Après la découverte du Nouveau Monde par Christophe Colomb en 1492 va s'ensuivre toute une polémique autour de la nature des « sauvages » à laquelle prendront part de nombreux écrivains. Diderot trouva dans le récit de voyage « Voyage autour du monde » de Bougainville et dans les témoignages du Tahïtien Aoutourou que celui-ci ramena, l'occasion d'une double réflexion sur le problème politique et social de la colonisation et sur la question, morale et sociale, de la liberté sexuelle. Dans le premier chapitre, Diderot présente brièvement Aoutourou et Le supplément au voyage de Bougainville par une subtile mise en abyme. De plus il commence à montrer son opinion quant au décalage entre le Nouveau Monde, et le sien, autrement dit, l'ancien…Ainsi nous pouvons nous demander, comment la forme dialoguée sert-elle la réflexion philosophique dans ce texte ?
Nous étudierons dans un premier temps en quoi ce texte suscite la réflexion du lecteur, et dans un second temps, la manière dont la pensée s'élabore à travers le texte, par sa forme dialoguée.
[...] De plus, La réflexion est vivante, s'accorde des digressions. Le lecteur a le sentiment de participer activement à la conversation. La forme dialoguée, est une forme ouverte, dans laquelle le lecteur peut s'immiscer facilement. Il prend part à la conversation, et dans ses pensées intimes, formule sa propre idée philosophique du sujet. L'auteur feint la naïveté L'auteur pose des questions qui semblent naïves derrière le personnage de A. Ce même procédé est aussi utilisé dans le Conte Philosophique. Il pose une question de manière simple, et que le lecteur ne prend peut- être pas le temps de se poser. [...]
[...] Est-ce que vous ne me le confierez pas ? B. Non ; mais nous pouvons le parcourir ensemble si vous voulez. Ici, le lecteur peut suivre clairement la progression de la discussion. Ce passage permet, en outre, au lecteur d'être attiré par la suite du récit, par une subtile mis en abyme du Supplément au voyage de Bougainville. Une réflexion partagée ( Une réflexion philosophique se doit d'être partagée, elle doit fusionner, et par le dialogue, elle entre en contact direct avec le lecteur. [...]
[...] Il permet de révéler les pensées de l'auteur. En effet, l'auteur semble répondre aux interrogations que pourraient se poser n'importe quel lecteur sous le personnage de A. A. Et des sauvages qu'en pense-t-il ? B. C'est, à ce qu'il paraît, de la défense journalière contre les bêtes féroces, qu'il tient le caractère cruel qu'on lui remarque quelques fois. Il est innocent et doux, partout où rien ne trouble son repos et sa sécurité. Toute guerre naît d'une prétention commune à la même propriété. [...]
[...] Tenez, tenez, lisez : passez ce préambule qui ne signifie rien, et allez droit aux adieux que fit un des chefs de l'île à nos voyageurs. Cela vous donnera quelque leçon de l'éloquence de ces gens-là Ici, B permet au lecteur de se sentir comme appartenir au récit, et l'invite à continuer la lecture. Un raisonnement construit A pose de nombreuses questions qui montre la manière dont la pensée se construit. C'est une démarche déductive qui aboutit à une conclusion qui semble évidente pour le lecteur qui a suivit l'intégralité du raisonnement. A. Que leur diras-tu de nous ? B. [...]
[...] Peu de choses, et qu'ils ne croiront pas. A. Pourquoi peu de choses ? B. Parce qu'il en a peu conçues, et qu'il ne trouvera dans sa langue aucun terme correspondant à celle dont il a quelques idées. A. Et pourquoi ne le croiront-ils pas ? B. Parce qu'en comparant leurs mœurs aux nôtres, ils aimeront mieux prendre Aoutourou pour un menteur, que de nous croire si fou. La conclusion de ce passage apparaît comme évidente. Ici, B révèle une terrible vérité que le lecteur ne peut faire qu'approuver. [...]
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