L'anthropomorphisme – autrement dit, la tendance à attribuer aux animaux des sentiments humains – des personnages engendre l'aspect satirique du récit. Les personnages, tout en agissant comme des humains – mais s'affrontant également aux humains qui sont les personnages secondaires du Roman de Renart -, sont influencés par leur nature animale stéréotypée : le renard rusé, le loup stupide, l'ours balourd, le lion dominateur, le coq prétentieux… Ce qui est à l'origine du comique de ces aventures. Parmi ces animaux, il n'y a pas de bêtes fabuleuses comme la licorne, ce sont tous des animaux communs.
[...] Aussitôt, Isengrin déclare qu'il a mal à l'oreille et se couche au même endroit et proclame qu'il est guéri quelques instants plus tard. La critique est assez subtile car sur un premier miracle que l'on peut tenir pour vrai, on en rajoute des faux qui sont destinés à favoriser l'intérêt. Les confessions, quant à elles, occupent une place importante dans cette œuvre. Par exemple quand Renart se confie plusieurs fois lorsqu'il croit qu'il va mourir. Ses confessions ressemblent plutôt à la vantardise de ses exploits sans regret apparent. [...]
[...] La justice est mise en cause à plusieurs reprises dans le roman, lorsque Noble tient cour plénière : à travers les attitudes du souverain qui fait office de magistrat suprême, c'est la justice qui est visée. Elle est changeante et influençable comme le montrent les sentences irrésolues et impulsives du Lion qui, ayant tout d'abord acquitté Renart, revient sur sa décision après la plainte disproportionnée de Pinte. Ensuite, elle est impuissante, malgré la crainte générale générée par Noble. Ce dernier se fait berner comme tout le monde et laisse Renart impuni. [...]
[...] Tous respectent la loi et la justice rendue par le roi, à l'exception de Renart, qui seul bafoue son autorité, et sème la pagaille dans les foyers. Il incarne la revanche à prendre par le peuple sur la noblesse écrasante : par sa ruse, il triomphe des plus grands, mais est le plus souvent berné par les petits. Le Roman de Renart sur le plan économique Cet aspect du Moyen Âge touche surtout les humains dans le roman. La principale activité économique est l'agriculture et celle dernière présente plusieurs problèmes tels que le faible rendement des sols et le manque de bétail. [...]
[...] Le dosage entre animalité et humanité varie selon les branches et les auteurs. Renart est à la fois le petit animal au pelage roux –donc rusé, trompeur et à la gorge blanche –donc capable de jouer les vieillards affaiblis lorsqu'il le faut et le puissant vassal de Noble le roi, en révolte ouverte contre son seigneur, prétextant, pour échapper à la mort, un vœu de croisade qu'il oubliera aussitôt. Les rapports qui se tissent entre hommes et bêtes sont aussi l'occasion de nombreuses échappées sur la vie quotidienne des paysans : la basse-cour et ses poules restent le terrain d'action favori du goupil. [...]
[...] Toutefois, Renart dénonce la faim, la violence et la bêtise mais ne propose rien : ce n'est pas son affaire ! Les œuvres les plus tardives comme Renart le Bestourné (à l'envers) de Rutebeuf et Renart le Contrefait (1319-1342) accentuent encore la dimension satirique. En fait, Renart représenterait le petit peuple, toujours prêt à mille jongleries pour survivre ; Ysengrin incarnerait quant à lui la bourgeoisie, lourde et patentée ; Grimbert, le blaireau personnifierait le clergé et Brun, l'ours, la noblesse. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture