En 1897, Jules Verne est sans doute inspiré par la lecture d'un compte-rendu du roman de Herbert George Wells, L'homme invisible, en imaginant à son tour l'histoire d'une « fiancée invisible ». Ce roman rédigé entre avril et juin 1898 n'est pourtant pas le seul texte de Verne à évoquer ce thème de l'invisibilité. Déjà, Le Château des Carpathes, autre roman d'amour paru en 1892, mettait en scène le « fantôme » d'une femme disparue, la cantatrice Stilla dont la voix et l'image alors ravis par le dilettante Rodolphe de Gortz constituaient deux instruments de vengeance visant à attirer le rival Franz de Télék dans la vieille forteresse.
Un récit de passion, un récit de vengeance, Le secret de Wilhelm Storitz en est un aussi. Il met en effet en scène un amant éconduit, qui n'est autre que le descendant d'un savant allemand, qui a juré de se venger du déshonneur fait par la famille Roderich en lui refusant la main de Myra, alors promise à un peintre français. Héritier des découvertes de son père, celui-ci va multiplier les affronts faits à la famille de la jeune fille, afin d'empêcher le mariage entre celle qu'il aime et le jeune Marc Vidal qu'il méprise.
[...] p.438 Jean-Pierre Picot, Kéraban-le-thétique, portrait de Jules Verne en fantastiqueur masqué dans Otrante, Art et littérature fantastique : Jules Verne et la veine fantastique, Kimé p.104 [24]Jules Verne, Le secret de Wilhelm Storitz, Gallimard, coll. Folio p.202 Ibid. p. 172-173 Serge Meittinger, La ressemblance et l'invisibilité, ou le secret de Wilhelm Storitz dans Otrante, Art et littérature fantastique : Jules Verne et la veine fantastique, Kimé p Edgar Poe, Le Portrait Ovale dans Nouvelles Histoires Prodigieuses, Gallimard p Jules Verne, Le secret de Wilhelm Storitz, Gallimard, coll. [...]
[...] Chargé, outre les miens propres, des intérêts de ma mère, de ma femme, et de mes enfants, j'ai le devoir d'autant plus étroit de chercher à améliorer cette situation dans la mesure de mon pouvoir et de m'efforcer de tirer le meilleur parti possible de la fortune laissée par mon père, et notamment de la portion de cette fortune représentée par son œuvre littéraire. Correspondance inédite de Jules et Michel Verne avec l'éditeur Louis-Jules Hetzel, T.II, Slatkine p Lettre du 3 mai 1905 A 517 Traité du 7 mars 1906 sur les œuvres posthumes, article II Ibid. p Article V Ibid. p La revue Le Journal se doutera de la supercherie lors de la publication du roman Les naufragés du Jonathan en 1909. [...]
[...] p.306 Jules Barbier et Michel Carré, Les Contes d'Hoffmann (pièce représentée à l'Odéon en 1851) : http://opera.stanford.edu/Offenbach/drame/main.html consulté le 03/08/2008 Le livret de cette pièce est une réécriture des contes L'homme au Sable, Le conseiller Crespel, et L'aventure de la nuit de la Saint- Sylvestre. Source : Centre International Jules Verne http://www.cijv.fr/03bibliographie4.htlm consulté le 22/01/09 Jules Verne, Le secret de Wilhelm Storitz, Gallimard, coll. Folio p.173 Ibid. p.293 Voir l'intrusion de l'homme invisible au sein de l'église de Ragz au chapitre XII : Ce n'était pas dans une église que cette intervention aurait pu s'exercer. Est-ce que la puissance du Diable ne s'arrête pas au seuil du Sanctuaire de Dieu ? [...]
[...] Mais le descendant de l'auteur change la donne en faisant de Storitz un assassin potentiel, prêt à tuer afin d'empêcher l'union entre celle qu'il aime et un rival chanceux. Au chapitre XIII de la version apocryphe, l'homme invisible agresse physiquement Marc Vidal avec la lame d'un couteau, de la même manière qu'il provoque la chute d'un sergent de la police locale du haut d'un escalier, lors de la perquisition de sa demeure dans le chapitre IX. Ces agressions directes décrédibilisent le personnage qui apparaît davantage comme un magicien politiquement incorrect dans la première version, plutôt que comme un tueur en lui-même. [...]
[...] Il ne s'agit plus dans ce texte d'une énième victime de l'homme invisible, ni plus seulement du narrateur, Henri devient une figure d'autorité dont l'intelligence rationnelle doit sauver le couple Marc-Myra : Je fis bientôt acte d'autorité ( ) je commençai une visite minutieuse et méthodique de l'hôtel, avec l'aide de tous ses habitants, y compris le capitaine haralan et Mme Roderich elle-même, qui dut, sur mon injonction, abandonner le chevet de sa fille ( ) Désormais, personne n'entrerait sans ma permission, et je me promettais de faire en sorte qu'aucun intrus, fut-il cent fois invisible, ne réussit à s'insinuer incognito en même temps que le visiteur par moi reconnu et accueilli.[18] L'omniprésence du narrateur-personnage octroie ainsi au texte un héroïsme vraisemblable devant anéantir la dimension subversive des agissements de l'homme invisible. La portée symbolique des apparitions de Wilhelm Storitz dans la version d'origine devient ici policée par Michel Verne, qui tend à réduire l'aura romantique du personnage. Les nouveaux méfaits de Storitz Dans le récit de Jules Verne, le thème de l'invisibilité est étroitement associé au mal et à des entreprises violentes qui visent à s'assurer le pouvoir. [...]
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