Dans une zone résidentielle proche de Londres, chic et sécurisée, tous les adultes sont retrouvés morts alors que les enfants ont disparu. Ce pourrait être le début d'un roman policier, mais avec JG Ballard, c'est un psychiatre qui mène l'enquête. L'impensable est formulé. Il devient réalité. Dans un style concis, vif, l'auteur nous conduit au cheminement qui a déterminé les meurtres, entre une ultime révolte et une désensibilisation totale au monde.
JG Ballard ou l'obsession de la modernité
L'oeuvre de James Graham Ballard s'inscrit dans une seconde moitié du XXème siècle consumériste et individualiste, entre violence, tranquillité absolue et sécuritaire, voire aseptisation. Elle se situe également entre pessimisme et lucidité, selon le regard qu'on lui porte.
La vision du monde de Ballard, sombre et critique, prend sans doute racine dans une enfance atypique. Né en 1930 à Shanghai, il découvre très tôt une vie rude, une ville où les gens meurent en pleine rue, sans que personne ne s'en émeuve ou réagisse. En 1942, quand les japonais envahissent la Chine, il est fait prisonnier dans un camp jusqu'à la fin de la guerre. Il arrive en 1946 en Angleterre, un pays qu'il trouve morne et le déçoit mais où il restera jusqu'à sa mort en 2008. Cette existence peu ordinaire fait l'objet de deux romans : L'Empire du soleil, porté sur grand écran en 1984 par Steven Spielberg, et La vie, et rien d'autre, publié peu de temps avant le décès de l'écrivain.
La vie en Angleterre commence par des études à Cambridge, un engagement dans les forces navales, un engouement pour le surréalisme et la psychanalyse et, dès 1962, l'écriture de nouvelles et de romans (...)
[...] Ce paradoxe suscite un certain malaise car JG Ballard sait, de façon très sobre, le rendre crédible. Désincarnée, la violence n'est qu'un instrument, une façon d'évoluer qui agit très loin de toute considération éthique, de toute sensation. Par ailleurs, elle n'épargne pas les classes sociales aisées et ne constitue pas seulement un mode de fonctionnement des plus défavorisés, que l'isolement pourrait suffire à éloigner, à défaut de l'éradiquer. Ce roman interpelle, bien au-delà de l'enquête, sur les sociétés modernes et leur recherche sécuritaire, là où la violence devient intolérable alors même qu'elle est une part inhérente de l'humanité, qui ne peut que s'exprimer. [...]
[...] La modernité est obsession. Elle est surtout déshumanisation. Et ses conséquences sont dramatiques, comme si chacun ne faisait que courir vers sa propre perte et parfois celle des autres. Anticipation, caricature, analyse sociale, il est probable que chacune de ses grilles de lecture se fonde dans l'œuvre de JG Ballard, dans cette écriture mordante et dérangeante. II) Une déshumanisation surprenante A Pangbourne Village, lorsque l'enquête sur le meurtre des adultes et la disparition des enfants piétine, il est fait appel aux services d'un psychiatre. [...]
[...] JG Ballard ou l'obsession de la modernité L'œuvre de James Graham Ballard s'inscrit dans une seconde moitié du XXème siècle consumériste et individualiste, entre violence, tranquillité absolue et sécuritaire, voire aseptisation. Elle se situe également entre pessimisme et lucidité, selon le regard qu'on lui porte. La vision du monde de Ballard, sombre et critique, prend sans doute racine dans une enfance atypique. Né en 1930 à Shanghai, il découvre très tôt une vie rude, une ville où les gens meurent en pleine rue, sans que personne ne s'en émeuve ou réagisse. [...]
[...] Cette vision apocalyptique, qui peut être lue comme un appel à se soucier un peu plus de son environnement, n'interdit pas à JG Ballard une critique mordante du fanatisme de certains groupes écologiques, sujet de la course au paradis Ce regard au vitriol marque toute l'œuvre de l'auteur, ou quasiment, notamment lorsqu'il décrit la société contemporaine ou plus exactement l'envers du décor. Pour JG Ballard, il y a en l'homme une violence et une perversité que les costumes les plus civilisés ne peuvent dissimuler. Dans Super Cannes les cadres de la banlieue chic vont se défouler sur les habitants moins bien lotis des cités voisines. Crash repris par le cinéaste David Cronenberg en 1996, mêle accidents, violences mécaniques et sexualité. [...]
[...] Pour Ballard, qui emprunte la voix du psychiatre, elle est inhérente à la nature humaine. Les enfants et adolescents ne sont pas, sur cette caractéristique, très différent des adultes, si ce n'est que leur personnalité est en cours de construction et que l'influence du milieu est d'autant plus forte. Cette conviction et le climat particulier de Pangbourne Village conduisent très vite le psychiatre à la conclusion que ce sont les enfants qui ont tué leurs parents, froidement, sauvagement, mais sans haine. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture