Roger-Pol Droit, "L'Oubli de l'Inde : une amnésie philosophique", Deuxième partie

Résumé du document

J'ai fait le choix de faire une fiche de lecture sur la deuxième partie de L'Oubli de l'Inde car il me paraissait pertinent de comprendre pourquoi, aujourd'hui, il y a une telle ignorance des pensées et philosophies indiennes alors que l'enseignement dispensé en Inde comprend la philosophie occidentale. Sachant qu'en effet, dans l'histoire de la pensée européenne les philosophies et religions indiennes avaient eu un rôle important à un moment donné, j'étais curieuse de connaître les raisons qui ont amener cet oubli. Il était nécessaire pour moi, de comprendre pourquoi cette vision si différente du monde et si complémentaire de la vision occidentale, alors qu'elle fût connue à une époque, est maintenant dans l'obscurité. Ainsi se développe cette étude qui tente d'apporter des réponses. (...)

Extraits

[...] L'Inde de Schlegel ne va pas survivre longtemps telles que nous l'avons décrite ci-dessus. En effet, l'image, qui avait été faite d'elle, s'est étiolée par l'arrivée en Europe de traduction de texte sanskrit comme le Veda. Cependant, cette vision a eu une influence si grande dans le romantisme allemand qu'elle va résister encore un bon moment. On retrouve effectivement le mythe dans les écrits de Mazure, de Cousin, de Quinet, mais aussi près d'un demi siècle plus tard, on le retrouve chez Frédéric de Rougemont, et encore plus tard chez René Guénon. [...]

[...] Cela ajouté au fait qu'une grande entreprise de compréhension s'était mise en place pour le bouddhisme et cette dernière révélant une pensée par trop différente pour l'Europe qui n'a pu l'accepter, le divorce était prononcé. Les Occidentaux ont voulu faire payer les erreurs à l'Inde qui n'avait rien demandé. Cependant, heureusement pour nous certains penseurs sont allés à contre courant de cette mouvance et nous ont permis de découvrir les philosophies et pensées indiennes. En outre, il restait certains écrits excellents comme celui des abbés Salinis et Scorbiac. [...]

[...] [En effet, l'Inde] a été le foyer d'une vaste et longue lutte philosophique dont quelques monuments sont déjà entrés dans le domaine de la science européenne. Il est surprenant que malgré quelques inexactitudes et lacunes leurs écrits aient été si excellents. Mais aussi, de constater que les bacheliers de cette époque avaient sur l'Inde des connaissances bien plus étendues que des étudiants actuels. - Le Cours élémentaires de philosophie de l'abbé Barbe ou celui-ci dans un bref exposé consacre quelques lignes à Colebrooke, Anquetil- Duperron et aborde les thèmes de la tirmurti brahmaniste et les Veda, la Bhagavad-Gîtâ, le Vedânta - Charles Renouvier dans son Manuel de philosophie ancienne énonce Seuls les Indiens se présentent à nous, dans ce passé si reculé, comme une nation vraiment philosophique. [...]

[...] Par ailleurs, c'est à Schlegel qu'il appartient d'avoir imaginé l'Inde comme le site unique de la révélation originaire, d'avoir substitué le sanskrit à l'hébreu et la philosophie au souffle poétique. Avec lui, l'Inde n'est pas seulement à l'origine du tout, elle supérieure à tout intellectuellement, religieusement, politiquement . C'est à partir de ces idées sur l'Inde que les Allemands entrevoient une nouvelle renaissance ils espèrent que la connexion avec cet Orient va leur permettre de se régénérer. L'antiquité orientale pourrait, si nous consentons à l'approfondir, nous ramener plus sûrement à ce qui est divin (Sur la langue et la sagesse des Indiens). [...]

[...] Tous se retournent à nouveau vers la Grèce Antique et ses penseurs. La pensée bouddhique dénuée de noyau ontologique, de métaphysique a effrayé les Européens qui la décrive comme le fait par exemple Jules Barthélemy-Saint- Hilaire c'est-à-dire comme engendrant désespoir et despotisme, hébétude autodestructrice Toute cette attitude donne l'impression d'être revenu au Moyen Age sous l'inquisition chrétienne, les bouddhistes seraient les pécheurs et ils pourraient contaminer les esprits purs de l'Europe. Heureusement pour nous selon Barthélemy-Saint-Hilaire, la connaissance étant récente nous ne sommes pas contaminés ! [...]