[...]
En 1867, l'enquête ordonnée par Victor Duruy pointe les pénuries matérielles et le manque d'instructeurs, tous militaires ou anciens militaires. Le rapport Hillairet confirme cette tendance en comptabilisant, 1868 dans le secondaire, 174 enseignants-moniteurs, dont 60 militaires, 63 anciens militaires et 51 professeurs issus des gymnastes civils (bulletin administratif de l'instruction publique du 12mars 1869).
Si les candidats les plus à même de satisfaire aux exigences du CAEG sont les militaires, les professeurs de gymnastique du secteur civil et les instituteurs ou élèves des Ecoles Normales d'Instituteurs, Yves Gougeon (1994) et Jacques Defrance (1978) montrent que le recrutement au CAEG entre 1869 et 1883 est très nettement populaire, 51,2% des candidats étant par ailleurs issus de la France rurale.
Peu appliquée, l'obligation de l'enseignement de la gymnastique est réaffirmée avec la loi du 27 janvier 1880, dans le primaire cette fois, uniquement pour les garçons. Concours de circonstances ou simple coïncidence, il s'agit pourtant d'une "année capitale dans l'histoire des femmes" (L. Efthymiou, Identités d'enseignantes-identités de femmes. Les femmes professeurs dans l'enseignement secondaire public en France, 1914-1939, 2002) puisque sont créés pour la première fois, avec la loi Camille Sée, des établissements destinés à l'enseignement secondaire des filles. Les programmes scolaires que deux ans plus tard pour les filles (décret du 18 janvier 1882). Thierry Terret (Un débat passionné : l'intégration de l'EP des filles à la fin du XIXème siècle, article, 1995) explique les difficultés de cette intégration par l'absence de personnel féminin formé.
L'insuffisance de leur formation ainsi que l'image stéréotypée de la femme mère (par antinomie au pluriel "les femmes"), épouse et gardienne du foyer reviennent régulièrement dans les arguments des uns et les réticences des autres.
Si les instituteurs sont censés assurer l'enseignement de la gymnastique dans le primaire, les cadres de l'armée fournissent la majorité du personnel dans le secondaire.
Les images véhiculées par les moniteurs de Joinville ne servent pas la réputation de la discipline : défaut d'instruction, incompétence, absence de conscience professionnelle (B. Caritey, Le quotidien de la professionnalisation, in M. Attali, L'univers professionnel des enseignants d'éducation physique de 1940 à nos jours, 2006). Ceci n'apparaît guère surprenant car le secondaire, dans lequel les enseignants doivent être titulaires d'une licence obtenue à l'université, accueille l'élite sociale, culturelle et économique de la Nation. Les maîtres de gymnastique, pas ou peu diplômés, d'origine sociale séparent les différents ordres d'enseignement dans la première moitié du XXème siècle (...)
[...] Davisse et C. Louveau, Sport, école et société : la différence des sexes. Féminin, masculin et activités sportives, 1998). Après la Seconde Guerre Mondiale, le nombre de postes hommes est d'ailleurs toujours supérieur au nombre de postes femmes. Elles sont 560 en 1982, il sont 640, quand bien même la mixité est permise structurellement dans tous les nouveaux établissements du second degré (réforme Berthoin du 6janvier 1959), avant de se généraliser à partir de 1975 (Loi Haby du 11juillet 1975). [...]
[...] Les femmes n'en sont pas exclues, bien qu'il faille attendre 1914 pour que l'une d'entre elles, Irène Popard, en soit diplômée (F. Legrand, L'éducation physique au XIXème et aux XIXème siècle, 1970). Ce qui est sûr, c'est que l'engagement des femmes dans cette voie ne va pas de soi, à une époque où les discours médicaux, les préjugés et les assignations de genre naturalisent pour elles une place extérieure au champ des activités physiques (L. Robène, Itinéraire d'une prof de gym. [...]
[...] Les représentations sociales et le sexe du sport étant ce que l'on sait (A. Davisse et C. Louveau, op cit, 1998). La structure sociale des professeur-e-s potentiel-le-s, elle, se modifie depuis le milieu des années 1990. Avec la suppression progressive des concours d'entrée au cursus STAPS s'est en effet engagé un processus de démocratisation de l'accès à cette formation, dont l'hétérogénéité sociale des étudiant-e-s est le corollaire (Vincent, 2000). A l'IUFM d'Alsace, à l'image des jeunes enseignant-e-s du second degré, dont plus de la moitié sont enfants de cadres supérieurs ou de membres des professions intermédiaires (Rapport au Ministre de l'Education Nationale, 2008). [...]
[...] Attali, L'univers professionnel des enseignants d'éducation physique de 1940 à nos jours, 2006). Ceci n'apparaît guère surprenant car le secondaire, dans lequel les enseignants doivent être titulaires d'une licence obtenue à l'université, accueille l'élite sociale, culturelle et économique de la Nation. Les maîtres de gymnastique, pas ou peu diplômés, d'origine sociale séparent les différents ordres d'enseignement dans la première moitié du XXème siècle. Les niveaux de formation se précisent lorsque le degré supérieur du CAEG devient indispensable pour intégrer les lycées (décret du 12 janvier 1908). [...]
[...] Item 1 ; Les enseignants et les élèves en EP : Auteur : Loïc Szerdahelyi Titre : Les enseignant-e-s d'EP, éléments pour une histoire sociale et sexuée depuis la fin du XIXème siècle In Partie I : Les enseignants et les élèves en éducation physique Edition : AFRAPS Année : 2012 Préambule Le premier axe est celui d'une analyse sexuée, laquelle ne peut offrir sa pleine mesure qu'en dépassant les seules caractéristiques biologiques de l'individu. Alors que le sexe organise la répartition anthropologique entre les hommes et les femmes, le genre autorise la prise en compte des constructions identitaires, construites-déconstruites autour des pratiques, des valeurs, des symboliques du masculin et du féminin. [...]
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