Toute activité de soin s'apparente à une conduite morale qui s'exprime au travers
d'une éthique agissante. Cette intention éthique se manifeste par l'interaction entre les trois pôles du triangle éthique de Paul Ricoeur : le "je", le "tu" et le "il", c'est-à-dire la recherche de la "vie bonne" ("pôle-je"), avec et pour autrui ("pôle-tu"), dans des institutions justes, une société qui impose les limites ("pôle-il"). Enfin, la mise en oeuvre des actes dans le cadre de l'éthique expriment une compréhension, un don offert au soigné sans autre but que lui-même (...)
[...] Le genre : À l'attention des personnels soignants et véritable éloge du soin, cet ouvrage invite à découvrir les fondements éthiques de la pratique soignante, mettant l'idéal soignant à l'épreuve de la réalité. Le cadre : Complémentarité indispensable des soins du corps ceux de toutes les pratiques soignantes conditionnées par une médecine de plus en plus technico- scientifique, et des soins de l'âme synonymes de véritable capacité de reconnaissance intuitive et rapide (attitude, mots, empathie ) de toute détresse d'une personne en grande souffrance et indispensables à une activité soignante profondément humaine. [...]
[...] La pratique soignante se situe finalement entre la relation éthique et le lien social dans le cadre du principe de justice. En outre, les soignants et les gestionnaires ont le même objectif, prendre soin d'autrui, mais la réalité a tendance à opposer, certes schématiquement, l'idéalisme pur des uns au réalisme froid des autres. La fatigue, souvent dissimulée, fait partie intégrante de l'activité soignante, pouvant soit conduire à la résignation, au renoncement ou au retrait, soit être à l'origine d'un syndrome dépressif appelé le burn-out (maladie de l'âme en deuil de son idéal). [...]
[...] Le travail soignant serait alors un don qui cherche à rendre la viabilité à autrui. Depuis l'Antiquité, la différence entre travailler et œuvrer est fondamentale, révélant une antinomie essentielle entre le travail et la fabrication dans la tradition occidentale. De ce point de vue, assimilés à une œuvre, la médecine et les soins pourraient constituer le moyen d'« aider la nature à parvenir à ses fins. Cependant, l'œuvre, comme tentative d'imiter un idéal, devient un objet qui se doit avant tout d'être utile. [...]
[...] Pourtant, la multiplicité des philosophies abordées n'ont pas permis de définir un idéal du soin, même si chacune a pu apporter une approche convenable, bien que parfois confuse, de l'activité. Cette réponse à la souffrance d'autrui appréhende toujours une crainte fondamentale, celle de la mort. Bien qu'elle soit inéluctable pour chacun d'entre nous, l'éventualité apparaît ici une menace inacceptable, suggérant le délicat problème de la juste distance à avoir avec le soigné. Faut-il éviter toute dérive dangereuse dans une forme de fusion affective ou considérer que l'affectivité est partie intégrante du soin, nécessaire si l'on ne veut dépersonnaliser la relation soignante ? [...]
[...] La relation soignant- soigné est cependant difficile, cristallisée par l'ambiguïté de l'expression distance thérapeutique dont elle ne dit l'exacte proximité. D'ailleurs, si la relation dure dans le temps, le soignant saura et comprendra le mieux (à certains moments) la position du soigné, faite de distance et de proximité. La réunion de cette contradiction philosophique, entre le sentiment et la raison, se fait dans la sollicitude : préoccupation pour autrui qui a pour particularité d'allier la distance du respect et l'union de l'amour. [...]
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