Le livre publié par Yale University Press à Londres reprend l'interview de Susan Sontag par Jonathan Cott publiée en 1979 par le magazine Rolling Stone. Mais le lecteur peut désormais en apprécier la version complète alors que seul un tiers environ du texte avait alors été publié. Une occasion de redécouvrir la pensée vive et tonique de cette intellectuelle américaine marquée à gauche. Susan Sontag aime la forme de l'interview parce qu'elle aime la conversation.
[...] Penser qu'on est responsable de ses maladies est une approche démagogique qui tend à nous écarter des domaines où nous avons de vraies responsabilités. C'est une démarche anti-intellectuelle de gens qui ne croient pas dans la science. Les scientifiques chrétiens pensent que la maladie n'existe pas, pas plus que la mort. Cette attitude ne permet pas de fournir un traitement. Elle ouvre sur une mythologie de la maladie. La tuberculose est particulièrement intéressante. Sa cause fut découverte en 1882 mais son traitement seulement en 1944. [...]
[...] DE L'INSTANT L'instant n'est pas forcément un fragment. Il peut être culmination de ce qui précède. L'épiphanie ou l'orgasme ne sont pas des fragments. FEMINITE ET MASCULINITE Susan Sontag ne croit pas dans la distinction entre féminité et masculinité dans l'écriture, pas plus que dans un style d'écriture lié à la conscience black ou blanche. Je pense que c'est une forme d'oppression que de demander à un écrivain de se conformer à un tel stéréotype. Chez Freud, la femme est nature, l'homme est culture. [...]
[...] Susan Sontag aime la forme de l'interview parce qu'elle aime la conversation. DE L'HISTOIRE crois vraiment en l'histoire, dit Susan Sontag dans son interview à Jonathan Cott pour le magazine Rolling Stone, et c'est quelque chose en quoi les gens ne croient plus. Je sais que ce que nous savons et croyons est une création historique Il nous a été donné un vocabulaire qui est apparu à un moment particulier. Alors quand je vais à un concert de Patti Smith, je m'amuse, je participe, j'apprécie et je suis plus en phase parce que j'ai lu Nietzsche. [...]
[...] Susan Sontag est sensible à la cause féministe mais elle ne veut pas participer à la création d'une identité féminine : elle préfère œuvrer à la dissolution de cette ségrégation. Son souhait : que les garçons soient plus féminins et les filles plus masculines Les femmes ne doivent pas seulement exiger les mêmes droits, mais exercer le pouvoir. DE L'AMOUR On demande tout à l'amour. On lui demande d'être anarchique. On lui demande d'être la glue qui soude les familles, qui permet de maintenir l'ordre dans la société et de transmettre de génération en génération toutes sortes de processus matériels. [...]
[...] On tombe passionnément amoureux, parfois juste pour quelques jours, de quelqu'un qu'on trouve très vite insupportable L'amitié, l'amour amical, peut aussi se révéler une émotion passionnelle, ou bien une forme de tendresse. On a envie de serrer la personne dans ses bras. Il y a bien un aspect physique, mais c'est une forme d'érotisme qui n'est pas sexuelle. On n'a pas envie de se déshabiller devant l'ami. Susan Sontag ne croit pas dans la typologie entre les relations symétriques ou complémentaires. Les relations symétriques seraient des mariages de vrais esprits et les relations complémentaires seraient des mariages de dépendance. Pour elle, une telle conception est a-historique. [...]
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