Ayant perdu son père très tôt, Roland Barthes grandit auprès de sa mère et suit des études classiques. Attiré par les lettres et la philosophie, il découvre les œuvres de Marx, de Sartre et, plus tard, de Camus. Il en arrive alors à s'interroger sur le rôle et les signes de l'écriture littéraire au sein de la société (le Degré zéro de l'écriture, 1953). Alliant la psychanalyse à la linguistique et au structuralisme, il publie encore de nombreux essais, donnant naissance à une nouvelle forme de critique (Mythologie, 1957). Grand sémiologue, Roland Barthes est admis au Collège de France et y enseigne sa discipline jusqu'en 1980, date à laquelle il trouve la mort dans un accident de circulation.
[...] Effroi parce qu'il découvre quelle dupe il a été, mais aussi jubilation puisque, avec les écrits de Roland Barthes, il enlève le bandeau qu'il a sur les yeux et entraîne dorénavant son regard neuf. Ainsi, à l'aide de tous les exemples qu'il développe comme à travers l'analyse profonde qu'il en fait en deuxième partie, l'auteur s'attache à montrer combien la société est prisonnière de mythes aussi grossiers que dangereux, issus pour la plupart de la culture petite-bourgeoise dominante et hostile aux changements structurels qui pourraient intervenir. [...]
[...] C'est du fait de sa capacité à passer au travers de la carapace du mythe, sans cesse déposée sur les faits historiques et sociaux, que cet ouvrage est plus que jamais essentiel pour tenter de mieux appréhender les constructions mythologiques qui entourent notre vie, tous les jours un peu plus, et participent à la désinformation générale. De plus, la majeure partie de ces textes, pourtant écrits en réaction à l'actualité des années 1950, est plus que jamais pertinente au jour d'aujourd'hui. [...]
[...] S'il est d'ordinaire cinglant dans sa critique de la société petite- bourgeoise, Barthes aborde ce thème-ci avec plus d'indulgence, voire avec une forme d'intérêt proche de la fascination. Il semble ainsi montrer plus de tolérance à l'égard de ce qui apparaît comme de la culture dite “populaire Dans sa bouche, le combat de catch, tout comme l'étape du tour de France, est décrite comme une tragédie moderne, avec sa part symbolique plus ou moins assumée et consciente, à l'inverse du reste de la société qui occulte son aspect mythique. [...]
[...] A travers le catch, c'est le réel qui est mimé, une vision manichéenne et simpliste du réel, une vision mythique en quelque sorte. La salle où se déroule le combat devient alors un lieu de communion collective autour des symboles de la douleur, de la défaite et surtout, peut être, de la Justice. Ainsi, si dans le catch aux Etats-Unis le méchant est toujours communiste, en France il s'agit plutôt de constituer l'image d'un salaud parfait fourbe et mauvais, qui ne respecte les règles que quand elles lui sont favorables, et qui va être châtié comme il le mérite par le bon catcheur. [...]
[...] La représentation bourgeoise et la place des signes Au-delà du domaine purement politique, Roland Barthes démonte les mécanismes de l'art bourgeois, ou plus globalement de la représentation du réel, mystificateur par excellence. En effet, la plus grande partie des textes qui compose l'œuvre aborde la question de la représentation du réel, dans la vie comme dans la création artistique, et la phrase suivante résume mon sens– assez bien la pensée de l'auteur : [l'art bourgeois] est essentiellement signalétique, il n'a de cesse d'imposer non l'émotion, mais les signes de l'émotion Ainsi, qu'il s'agisse de création artistique revendiquées comme telles– ou de simples photos, portraits, descriptifs etc., la représentation bourgeoise sur-indique perpétuellement l'intention, sur-explique toujours, n'est autre qu'un ramassis de caricatures et de stéréotypes au premier degré. [...]
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