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L'ouvrage se compose de deux articles, "La liberté individuelle, une responsabilité sociale" et "Responsabilité sociale et démocratie", écrits respectivement en 1990 et 1996 et publiés en France dans la revue Esprit. Les deux articles traitent sous des angles différents de la conciliation de la politique sociale avec la préservation de la liberté individuelle, en tentant de définir les critères appropriés de redistribution des richesses. Il s'inscrit dans la lignée de John Rawls en ce qu'il tente de concevoir des critères de choix collectifs qui puissent concilier équité et liberté.
"La liberté individuelle, une responsabilité sociale"
Dans le premier article, Amartya Sen propose, dans le cadre d'une analyse empirique des inégalités sociales, de repenser les problèmes soulevés par la conciliation entre efficacité sociale et équité.
En premier lieu, il remet en cause l'utilitarisme en tant que fondement des politiques sociales et économiques. Selon lui, le calcul utilitariste qui vise à maximiser le ressenti de chacun en termes de désirs et de plaisirs peut aboutir à la mise en place de politiques iniques. Amartya Sen prend l'exemple de l'Inde : en termes strictement utilitaristes, la promotion de l'indépendance et de l'alphabétisation des femmes dans les campagnes indiennes ne devrait pas être une priorité du gouvernement dans la mesure où les femmes indiennes se trouvent majoritairement satisfaites de leur sort et n'aspirent pas réellement à mener une vie autre. Devant l'insuffisance de l'utilitarisme pour définir les critères des interventions sociales de l'Etat, Sen forge le concept de "capabilité", qui englobe à la fois les caractéristiques personnelles et les aptitudes des individus et l'organisation sociale dans laquelle il évolue. Selon Sen, seul ce concept permet de comparer les degrés de liberté dont jouissent les individus, étant entendu que la liberté dont il est question est définie de manière très large comme la somme de la liberté négative - les libertés publiques telles que nous les entendons - et de la liberté positive - la possibilité pour tout individu de réaliser ses potentialités personnelles et subjectives (...)
[...] En fait, la capabilité comme critère d'évaluation de l'inégalité permet de développer une autre approche de la pauvreté. Sen relève qu'en matière d'étude de la pauvreté, la méthode couramment pratiquée consiste à tracer un seuil de pauvreté représentant le niveau de revenu en dessous duquel on est considéré comme pauvre ; cette technique, selon l'auteur , a l'inconvénient de ne prêter aucune attention au fait qu'un individu puisse être peu en dessous du seuil ou au contraire très loin de ce seuil ni à l'éventuelle inégalité de répartition entre les pauvres eux-même. [...]
[...] Le terme capabilité est un néologisme qui désigne l'ensemble des modes de fonctionnements humains qui sont potentiellement accessibles à une personne, qu'elle les exerce ou non. Par fonctionnement il faut entendre toutes les façons d'être et d'agir des individus ; par exemple, être bien nourri ou aider les autres sont des fonctionnements. Ces fonctionnements peuvent aller des plus élémentaires par exemple échapper à la mortalité prématurée aux plus complexes par exemple rester digne à ses propres yeux ou être heureux. [...]
[...] La capabilité se comprend donc comme une liberté d'accomplir, une liberté d'avoir accès à la vie que l'on aurait choisie mais pour Sen, il ne faut pas concevoir la liberté dans une acception trop étroite : il ne faut pas se focaliser sur les leviers de commande c'est-à-dire sur la liberté comme contrôle direct mais garder à l'esprit l'importance des choix contrefactuels ce que nous choisirions de vivre ; ainsi, par exemple, s'agissant de la liberté de vivre dans un milieu débarrassé des épidémies, l'individu a rarement en mains les leviers de commande par exemple la prévention générale des épidémies mais la politique publique qui tend à éradiquer les épidémies augmente bien sa liberté de vivre la vie qu'il choisirait de vivre. C'est sur les possibilités qu'offre cette notion de capabilité ou liberté d'accomplir que Sen se fonde pour remettre en cause les utilités ou les ressources comme critère d'évaluation de l'inégalité. L'auteur considère que la capabilité est un critère adéquat pour évaluer l'inégalit et que ce concept est préférable aux critères proposés par Rawls, Dworkin ou les utilitaristes. [...]
[...] En pratique, les impératifs de liberté avancés par les libertariens comprennent très généralement de fortes doses de liberté égale ; ils tiennent par exemple à ce que chacun soit également à l'abri des interférences des autres. La liberté est importante et il faut concevoir les modes d'organisation sociale de façon à promouvoir légalité des libertés dont disposent les individus ne peuvent pas être des idées contradictoires. Il peut bien entendu y avoir conflit entre celui qui préconise l'égalité de variables spécifiques le revenu, le capital culturel etc. [...]
[...] ) La responsabilité de la société à l'égard de la liberté individuelle impose qu'on attache de l'importance à l'accroissement des capabilités. Repenser l'inégalité Repenser l'inégalité est un ouvrage d'économie politique dont le but est d'orienter le débat sur l'inégalité dans une direction sensiblement différente des approches traditionnelles, notamment de l'approche utilitariste et des approches fondées sur le critère des revenus ou des ressources. Une nouvelle fois, Amartya Sen s'efforce de définir les fondements justes pour les choix économiques, dans la lignée des travaux de John Rawls et de sa Théorie de la justice. [...]
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