Nous sommes à Florence en Novembre 1494, au moment où le roi de France s'apprête à conquérir cette cité de fleurs. Dans une cellule du couvent de San Marco, la philosophie a rendez-vous avec le fanatisme. Pic de la Mirandole attend Savonarole pour le mettre en garde contre les excès de sa foi. Ce fou de Dieu, qui fascine les Florentins, annonce un grand bûché des vanités où seront sacrifiés non seulement les livres scélérats mais aussi les miroirs, les cosmétiques, les robes richement travaillées, les bijoux, les instruments de musique et même des chef-d'œuvre de la peinture florentine.
Tout en se préparant à cette confrontation décisive, le jeune philosophe explore les palais de sa mémoire. En naissant, il avait tous les dons : la beauté, la noblesse, la fortune, la curiosité, l'enthousiasme, la sincérité, une mémoire prodigieuse. A seize ans, ce génie précoce débattait avec les plus grands théologiens. A vingt-trois ans, les érudits venaient consulter cet expert en langues anciennes et modernes.
En cet hiver fatidique de 1494, il n'a que trente et un ans et il est peut-être le seul à pouvoir arrêter le bras vengeur de Savonarole... Mais peut-on éteindre un incendie avec de belles paroles ?
[...] Ambrogio, Florence (détail) : Marsile Ficin, Pic de la Mirandole, Angelo Poliziano AKG Paris/Orsi Battaglini 4. Étude de l'œuvre Catherine David fait revivre Pic de la Mirandole, ce grand érudit, à travers une histoire qui nous tient en haleine. Elle a su utiliser la trame historique véridique comme canevas et combler les lacunes par son imagination. En effet, on en sait assez, mais pas trop sur la vie de ce grand esprit que fut Giovanni Pic de la Mirandole (en italien Giovanni Pico della Mirandola). [...]
[...] Son intervention auprès de Laurent de Médicis a été en effet déterminante pour la venue de Jérôme Savonarole à Florence en 1482. L'enlèvement à cheval de Marguerite Mariotto de Médicis par Pic de la Mirandole en mai 1486 est un fait attesté par les annales de l'époque, ainsi que le massacre et le scandale qui s'en sont suivis. Les éléments du parcours intellectuel de Pic de la Mirandole sont en principe exacts, même si l'auteur a un peu négligé l'aspect aristotélicien de sa philosophie au profit du néo-platonisme. [...]
[...] Le nouveau statut de l'artiste, désormais considéré non plus comme un simple artisan mais comme un créateur, recherché par les mécènes - pour la plus grande gloire desquels il œuvrera - et respecté pour son érudition et son imagination, est à la fois la conséquence et la cause première du développement de l'art renaissant. A l'instar du rôle social de l'artiste, les attitudes devant l'art connaissent une mutation. L'art est prisé non seulement parce qu'il véhicule l'enseignement social et religieux, mais encore parce qu'il constitue un mode d'expression personnelle qu'il convient de juger selon des critères esthétiques. Jérôme Savonarole Savonarole naquit en 1452 dans une famille de médecins de Ferrare et entreprit des études médicales et humanistes. [...]
[...] Le mystère reste entier en ce qui concerne la mort prématurée de Pic de la Mirandole, à trente et un ans, le jour même de l'entrée du roi de France Charles VIII à Florence. Comment croire que cette coïncidence ait été fortuite ? Nous savons que Pic de la Mirandole s'est en effet rendu au couvent de San Marco après avoir entendu Savonarole prononcer son premier sermon sur Aggée dans la cathédrale Santa Maria del Fiore le 1er novembre 1494, et qu'il était alors en bonne santé. [...]
[...] On peut imaginer que Pic de la Mirandole s'est rendu à San Marco le 1er novembre non pour adhérer à la folie ambiante, mais pour s'opposer de toutes ses forces à l'autodafé programmé par Savonarole- et qu'il a payé de sa vie cet acte de résistance. Pour le dire encore plus clairement, j'imagine que Savonarole a fait empoisonner Pic de la Mirandole après avoir échoué à l'enrôler dans ses rangs. Ne pouvant l'utiliser vivant pour faire sa propagande, il s'est servi de son cadavre. Justement, le roi de France avait demandé à rendre visite au célèbre philosophe. Savonarole pouvait sans attendre lui annoncer à la fois sa mort et son entrée dans les ordres. [...]
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