Historien américain reconnu de la Révolution française et né en 1945, Timothy Tackett est professeur d'histoire à l'Université de Californie, à Irvine. Le roi s'enfuit est un ouvrage publié en 2003 par Harvard Unversity Press, le titre original étant When The King took Flight. Néanmoins, les chapitres 6, 7 et 8 de ce livre (dans leur version primaire) ont été présentés avant cette date, à l'assemblée annuelle de la Society for French Historical Studies (mars 1999), au cours des séminaires d'André Burguière et de Patrice Gueniffey à l'EHESS (février 2001) et pendant la conférence internationale de l'Université de Maryland à propos de « La violence et la Révolution française » (octobre 2001). Traduit de l'américain par Alain Spiess, cet ouvrage est l'un des principaux travaux de l'auteur qui a aussi écrit Par la volonté du peuple : comment les députés de 1789 sont devenus révolutionnaires (paru en France aux éditions Albin Michel en 1997).
Le roi s'enfuit peut être assimilé á un « ouvrage-récit » : Michel Vovelle, dans la « Préface », parle même d'« histoire-récit ». L'auteur, en effet, pour évoquer le contexte de la Révolution française, le fait sous une forme narrative, citant correspondances, mémoires, témoignages et chroniques de l'époque afin de nous donner une image précise de l'esprit et de la mentalité générale en France dans cette période.
Le titre même du livre sous-entend son contenu : le fondement sur lequel tout s'appuie est l'événement du 21 juin 1791 pendant lequel Louis XVI, roi de France, tenta de s'enfuir avec sa famille de son royaume, critique qu'il était vis-à-vis des changements survenus depuis la Révolution. Ainsi, c'est par rapport à cet épisode que l'auteur cherche à nous montrer à quel point ce fut un moment fondamental, premier moment aussi important peut-être depuis la prise de la Bastille du 14 juillet 1789, et qui a constitué un tournant pour la mentalité française du XIXe siècle. Comme nous le précise Timothy Tackett dans l'« Avant-propos », la fuite du roi puis sa capture á Varennes ont eu non seulement un impact considérable sur la nation française et sa vision de la monarchie, mais elles ont aussi joué un rôle « dans le développement à plus long terme de la Révolution et en particulier dans l'apparition de la Terreur » deux ans après.
[...] FICHE DE LECTURE Timothy Tackett. Le roi s'enfuit. Paris : La Découverte Historien américain reconnu de la Révolution française et né en 1945, Timothy Tackett est professeur d'histoire à l'Université de Californie, à Irvine. Le roi s'enfuit est un ouvrage publié en 2003 par Harvard Unversity Press, le titre original étant When The King took Flight. Néanmoins, les chapitres et 8 de ce livre (dans leur version primaire) ont été présentés avant cette date, à l'assemblée annuelle de la Society for French Historical Studies (mars 1999), au cours des séminaires d'André Burguière et de Patrice Gueniffey à l'EHESS (février 2001) et pendant la conférence internationale de l'Université de Maryland à propos de La violence et la Révolution française (octobre 2001). [...]
[...] Ce qui frappe dans l'ouvrage, c'est que cette constitution progressive de la mentalité retrouvée dans la Terreur, ce processus en quelque sorte, n'était dus qu'á un seul homme, faible et indécis, dont la fuite a entraîné, á court et long terme, des implications imprévues et inattendues en 1789, implications ou plutôt prémisses de 1793-1794. Louis XVI, en consentant á l'une des plus grandes évasions de tous les temps a contribué indirectement á la Terreur, et a déclenché la montée progressive d'un esprit qui connut son apogée deux ans après. Comme l'affirme Tackett, la fuite royale, pour le meilleur ou pour le pire ouvrit à la nation une voie nouvelle et périlleuse vers l'avenir dont la Terreur fut un débouché. [...]
[...] Les autorités étaient imbues de bonne volonté et l'Assemblée nationale paraissait être le garant du fonctionnement des lois. La chutte de la monarchie constitutionnelle aurait pu donc, á la base, ne jamais arrivé. D'ailleurs, on sait que le roi était toujours aimé au début de la Révolution et que les citoyens croyaient qu'il appréciait les changements instaurés. Avant sa fuite, on ne lui reprochait peut-être que le fait de blâmer les mesures prises contre le clergé réfractaire qui ne voulait pas prêter serment á la Constitution et qui reçut l'interdiction d'exercer ses fonctions. [...]
[...] Une autre conséquence en Province de la fuite serait, comme à Paris, un changement dans les mentalités. Les lettres reçues par l'Assemblée de la part des autorités provinciales entre le 21 juin et la fin juillet 1791, montrent que le roi est largement critiqué : c'est un monarque barbare traître lâche Pour autant, même si des idées républicaines se manifestent (à Montpellier la majorité des Français ne veut pas abolir la monarchie. En 1791, on considère encore que le pays, trop grand et trop diversifié pour devenir une République, nécessite un pouvoir centralisé. [...]
[...] La capitale était, elle, encore plus scandalisée que le reste du royaume, surtout à cause d'agitations qui y avaient lieu avant la fuite. Ces dernières étaient entre autres dues à la création d'associations politiques radicales depuis 1789 (comme le Club des Cordeliers auquel appartenait Georges Danton), ayant des idées dénoncées par la monarchie ou encore aux grèves ouvrières de 1791 contre certaines lois (loi Le Chapelier . Ces phénomènes contribuèrent indirectement à l'hostilité des Parisiens : on détruisit les symboles de la royauté, des articles hostiles, des caricatures du roi-porc apparurent. [...]
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