Stendhal et son œuvre font partie des éternels mal classés des ouvrages d'histoire de la littérature française : dans le romantisme, dans le réalisme…Rien n'y fait, l'originalité des œuvres comme de l'auteur déborde toujours la catégorie. C'est pour cela que, selon un critique, « La Chartreuse de Parme se distingue par son pouvoir d'évocation. Le romancier s'est moins appliqué à étudier avec minutie le comportement de ses personnages en les plaçant dans des situations susceptibles de les rendre vraisemblables et naturels qu'à créer une ambiance où faire vivre son rêve. »
Le roman se « distingue » tout d'abord par sa création même : dicté en cinquante-deux jours, ce qui est peu banal. Si l'on relève les possessifs qui parcourent cette citation, on peut noter que le « rêve » dont il est question semble bien être celui de l'auteur lui-même, qui, en tant que romancier, le « ferait vivre » dans sa littérature. Il nous faudra donc nous demander quel rêve est-ce, et comment il le ferait vivre. La création d'une « ambiance », d'une bulle, semble plus importante que le suivi des actions des personnages, ce qui irait, grâce aux possessifs, dans le sens d'un auteur-démiurge, qui tirerait les ficelles, créant les situations et y « plaçant » ses personnages ; le romancier, par le réseau de pronoms possessifs, semble être omniprésent dans cette citation.
On peut alors se demander en quoi La chartreuse de Parme élèverait Stendhal au rang de romancier-démiurge à la conquête du sublime rêvé.
Les conditions de création de ce roman sont placées sous le signe de l'énergie, d'un attachement au réel, qui, progressivement, se déforme, jusqu'à créer un véritable monde de mouvement, un monde-matrice, un monde-système. Enfin, ce monde finit par se transformer en une bulle, à la fois légère, enlevée, fragile, mais capable de décoller.
[...] Stendhal a fait de la Chartreuse de Parme un monde dont le pilier central n'est rien moins que l'amour. Ses personnages ne pouvaient être rien moins qu'extraordinaire pour sortir de la fange du réel et s'élever vers le sublime, jusqu'à l'absolu, au prix de leurs vies ; ils réalisent l'amour pur et spirituel, l'amour comme anima. La prison a permis d'entrevoir le rêve, la vie et la mort de le réaliser. Cet amour s'envole vers l'éternel dès la dernière page tournée. [...]
[...] Le travail est néanmoins maîtrisé et cohérent dans les limites que vous fixez clairement dès l'introduction. Il n'y a pas de hors-sujet. Il faut arriver toutefois à éviter une certaine tendance à la répétition (balisez mieux votre parcours, ce qui permettrait que, s'il y a reprise d'une analyse, ce soit pour l'approfondir ou envisager les mêmes éléments d'un autre point de vue). [...]
[...] Il leur offre la gloire napoléonienne, présente du premier au quatrième chapitre. Il leur offre la gaieté (chapitre les beaux paysages, ponctués par les différents lacs présents dans le texte ; il leur offre la jeunesse : Fabrice se forme tout au long du texte, Gina a treize ans au début du texte, Clélia en a douze lorsqu'elle rencontre Fabrice, au chapitre cinq. Cette jeunesse incarne l'énergie et l'impulsion données par le chapitre un, et la mettent en forme dans cette noblesse d'âme qui les caractérise par leurs grands sentiments : amour, gloire, jalousie, désespoir. [...]
[...] On peut parler de mouvement dans la mesure où tout le premier livre est une jetée en avant où Fabrice multiplie les actions, comme la bagarre avec l'amant de La Fausta, le fait de partir rejoindre Napoléon L'histoire est pleine de rebondissements. Il est alors possible d'évoquer l'image de la fresque baroque, pour le nombre de pages produites, travail de grande ampleur ; qui dit grand tableau, pour filer la métaphore picturale, dit préoccupation moindre pour les détails. Stendhal ne s'applique pas à décrire, il s'y refuse. [...]
[...] La morale du monde réel n'a plus cours ici, nous sommes en Stendhalie : tout est cohérent autour des personnages. Même l'âme foncièrement basse du Prince 372), participe à cette sensation que ces personnages ont des âmes plus riches et plus fortes que le commun des hommes (Prévost), dans la mesure où se joue le jeu des ombres et de l'éclatante lumière ; tout est une affaire de contrastes. Les femmes de ce roman incarnent le contraste, cette palette : tout est nuances de sentiments (Prévost). [...]
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