En 1949, Hans, un paysan estonien, vraisemblablement enfermé quelque part, s'interroge dans son journal sur le sort de sa femme et de sa fille.
A la fin de l'été 1992, Aliide, une femme âgée qui vit seule dans sa maison isolée à la lisière de la forêt estonienne, voit s'échouer dans sa cour un ballot humain : une fille. Aliide l'observe de loin, avec méfiance. La fille porte des vêtements coûteux pour la région, ses bas sont déchirés et son visage est barbouillé de maquillage. Elle parle un estonien d'autrefois avec l'accent russe. La fille dit qu'elle arrive de Tallinn, qu'elle s'est disputée avec son mari, il l'a frappée, elle montre ses bleus. Aliide est mal à l'aise : "les bleus, on les cache", pense-t-elle.
La fille prénommée Zara se méfie, elle aussi ; elle hésite à boire l'eau que la vieille femme lui tend.
Zara essaie de mettre de l'ordre dans ses pensées : Pacha et Lavrenti la retrouveront. D'ailleurs, elle est laide, elle bégaie, elle est juste bonne à être noyée, la tête dans un lavabo.
Aliide n'a pas confiance : cette fille n'est-elle pas un appât lancé par les voleurs qui rôdent ?
Les gestes de l'étrangère accusent sa peur : elle jette sa robe au feu, enfile un vieux pantalon d'Aliide.
L'année précédente, Oksanka, une amie d'enfance de Zara était arrivée chez cette dernière à Vladivostok, dans une voiture de luxe, une Volga noire. Oksanka était richement vêtue, maquillée avec éclat ; tout cela depuis qu'elle travaillait à l'Ouest. Oksanka avait donné à Zara le prospectus d'un hôtel. (...)
[...] Elle parle un estonien d'autrefois avec l'accent russe. La fille dit qu'elle arrive de Tallinn, qu'elle s'est disputée avec son mari, il l'a frappée, elle montre ses bleus. Aliide est mal à l'aise : "les bleus, on les cache", pense-t-elle. La fille prénommée Zara se méfie, elle aussi ; elle hésite à boire l'eau que la vieille femme lui tend. Zara essaie de mettre de l'ordre dans ses pensées : Pacha et Lavrenti la retrouveront. D'ailleurs, elle est laide, elle bégaie, elle est juste bonne à être noyée, la tête dans un lavabo. [...]
[...] Hans se cache. Les grands- parents sont arrêtés, disparaissent à jamais. Au bout de quelques mois, les Russes sont défaits par les Allemands ; la population se croit sauve. Ingel réorganise la vie à la maison, Hans revient. Ingel veille à tout, explique, montre, contrôle ; elle maîtrise la marche de la maison et tout lui réussit. A côté d'elle, Aliide n'est qu'une vieille fille secrètement amoureuse de son beau-frère. Celui-ci invite des soldats allemands à la maison, espérant que l'un d'eux s'intéressera à Aliide. [...]
[...] Pendant ce temps, Aliide a sorti son pistolet. Elle se méfie, peut-être la fille est-elle de connivence avec des voleurs. Mais non, elle rentre demandant des explications sur les graffiti tracés sur la porte : "sale Russe". Allide se contente de répéter que ce sont les garçons du voisinage. En réalité, ces voyous caillassent la maison, mais la paysanne a décidé de ne pas montrer sa peur, même s'ils devaient mettre le feu. Ils veulent l'indépendance de l'Estonie et s'en prennent aux Russes. [...]
[...] Alors, Aliide perd toute retenue. Tous les efforts de sa vie ont été vains : elle sera toujours inférieure à Ingel, Hans ne l'aimera jamais. Elle fait avaler un puissant somnifère à Hans, l'enferme dans le cagibi, bouche toutes les ouvertures. La voiture de Pacha revient. Zara n'a pas le temps de se cacher, elle saute par la fenêtre. Elle observe. A l'intérieur, Pacha, Lavrenti et Aliide ont l'air de bavarder ; puis, ils mangent. Enfin, ils sortent. Soudain, les deux hommes s'écroulent l'un après l'autre : c'est Aliide qui vient de les abattre avec le pistolet qui appartenait à Hans. [...]
[...] Aliide teste l'inconnue : depuis la cour, elle l'observe. Mais, la fille ne fouille pas les tiroirs, n'empoche pas les quelques billets laissés en évidence. Zara est tellement habitée par la peur qu'elle renverse tout, se sent incapable, méritant juste le fouet de Pacha. Après son départ de Vladivostok, un an plus tôt, elle s'était retrouvée à Berlin, dans une chambre délabrée. La veille au soir, son premier soir, elle n'avait eu aucun client sur l'autoroute. Pacha lui avait plongé la tête dans le lavabo. [...]
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