer aussi vite que son environnement et à répondre à l'hétérogénéité des élèves. [...]
[...] Final : L'implosion Il faut souhaiter que le système éducatif sous sa forme actuelle implose pour que l'école s'engage sur la voie de l'autonomie. [...]
[...] Mais les pratiques culturelles des profs ressemblent à celles des couches moyennes : ils lisent peu et consacrent peu de temps à l'entretien de l'esprit. L'école, étriquée culturellement, souffre d'un manque d'innovation technologique : l'audiovisuel comme l'informatique sont presque ignorés, alors qu'ils sont sources de motivation et peuvent permettre la différenciation. Il apparaît par ailleurs une autre coupure : celle existant entre l'éducation et la formation professionnelle, alors que deux tiers des élèves du secondaire sont dans les LEP et les lycées techniques. [...]
[...] Quant à la féminisation de ce dernier, elle s'explique par la sécurité de l'emploi et l'attrait des vacances. Le corps enseignant a connu une progression galopante (de l'ordre de par an) entre 1958 et 1970 qui est allée de pair avec un changement de statut équivalent à une banalisation sociale : le prof n'est plus un magister qui délivre le bac, mais un préposé à l'accueil des gamins montés en graine Aujourd'hui tous jeunes ( ont moins de 40 ans), les enseignants seront tous vieux d'ici deux décennies. [...]
[...] Et il recourt souvent à un art de la séduction pour mieux captiver son auditoire. Mais cette attitude cabotine trouve régulièrement en écho un irrespect général : ce n'est plus le chahut organisé des classes d'antan, mais un charivari qui vise le système et non le prof. ainsi celui- ci est rapidement confronté aux problèmes de discipline l'autorité étant réclamée comme une valeur plus sûre que la savoir par les élèves les plus difficiles. Et c'est précisément et paradoxalement dans les établissements où le rapport de forces est le plus aigu que les sanctions disciplinaires sont les moins efficaces. [...]
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