Didier Vrancken et Claude Macquet, professeurs à l'Institut des sciences humaines et sociales de Liège, offrent dans Le travail sur soi une réflexion, déjà esquissée dans un précédent ouvrage, sur l'émergence d'une nouvelle forme d'intervention sur le social. A côté des politiques assurantielles de l'Etat providence seraient apparues depuis les années quatre-vingt des politiques sociales accordant un rôle majeur à l'implication des individus (...)
[...] La société du travail sur soi ne s'apparente donc nullement à un retrait de l'Etat. Au contraire. La souffrance psychique des individus va être mise en récit grâce à l'intervention de nombreux acteurs comme en témoigne l'élargissement progressif du champ de la santé mentale. Aux politiques sociales traditionnelles va désormais se surajouter un nouveau mode de prise en charge des problèmes sociaux qui se caractériserait plus par un travail sur les personnes et sur leur capacité de coopération que par une intervention sur les structures sociales (p.142). [...]
[...] Les interventions publiques reposeraient désormais moins sur l'imposition de normes régulatrices que sur la négociation entre acteurs. Cette procéduralisation des interventions publiques est manifeste à travers l'émergence de dispositifs où sont convoqués de nouveaux acteurs et où l'engagement de chacun est requis. A l'encontre d'un prétendu déclin des institutions, les auteurs soulignent la reconfiguration des institutions dont le rôle devient moins saisissable : L'institution doit davantage être cernée en tant que milieu de capacitation collective et de reconnaissance publique de la parole [ ] Le fait institutionnel n'a sans doute jamais été aussi présente et sa mise en évidence aussi peu aisée (p.182). [...]
[...] Fassin portant sur l'émergence d'un nouveau langage pour qualifier les problèmes sociaux à partir de la souffrance des individus apparaissent utiles pour combler ce manque[1]. On notera d'ailleurs qu'il nous semble préférable, comme le propose ce dernier, d'évoquer une sanitarisation des problèmes sociaux plutôt qu'une médicalisation tel que l'envisage l'ouvrage. La psychologisation du social conduit en effet, note Fassin, à une dépsychologisation des pratiques de santé mentale par l'extension du travail sur soi, au-delà du pathologique, à l'ensemble de la régulation sociale comme le démontrent D. [...]
[...] Vrancken Didier, Macquet Claude, Le travail sur soi : vers une psychologisation de la société?, Paris, Editions Belin, Coll. Perspectives sociologiques p. Didier Vrancken et Claude Macquet, professeurs à l'Institut des sciences humaines et sociales de Liège, offrent dans Le travail sur soi une réflexion, déjà esquissée dans un précédent ouvrage, sur l'émergence d'une nouvelle forme d'intervention sur le social. A côté des politiques assurantielles de l'Etat providence seraient apparues depuis les années quatre-vingt des politiques sociales accordant un rôle majeur à l'implication des individus : De nouvelles modalités de régulation des problèmes sociaux ont été progressivement expérimentées, à l'ombre des politiques protectionelles des Etats sociaux, pour non plus simplement protéger ou indemniser les individus en difficultés, mais les rendre dorénavant acteurs de leur propre parcours d'aide, de formation, de soins ou plus globalement de capacitation (p.6). [...]
[...] Construites sur un modèle de la transaction similaire à celui du contrat de travail, ces nouvelles politiques sociales qui lient l'aide à une série d'obligations ne sont pas sans effets sur l'individu. De bénéficiaire, il devient désormais sujet actif de droit, investi de nouvelles attentes sociales : être capable de maîtriser son destin et apparaître comme l'auteur de sa propre vie (p.127). Mais cette relation, notent les auteurs, s'apparente davantage à un simulacre où l'on fait comme si l'individu était en mesure de construire sa propre trajectoire. [...]
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