Dans cet ouvrage intitulé <em>Stigmate, les usages sociaux des handicaps</em>, Erving Goffman introduit la notion de stigmate. Ce terme vient du grec « stigma » qui signifie une marque physique d'infamie. Il y a différents types de stigmates : les stigmates sacrés, les stigmates que la maladie ou l'accident a laissé, les stigmates dus à l'usage d'alcool ou de drogues, les stigmates liés au passé d'un individu dans ce qu'il a fait ou été auparavant, et enfin les stigmates sur la religion ou la couleur de peau par exemple. Ces caractères physiques peuvent être plus ou moins visibles sur l'individu. Ils sont présents quoi qu'il arrive, sont assimilés à des handicaps et font partie intégrante de sa vie et de son identité.
Le stigmate de l'individu a des effets dans la société, c'est ce que l'auteur énonce dans la seconde partie du titre de son ouvrage « les usages sociaux des handicaps ». Il résume les impacts sociaux du stigmate en employant cette phrase : il s'agit de la « situation de l'individu que quelque chose disqualifie et empêche pleinement d'être accepté par la société ». Ainsi, le stigmate discrédite l'individu en société, et s'affirme comme une différence bien réelle qui le démarque de certains autres, appelés les « normaux ». Cependant, le stigmate est ressenti différemment d'un individu à un autre et par les différents acteurs en société (...)
[...] On sent donc un vrai travail de recherche de la part de l'auteur qui au-delà des explications théoriques nous offre des témoignages personnels. Ce livre est également écrit de façon claire, subdivisé en chapitres et sous-parties qui permettent de suivre aisément la pensée d'Erving Goffman. Je pense que c'est un guide d'utilisation des relations sociales efficace qui nous donne des clés pour affronter le handicap de soi ou de l'autre. J'estime, pour ma part, que chacun d'entre nous possède une tare qui nous rend déviant des normes sociales. [...]
[...] Notions préliminaires Goffman classe les individus en différentes catégories. Généralement, lorsque l'on rencontre un individu pour la première fois, nous sommes capables d'identifier la catégorie à laquelle il appartient grâce à son identité sociale. Cette notion est plus large que celle de statut social car elle inclut des attributs personnels (par exemple l'honnêteté) ou structuraux tels que la profession. Il convient également de distinguer l'identité sociale virtuelle, désignant les caractères de l'individu que nous lui attribuons conformément à nos exigences, de l'identité sociale réelle, qui renvoie aux attributs qu'il possède effectivement. [...]
[...] Quand la différence est peu visible, l'individu apprend lors du processus de socialisation qu'il peut compter sur sa discrétion. Aussi, la personne possédant un stigmate secret fréquente des lieux interdits, des lieux policés (où il est accepté) et des lieux retirés ou il peut éviter de se cacher. Le contrôle de l'information est un élément important et agit sur les relations. Plus on passe de temps avec la personne, plus il y a de chance que la différence soit divulguée lors de l'échange de détails personnels. [...]
[...] La principale difficulté rencontrée par le discrédité est de se faire accepter par les normaux alors que pour le discréditable, il s'agit de maîtriser les informations sur son stigmate. L'information sociale Le stigmate est une information sur l'individu. Il le porte et le diffuse aux autres personnes par des signes corporels tout comme les humeurs par exemple. Goffman appelle information sociale ces caractéristiques propres à l'individu (permanentes ou non). Les signes qui la transmettent sont qualifiés de symboles On retrouve dans ce terme les symboles de prestige qui revendiquent une position sociale élevée, par opposition aux symboles de stigmate qui désignent les signes honteux rabaissant la personne. [...]
[...] Nous pouvons dénombrer quatre sortes de déviants : Les déviants intégrés : ils sont totalement intégrés à un groupe concret tout en ayant une place à part dans celui-ci ou inférieure due à leurs actes ou attributs. Par exemple, l'idiot du village. Le déviant intégré se distingue du déviant rejeté qui est lui exclu du groupe bien qu'en constante relation sociale avec lui. Les déviants sociaux : c'est une sous-communauté dont les membres refusent collectivement l'ordre social et la place qui leur est allouée. Ils sont hostiles à toutes les motivations proposées par la société dont ils représentent les échecs. Ce sont les rebelles des institutions sociales, les "marginaux", qualifiés "d'excentriques", de "personnages". [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture