Samuel Beckett tenait farouchement aux didascalies qu'il prenait soin de faire respecter. Gildas Bourdet l'a compris à ses dépens lorsqu'en 1989 il imagina un décor à dominante de rouge et de rose pour sa mise en scène de Fin de partie : Beckett refusa que celle-ci soit montrée telle quelle. Le rôle des didascalies est donc capital pour l'écrivain. Comme dans la plupart de ses œuvres, les didascalies de Fin de partie contribuent fortement à faire de l'œuvre telle qu'elle est écrite une mise en scène dramatique totale et témoignent de la rupture avec une écriture théâtrale traditionnelle.
Les didascalies fixent le décor, fenêtres, poubelles, la disposition des choses les unes par rapport aux autres, la lumière, elle doit être « grisâtre ». Les costumes des personnages sont aussi pensés par l'auteur, surtout à la fin. Clov porte les attributs de celui qui part : « Panama, veston de tweed, imperméable sous le bras, parapluie, valise » (110). Elles fixent le jeu des acteurs avec beaucoup de précisions.
[...] Quel rôle jouent les didascalies dans l'écriture théâtrale de "Fin de partie" de Beckett ? Samuel Beckett tenait farouchement aux didascalies qu'il prenait soin de faire respecter. Gildas Bourdet l'a compris à ses dépens lorsqu'en 1989 il imagina un décor à dominante de rouge et de rose pour sa mise en scène de Fin de partie : Beckett refusa que celle-ci soit montrée telle quelle. Le rôle des didascalies est donc capital pour l'écrivain. Comme dans la plupart de ses œuvres, les didascalies de Fin de partie contribuent fortement à faire de l'œuvre telle qu'elle est écrite une mise en scène dramatique totale et témoignent de la rupture avec une écriture théâtrale traditionnelle. [...]
[...] le récit de Hamm interrompu près de quarante fois. Même segmentation des mots, comme le mot absolu scindé en deux par les bâillements de Hamm (17). Ces dislocations ont une fonction burlesque et comique : cf. suspension de la prière qui mène au blasphème et au dénigrement, le salaud, il n'existe pas (76). Le dialogue est segmenté : ralenti, il est voué à l'échec et à la redondance. L'action et les dialogues de Fin de partie s'enlisent et n'aboutissent à rien : cf. [...]
[...] II- Une écriture en rupture Le silence, une donnée surabondante L'expression (Un temps apparaît près de quatre cents fois. S'y ajoutent d'autres indications scéniques suggérant le silence: pantomimes muettes ou suspension implicite de la parole à l'intérieur des répliques. Ces temps d'arrêt de la parole mettent en péril ce qui constituait un langage dramatique reposant uniquement sur les échanges des personnages. Dialogue constamment en sursis: Hamm, par ses ordres et ses questions, le relance sans cesse. Son interlocuteur principal, Clov, coopère peu ou mal. On aboutit à un cas limite de texte théâtral. Un cas limite ? [...]
[...] ouverture, gestes de Nagg et Nell qui avancent péniblement l'un vers l'autre, n'arrivent pas à se toucher, s'écartent allées et venues de Clov, il sort et entre près de quinze fois, autant d'indices scéniques qui découpent l'action en microséquences. Le texte dramatique se présente comme une partition théâtrale qui ne s'attache plus seulement au texte que doivent dire les personnages, mais aussi et surtout à tout ce qui se fait sur scène. Beckett va même jusqu'à indiquer les silences. Marque de son écriture théâtrale spécifique, le silence est l'élément qui contribue le plus à la rupture avec la tradition dramatique. [...]
[...] Les didascalies y contribuent. Il y a un écho avec ce que les personnages ne cessent de dire : quelque chose suit son cours, ça ne va pas vite Ils attendent la fin Ainsi, les gestes de Clov, ses va-et-vient constants pour répondre aux diverses demandes de Hamm dont figure de gesticulations, remplacent une action dramatique traditionnelle et témoignent des tentatives redondantes des personnages pour s'occuper en attendant que ça finisse. Surabondantes, les didascalies contribuent autant que les dialogues à l'écriture de l'œuvre non seulement en tant qu'œuvre de théâtre, puisqu'elles fixent bon nombre d'éléments ayant trait à la mise en scène sur le plateau, mais aussi en tant qu'œuvre littéraire, porteuse de sens : les didascalies contribuent à la mise en œuvre d'un univers particulier et sont partie prenante d'un bon nombre des grands effets de sens de l'œuvre. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture