La stratégie de l'émotion, Anne-Cécile Robert, 2018, sentimentalisme ambiant, émotion, authenticité, raison, société, opinion publique, citoyen, médias, politique, sentiments
Anne-Cécile Robert démontre dans cet ouvrage comment le rôle grandissant de l'émotion dans nos sociétés a fini par parasiter non seulement le débat démocratique, mais aussi la décision politique. Elle propose une analyse du sentimentalisme ambiant.
Elle ne fait pas un procès des émotions, mais étudie le rôle qu'on leur fait jouer dans la société. Elle s'aperçoit alors que l'émotion a une place de plus en plus envahissante, elle remplace de plus en plus la raison.
[...] Des médias ultra-sensibles Anne-Cécile Robert observe que les médias ont un rôle important dans la transmission de l'émotion. En effet, elle constate une inversion de la priorité des évènements dans les médias, c'est-à-dire que les évènements qui relèvent du domaine du lacrymal sont mis en avant. Elle illustre ses propos avec la mort de Johnny Hallyday qui s'impose dans les médias face à la reconnaissance par Trump de Jérusalem en tant que capitale d'Israël, alors que cet évènement peut provoquer une crise internationale majeure. [...]
[...] L'émotion est critiquable, car c'est le terrain de la subjectivité et donc de la division. On constate un déséquilibre entre la raison et l'émotion, la dernière représente la facilité par rapport aux difficultés que représente la pensée. La lamentation a pris le pas sur l'action, l'évolution est donc devenue très restreinte. Anne-Cécile Robert a écrit ce livre pour qu'il y ait une prise de conscience générale du caractère néfaste que peuvent avoir les émotions dans notre société. Il est donc important selon elle de limiter la place de l'émotion dans notre société. [...]
[...] L'auteure parle de culte de la victime. Cette centralité de la victime dans le débat public dévie le sens du mot courage. En effet, des intellectuels français essayent de se comparer à Émile Zola qui a publié « J'accuse ». Cependant, Zola, lui, a pris de réels risques de mort et d'emprisonnement contrairement à ces nouveaux intellectuels. Les débats sur les migrants et les violences faites aux femmes sont souvent au cœur des médias qui montrent seulement ce qu'ils veulent sur ces sujets. [...]
[...] Cette forme de solidarité est très sélective, il n'y a pas forcément de sens. La seule pratique de ces marches blanches entretient un fatalisme qui ne mènera à rien, car les marches n'ont aucune conséquence pratique. La société accorde une grande importance aux émotions, c'est pourquoi on observe une systématisation des cellules psychologiques. Cependant, cette pratique risque d'augmenter le traumatisme pour certains individus. Cette importance peut également s'observer au sein du débat public qui est souvent modifié afin de ne pas heurter la sensibilité. L'émotion peut empiéter sur la réflexion. [...]
[...] Il existe des manipulations de sentiments de l'opinion publique. L'auteure cite le faux témoignage de la fille de l'ambassadeur du Koweït devant le congrès des USA en 1990 qui décrit les drames de son pays envahi par l'Irak. Ce témoignage a poussé les élus américains à soutenir la 1[ère] guerre du Golfe qui a permis de libérer le Koweït. Anne-Cécile Robert met en avant la spécificité de la figure de l'opprimé. En effet, les individus pensent que le dominé ne saurait être mauvais, car il est en situation d'infériorité. [...]
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