Avec cet ouvrage « le surréalisme et la peinture » publié en 1928 par la N.R.F., André Breton (1896-1966), poète et théoricien du surréalisme, précise la position du mouvement à l'égard de l'art pictural. Très tôt, en effet, la question de l'existence d'une peinture surréaliste s'est imposée dans les débats du groupe, tandis que les expérimentations menées par certains artistes révélaient un besoin de synthèse entre les formes d'expressions artistiques. Le silence réservé et prudent du Manifeste du surréalisme paru en 1924 – la peinture n'y était pas mentionnée – n'était dès lors plus tenable. En 1928, donc, et sans toutefois évoquer directement l'idée d'une peinture surréaliste, Breton balise le champ à explorer par la peinture, convoque les grands éclaireurs de ces voies nouvelles et dresse un premier panorama du surréalisme en peinture.
[...] Page 17 L'homme à clarinette de Picasso (1912). Il est le type le plus parfait de ses grands échafaudages gris ou beiges que nous laissons derrière nous. L'homme à la clarinette subsiste comme preuve tangible que nous continuons d'avancer, que l'esprit nous entretient obstinément d'un continent futur. Page 18 Du laboratoire à ciel ouvert continuera à s'échapper à la nuit tombante des êtres insolites, des danseurs, des tables adorablement chargées. On dit qu'il ne saurait y avoir de peinture surréaliste. [...]
[...] On connaît de lui un tableau assez infâme pour être intitulé légionnaire romain regardant les pays conquis L'ambition artistique est la plus médiocre de toutes, la plus médiocre a eu tôt fait de dissiper les enchantements. La complète amoralité du personnage en cause a fait le reste. Page 31 Les projets de la jeune fille (1916) de Giorgio de Chirico. Que Chirico ait joui quelque temps d'une rare faculté de discrimination s'exerçant sur les apparences extérieures les plus troublantes, comme tout ce qui, autour de nous, participe à la vie et à la mort. [...]
[...] Les mots chimie de l'intelligence cadrent avec la science de Masson. Page 57 Oiseau percé de flèches de Masson (1925). Page 58 Joan Miro, Nature morte à l'éventail (1915) Page 59 Joan Miro, Terre labourée (1923-24), les sauterelles (1928) Page 60 Joan Miro, la pomme de terre (1928) Avant de passer par la cheminée, il est permis de voir en chaque étoile une fourche, dans un corps humain une substance pleine de points, de lignes et d'angles Page 62 Joan Miro, personnage lançant une pierre à un oiseau (1926), le lièvre (1927) Sur son terrain, Miro est imbattable, nul n'est prêt à associer, comme lui l'insociable, de rompre indifféremment ce que nous n'osons avoir rompu. [...]
[...] Un jour Braque a eu pitié de la réalité. On peut renouveler, sans que cela tire à conséquence, indéfiniment le geste d'offrir un bouquet. Mais c'est beaucoup demander à ce bouquet que de dérober la main qui l'offre, et qui tremble. La main de Braque a tremblé. Les mots, les images, le toucher sont cruels. Braque eut l'idée un jour de transporter 2 ou 3 de ses tableaux au sein d'un champ de blé pour voir s'ils tenaient Ce peut être très beau, à condition qu'on ne se demande pas à quoi tient le champ de blé. [...]
[...] Elle répond à une confusion préméditée de l'homme et de la machine. L'émancipation à l'égard de l'objet extérieur se poursuit. La grande différence entre l'homme et la machine est que celle-ci ne se construit pas, ne se répare pas et ne se détruit pas elle-même, il sera conduit tout naturellement au surréalisme. Page 84 Kurt Schwitters : formes dans l'espace (1920) Page 85 De 1918 à 1921, à l'extrême pointe de la recherche scientifique, il y a une crise absolue de modèle : Le modèle ancien prit dans le monde extérieur, n'est plus, ne peut plus être. [...]
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