SCENE III
Une femme est conduite dans le salon. Elle s'enquiert d'une certaine Florence, en vain. Quand elle aperçoit l'homme, elle s'inquiète : est-il son bourreau ?
L'homme la rassure et se présente : il se nomme Garcin.
Elle est Inès Serrano.
Afin de préserver leur entente, ils s'accordent sur des règles de vie : que chacun reste cordial et de préférence silencieux. Garcin occupe le fauteuil tandis qu'Inès arpente la pièce de long en large. Quand la jeune femme remarque avec une certaine contrariété que le visage de Garcin est déformé par un tic qu'il ne peut réprimer. La peur de l'enfer et de souffrir le tourmente. Pour ne pas énerver davantage sa codétenue, il décide de cacher son visage (...)
[...] Celui-ci la repousse. Furieuse, la jeune femme menace de tuer Inès avec un coupe-papier mais que peut-elle faire contre quelqu'un qui est déjà mort ? Chacun, en avouant ses crimes, se révèle à jamais coupable aux yeux des deux autres. Jamais ils ne pourront mentir, jamais ils ne pourront retrouver leur honneur déchu. Ils sont condamnés à se voir et à être vus tels qu'ils sont dans toute leur indignité. La torture morale est insoutenable. Voilà ce qu'est l'Enfer : les autres. [...]
[...] Jean-Paul Sartre, Huit clos Pièce en un seul acte. Scène I Un homme est introduit dans un salon sans fenêtre et sans issue. Il s'étonne : aucun instrument de torture, aucun bourreau, l'enfer n'est vraiment pas ce qu'il avait imaginé. Mais son soulagement est de courte durée. La perspective de vivre toute une éternité dans cette pièce, dont la décoration ne lui plait guère, l'angoisse. Eperdu, il réclame à grands cris sa brosse à dents, demande aussi vaine que grotesque. [...]
[...] Elle s'installe et se présente : Estelle Rigault. Scène V Inès, qui est lesbienne, montre aussitôt son intérêt pour la belle Estelle. Une conversation s'engage entre les trois prisonniers dont le mot mort est interdit. Chacun évoque sa vie et les circonstances de son décès : Inès, préposée aux postes, s'est asphyxiée ; Garcin, journaliste, a été fusillé ; Estelle a succombé des suites d'une pneumonie. Pendant ce temps, ils observent la vie de ceux qui leur ont survécu se poursuivre sur Terre : Estelle assiste à son enterrement, Garcin aperçoit sa femme et ses collègues du journal. [...]
[...] Pourtant jamais elle ne put consentir à divorcer. En effet l'argent de son époux permit de soigner son frère malade. A son tour Garcin explique : Directeur d'un journal, il était farouchement pacifiste si bien qu'il refusa de se battre. C'est pourquoi il fut fusillé. Mais sont-ce bien les raisons qui les menèrent en Enfer ? Assurément non fulmine Inès. Elle dénonce les mensonges de ses camarades. Une seule raison peut expliquer leur présence ici : tous trois sont des assassins. [...]
[...] Garcin les exhorte à se taire. Mais Inès insiste. Elle veut connaitre la vérité. Que chacun avoue les crimes qu'il a commis. Garcin confesse avoir tourmenté sa femme qui est morte de chagrin. Inès est coupable d'avoir séduite Florence, la femme de son cousin. Elle élimina son rival en le poussant sous les roues d'un tramway. Six mois plus tard, une nuit, Inès ouvrit le gaz entrainant sa mort et celle de Florence. Enfin Estelle avoue : de son adultère est né un enfant, qu'aussitôt elle noya sous les yeux du père. [...]
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