Le Discours sur les sciences et les arts, 1750, est le premier écrit de Rousseau. C'est alors qu'il rend visite à son ami Diderot emprisonné à Vincennes pour sa Lettre sur les aveugles, que Rousseau a une illumination. Il feuillette le Mercure de France et y trouve le sujet du concours de l'Académie de Dijon : "Si les sciences et les arts ont contribué à corrompre ou à épurer les moeurs". Rousseau décide d'y participer et finit lauréat du concours avec son Discours sur les sciences et les arts, qui insiste sur l'amour de la vertu et le mépris des richesse (...)
[...] Il s'indigne de l'uniformisation d'une société qui prône un certain bon goût et où il convient de suivre les usages et non son propre génie. Rousseau entend bien se détacher de cette uniformisation pour montrer sa singularité. Il déplore que l'on n'ose plus paraître tel qu'on est. Il fait implicitement référence aux Lettres Persanes de Montesquieu en imaginant le regard d'un étranger sur notre société mais il déclare que cet étranger devinerait de nos moeurs exactement le contraire de ce qu'elles sont. Après avoir énoncé très clairement sa thèse, il va l'illustrer d'exemples précis empruntés à l'Antiquité. [...]
[...] Il déclare qu'elles sont inutiles et en profite pour fustiger le luxe généré par les sciences et les arts. Il réfléchit sur la place de l'artiste dans la société en prenant à parti Voltaire. Il soulève la question suivante, encore très actuelle: "Que deviendra la vertu, quand il faudra s'enrichir à quelque prix que ce soit?" (référence au système de Law, Ecossais "surintendant des finances" qui provoqua une banqueroute et dût s'enfuir en 1720). Il déplore la naissance de la société de consommation dont parlait déjà Montesquieu dans l'Esprit des Lois: "Les Anciens Politiques parlaient sans cesse de moeurs et de vertu. [...]
[...] Il souligne également les grands crimes commis par des ignorants et non causés par les arts. Il admet que les arts ont causé des conflits mais qu'ils ne sont pas cause de la dégénérescence. Les arts sont pour Voltaire la victime de la société (censure, emprisonnements). Il critique la volonté de Rousseau de revenir en arrière, à un âge d'or chimérique, ce retour en arrière étant synonyme de régression. Et surtout, Voltaire souligne la plus grande contradiction du Discours: les lettres, l'éloquence critiquée servent à Rousseau dans son discours. [...]
[...] Il procède par amplifications et antithèses. Pour donner plus de poids à sa thèse, il fait parler Socrate qui prône la modestie et qui donne avant tout un exemple de vertu. Il donne aussi l'exemple de Caton et fait parler Fabricius dans une prosopopée (figure littéraire qui consiste à prêter la parole à un absent ou à un mort). La fin de la première partie est marquée par une envolée lyrique et pose le thème de la seconde partie "Quoi! [...]
[...] Il rejoint ainsi le message des Lumières, en disant que les arts et les sciences doivent être utilisés par les hommes à l'intelligence supérieure: "Que les savants de premier ordre ( . ) obtiennent la seule récompense digne d'eux; celle de contribuer par leur crédit au bonheur des peuples à qui ils auront enseigné la sagesse. C'est alors seulement que l'on verra ce que peuvent la vertu, la science et l'autorité animées d'une noble émulation et travaillant de concert à la félicité du genre humain". [...]
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