L'ensemble du roman, fort complexe, tourne, pour l'essentiel, autour d'une interrogation fondamentale qui hante Georges, le personnage principal : le capitaine de Reixach, tué en mai 40 par un parachutiste allemand, est-il mort par accident ou appelait-il cette mort de ses voeux, s'est-il laissé abattre ? Le lecteur suit Georges, cousin de Reixach, dans cette quête de la verité ; il discute avec son camarade d'infortune Blum, très caustique, et interroge Iglésia, qui était le jockey de l'écurie des Reixach et l'amant de la femme du capitaine. Une peinture saisissante de la guerre, gouffre, bourbier gigantesque qui engloutit tout, émane de ce roman à l'écriture envoutante, aux phrases lancées au galop (ponctuation très réduite, fort peu de points, beaucoup de parenthèses, de participes présents, tendance à l'accumulation... tels sont, très brièvement, les traits principaux du style de Claude Simon) (...)
[...] C'est la rupture : elle l'insulte. Cela faisait trois mois qu'ils couchaient ensemble. Georges s'interroge toujours sur le sens de la mort de de Reixach Refrain lancinant : Comment savoir ? Dans l'armée, il n'y a même plus de formation régulière. Le mystère plane encore sur les relations qu'ont entretenu Corinne et Iglésia ; à la fin de la guerre, elle nie tout et ne se préoccupe même pas de savoir ce qu'il est devenu Le théâtre de la guerre semble désormais bien vide ; le bruit du canon s'éloigne. [...]
[...] Il a l'air, devant l'auditoire, d'un véritable guignol. Blum déclare brutalement à Georges : tu es là à ressasser, à supposer, à broder, à inventer des histoires, des contes de fees là où je parie que personne excepté toi n(a jamais vu qu'une vulgaire histoire de cul entre une putain et deux imbéciles Blum cherche à démystifier l'histoire de l'ancêtre de Reixach, contre le caquetage d'une femme soucieuse protéger la réputation d'un de ses semblables Reixach serait rentré à l'improviste chez lui ; sa femme, pendant ce temps, batifolait avec son amant Georges dit à Blum qu'il mélange tout, en vain ! [...]
[...] Retour à la grange, face au cheval agonisant. Blum dit alors qu'à part la certitude de crever qu'est-ce qu'il y a de plus réel ? Iglésia leur raconte peu à peu son histoire : il apparaît comme un misérable jockey, que de Reixach a engagé car sa femme Corinne avait été prise d'un caprice : avoir une écurie de courses ! mais très vite, elle se lasse de cette idée, comme de tous ses autres caprices : achat d'une voiture italienne, d'un demi-sang La 1ère fois qu'Iglésia a vu Corinne, il l'a prise pour une enfant mais bientôt il réalise qu'elle est la femme la plus femme qu'il eût encore jamais vue Iglésia donne des conseils à de Reixach avant la course ; celui-ci s'est mis en tête de monter une pouliche prometteuse mais fougueuse Corinne s'oppose résolument à ce qu'il monte cette jument ; aussi menace-t-elle Iglésia et lui donne-t-elle de l'argent pour jouer elle est furieuse. [...]
[...] Ils arrivent alors au cantonnement, entrent dans une grange ; Georges est frappé par le charme d'une jeune fille, qui disparaît derrière un rideau sur lequel est dessiné un paon elle lui semble irréelle et fort lumineuse, luminescente, comme si toute cette interminable chevauchée nocturne n'avait e d'autre raison que la découverte de cette chair diaphane modelée dans l'épaisseur de la nuit : non pas une femme mais l'idée même, le symbole de toute femme Les cavaliers sont épuisés. Rêve érotique de Georges. Georges se réveille, le matin, dans la grange au cantonnement : un cheval est malade. Iglesia astique son harnachement ou celui de de Reixach. [...]
[...] C'était au printemps Georges peint un tableau saisissant et écœurant, vertigineux de la guerre : cette sorte de crasse poussiéreuse et puante de la guerre Les personnages Georges, et le juif Blum notamment sont désormais dans le wagon de prisonniers, couchés dans le noir, entassés, sans pouvoir bouger ; toute notion du temps s'evanouit, impossible de dire depuis combien de temps ils se trouvent dans ce train immonde . Ils évoquent la mort de de Reixach. Avant l'accident ou le suicide déguisé de Reixach leur a payé à boire. Georges se souvient du défilé des jockeys, du vertige des couleurs de leurs casaques Iglésia portait une casaque rose, rappelant la chair de son amante Corinne, en robe rouge De nouveau, la route, les ombres des chevaux. Soudain, Georges aperçoit un cheval mort, motif lancinant dans l'ouvrage. [...]
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